Tassement de la flotte

Delta Dore 2008 dauphins
DR

Mercredi, aux abords du 7e degré de latitude nord, les leaders du Vendée Globe ont vécu un premier épisode de calmes. Voiles faseyantes et claquant dans une houle sans vent, douches tièdes sous les orages, de nombreux empannages et des changements de voiles ont été le lot de la nuit. Manque de chance, le pot au noir persiste aujourd´hui à leur faire des misères.

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Cette zone de conflit entre les deux alizés (hémisphère nord et sud) s´est en effet décalée dans le sud pour se placer à nouveau en travers de leur route. Conclusion : à la mi-journée, l´avant-garde de la course subissait un nouveau coup de frein.

Pétole, moiteur et guerre des nerfs

Vaillant leader depuis 8 jours, Loïck Peyron avait la voix fatiguée et la verve fataliste. A la vacation du jour, il avouait n´avoir aucune idée de l´issue de cette affaire, ne plus regarder les infos météo et tenter simplement d´avancer droit devant, cap au sud. Depuis ce matin, le skipper de Gitana Eighty avait en effet de quoi se faire des cheveux blancs. Dans son rétroviseur, se profile l´ombre de ses adversaires qui profitent de ses difficultés pour peaufiner leur trajectoire et avancer. De fait, ils sont désormais dix en 80 milles à se bagarrer comme des chiffonniers au prix de quelques litres de sueur. Car l´atmosphère est toujours aussi torride à 344 milles de l´équateur. Dans les habitacles de carbone, le thermomètre dépasse les 30 degrés tandis qu´un soleil cuisant inonde les cockpits, ce qui a valu à Dominique Wavre quelques vilains maux de crâne, tandis que Sam Davies se baladait sur le pont de Roxy en bikini. Dans ce contexte, les quelques grains pluvieux croisés dans le pot étaient accueillis comme des douches providentielles. Mais les conditions de navigation restent éreintantes, d´autant que ce pot au noir est en train de devenir le lieu d´un nouveau départ.

Au pointage de 16h00, Loïck Peyron, crédité d´une vitesse de 7 nœuds (contre 2,2 nœuds ce midi !), conservait certes une avance de 20 milles. Mais dans son tableau arrière, c´est la guerre entre Sébastien Josse (BT), Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), Vincent Riou (PRB), Armel Le Cléac´h (Brit Air), Yann Eliès (Generali), Mike Golding ( Ecover), Roland Jourdain (Veolia Environnement), Jérémie Beyou (Delta Dore) et enfin Jean Le Cam (VM Matériaux). D´après les données météo, tout ce petit monde pourrait entrevoir la porte de sortie dans la soirée et toucher cette nuit ou demain matin les premiers signes de l´alizés du sud-est. Mais dans quel ordre ? Peyron, lui, avait déjà sorti son génois…

116 milles de gagnés pour Foncia

En deuxième et troisième rideau, les bateaux de chasse assistent de loin à ce spectacle en applaudissant des deux mains. Crédités de vitesses parfois deux à trois fois supérieures à leurs prédécesseurs, ils sont les grands gagnants de ces dernières 48 heures. Onzième, Dominique Wavre (Temenos II) a récupéré une quarantaine de milles ; Marc Guillemot (Safran), émerveillé par le spectacle d´un groupe de gros mammifères marins, en a rattrapé 70. Enfin, Michel Desjoyeaux (Foncia) qui a passé sa nuit allongé dans le cockpit à admirer les étoiles, a quant à lui gagné 116 milles en 24 heures. Mais en navigateur prudent et expérimenté qu´il est, il estimait à raison qu´il était bien trop tôt pour se réjouir !

Meilleure progression…

Attribuée au dernier concurrent de la flotte, Jean Baptiste Dejeanty, qui cravache à la latitude de Gibraltar à 14 nœuds de moyenne. Le skipper de Maisonneuve a parcouru 337 milles entre les pointages de mercredi et jeudi 16 heures. Il est encore à 1875 milles de la tête de course.

Les voix du large

Dominique Wavre (Temenos), 11e à 191 milles des leaders :

« La nuit était compliquée. J´ai enchaîné 7 ou 8 empannages. Il commence à faire chaud. J´ai eu un petit mal de crâne à force de trop barrer en plein soleil. Il faut boire beaucoup d´eau, mouiller régulièrement la casquette. »

Jérémie Beyou (Delta Dore), 9e à 80,3 milles :

« Comme il fait très chaud, les manœuvres sont vite fatigantes. J´essaye de faire glisser (abattre vers le sud, ndlr) car j´ai vu au dernier pointage que Peyron était bien arrêté. J´essaye donc de ne pas trop me caler sur sa trajectoire. »

Samantha Davies (Roxy), 13e à 205,8 milles :

« J´ai dormi 5 heures d´affilée cette nuit car j´ai oublié de mettre le réveil. Maintenant, il fait chaud. Tout va bien, je suis en forme. J´ai croisé juste devant Brian Thompson ce matin. On s´est appelé lorsqu´on commençait à être proche pour faire attention à nos routes. »

Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), 3e à 23,7 milles

« Je suis entré dans le pot-au-noir ce matin avec une énorme pétole. Heureusement, j´ai bien dormi la nuit dernière. Il faut prendre son mal en patience. Mais quelle chaleur ! Chaque manœuvre occasionne des suées terribles. Je pense que ceux qui sont dans l´ouest dans le pot-au-noir comme Bilou jouent un bon coup. »

Sébastien Josse (BT), 2e à 21,8 milles

« Il fait chaud et il n´y a pas de vent. Tout comme on avait prévu… Pour l´instant, il n´y a rien du tout comme vent. On attend le nouveau vent. Il faut être vigilant, car le pot-au-noir, c´est aussi là où on peut casser le plus. Le bateau est chahuté de droite à gauche, les voiles claquent… »

Le mot du tour

Grain : coup de vent aussi fort que soudain qui peut durer plusieurs minutes et se dissiper aussi rapidement. Les grains se développent généralement dans des zones d´air instable, à l´image du pot au noir. Ils sont associés à des cumulus et peuvent générer de fortes pluies.

Les premiers au pointage de 16 heures le 20/11/08 :

1 Loïck Peyron (Gitana Eighty) à 21 024 milles de l´arrivée

2 Sébastien Josse (BT) à 21,8 milles du leader

3 Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) à 23,7 milles

4 Vincent Riou (PRB) à 29,5 milles

5 Armel Le Cléac´h (Brit Air) à 38,9 milles

Premiers étrangers :

7 Mike Golding (Ecover) à 55,1 milles

11 Dominique Wavre (Temenos II) à 191 milles

12 Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 193 milles

Hier, aux abords du 7e degré de latitude nord, les leaders du Vendée Globe ont vécu un premier épisode de calmes. Voiles faseyantes et claquant dans une houle sans vent, douches tièdes sous les orages, de nombreux empannages et des changements de voiles ont été le lot de la nuit. Manque de chance, le pot au noir persiste aujourd´hui à leur faire des misères.

Cette zone de conflit entre les deux alizés (hémisphère nord et sud) s´est en effet décalée dans le sud pour se placer à nouveau en travers de leur route. Conclusion : à la mi-journée, l´avant-garde de la course subissait un nouveau coup de frein.

Pétole, moiteur et guerre des nerfs

Vaillant leader depuis 8 jours, Loïck Peyron avait la voix fatiguée et la verve fataliste. A la vacation du jour, il avouait n´avoir aucune idée de l´issue de cette affaire, ne plus regarder les infos météo et tenter simplement d´avancer droit devant, cap au sud. Depuis ce matin, le skipper de Gitana Eighty avait en effet de quoi se faire des cheveux blancs. Dans son rétroviseur, se profile l´ombre de ses adversaires qui profitent de ses difficultés pour peaufiner leur trajectoire et avancer. De fait, ils sont désormais dix en 80 milles à se bagarrer comme des chiffonniers au prix de quelques litres de sueur. Car l´atmosphère est toujours aussi torride à 344 milles de l´équateur. Dans les habitacles de carbone, le thermomètre dépasse les 30 degrés tandis qu´un soleil cuisant inonde les cockpits, ce qui a valu à Dominique Wavre quelques vilains maux de crâne, tandis que Sam Davies se baladait sur le pont de Roxy en bikini. Dans ce contexte, les quelques grains pluvieux croisés dans le pot étaient accueillis comme des douches providentielles. Mais les conditions de navigation restent éreintantes, d´autant que ce pot au noir est en train de devenir le lieu d´un nouveau départ.

Au pointage de 16h00, Loïck Peyron, crédité d´une vitesse de 7 nœuds (contre 2,2 nœuds ce midi !), conservait certes une avance de 20 milles. Mais dans son tableau arrière, c´est la guerre entre Sébastien Josse (BT), Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), Vincent Riou (PRB), Armel Le Cléac´h (Brit Air), Yann Eliès (Generali), Mike Golding ( Ecover), Roland Jourdain (Veolia Environnement), Jérémie Beyou (Delta Dore) et enfin Jean Le Cam (VM Matériaux). D´après les données météo, tout ce petit monde pourrait entrevoir la porte de sortie dans la soirée et toucher cette nuit ou demain matin les premiers signes de l´alizés du sud-est. Mais dans quel ordre ? Peyron, lui, avait déjà sorti son génois…

116 milles de gagnés pour Foncia

En deuxième et troisième rideau, les bateaux de chasse assistent de loin à ce spectacle en applaudissant des deux mains. Crédités de vitesses parfois deux à trois fois supérieures à leurs prédécesseurs, ils sont les grands gagnants de ces dernières 48 heures. Onzième, Dominique Wavre (Temenos II) a récupéré une quarantaine de milles ; Marc Guillemot (Safran), émerveillé par le spectacle d´un groupe de gros mammifères marins, en a rattrapé 70. Enfin, Michel Desjoyeaux (Foncia) qui a passé sa nuit allongé dans le cockpit à admirer les étoiles, a quant à lui gagné 116 milles en 24 heures. Mais en navigateur prudent et expérimenté qu´il est, il estimait à raison qu´il était bien trop tôt pour se réjouir !

Meilleure progression…

Attribuée au dernier concurrent de la flotte, Jean Baptiste Dejeanty, qui cravache à la latitude de Gibraltar à 14 nœuds de moyenne. Le skipper de Maisonneuve a parcouru 337 milles entre les pointages de mercredi et jeudi 16 heures. Il est encore à 1875 milles de la tête de course.

Les voix du large

Dominique Wavre (Temenos), 11e à 191 milles des leaders :

« La nuit était compliquée. J´ai enchaîné 7 ou 8 empannages. Il commence à faire chaud. J´ai eu un petit mal de crâne à force de trop barrer en plein soleil. Il faut boire beaucoup d´eau, mouiller régulièrement la casquette. »

Jérémie Beyou (Delta Dore), 9e à 80,3 milles :

« Comme il fait très chaud, les manœuvres sont vite fatigantes. J´essaye de faire glisser (abattre vers le sud, ndlr) car j´ai vu au dernier pointage que Peyron était bien arrêté. J´essaye donc de ne pas trop me caler sur sa trajectoire. »

Samantha Davies (Roxy), 13e à 205,8 milles :

« J´ai dormi 5 heures d´affilée cette nuit car j´ai oublié de mettre le réveil. Maintenant, il fait chaud. Tout va bien, je suis en forme. J´ai croisé juste devant Brian Thompson ce matin. On s´est appelé lorsqu´on commençait à être proche pour faire attention à nos routes. »

Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac 2), 3e à 23,7 milles

« Je suis entré dans le pot-au-noir ce matin avec une énorme pétole. Heureusement, j´ai bien dormi la nuit dernière. Il faut prendre son mal en patience. Mais quelle chaleur ! Chaque manœuvre occasionne des suées terribles. Je pense que ceux qui sont dans l´ouest dans le pot-au-noir comme Bilou jouent un bon coup. »

Sébastien Josse (BT), 2e à 21,8 milles

« Il fait chaud et il n´y a pas de vent. Tout comme on avait prévu… Pour l´instant, il n´y a rien du tout comme vent. On attend le nouveau vent. Il faut être vigilant, car le pot-au-noir, c´est aussi là où on peut casser le plus. Le bateau est chahuté de droite à gauche, les voiles claquent… »

Le mot du tour

Grain : coup de vent aussi fort que soudain qui peut durer plusieurs minutes et se dissiper aussi rapidement. Les grains se développent généralement dans des zones d´air instable, à l´image du pot au noir. Ils sont associés à des cumulus et peuvent générer de fortes pluies.

Les premiers au pointage de 16 heures le 20/11/08 :

1 Loïck Peyron (Gitana Eighty) à 21 024 milles de l´arrivée

2 Sébastien Josse (BT) à 21,8 milles du leader

3 Jean Pierre Dick (Paprec-Virbac 2) à 23,7 milles

4 Vincent Riou (PRB) à 29,5 milles

5 Armel Le Cléac´h (Brit Air) à 38,9 milles

Premiers étrangers :

7 Mike Golding (Ecover) à 55,1 milles

11 Dominique Wavre (Temenos II) à 191 milles

12 Brian Thompson (Bahrain Team Pindar) à 193 milles