Sauve qui peut !

Financo transat AG2R
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Sauve qui peut ! Choix mûrement réfléchi ou réadaptation soudaine à l’évolution de la situation, la flotte a mis cap au sud. Mais c’est bien l’anticyclone qui se promène sur l’Atlantique qui sépare un camp de l’autre. Au premier rang des bataillons sudistes, Luc Poupon et Ronan Guérin (Solar Inox) espèrent encaisser les dividendes d’une stratégie engagée sans ambages dès le passage de la porte de Porto Santo : « On a pris une option sud dès Madère. Nous allons jusqu’au bout de notre décision. On ne manque de rien. Le premier bateau que l’on devrait croiser, devrait être Cercle Vert. » Même sérénité à bord de SNEF Cliptol Sport où Jean-Paul Mouren espère une arrivée groupée en baie de Gustavia, « pour le panache… Il y a un beau suspense. C’est un vaste jeu de Monopoly dans lequel on ne peut pas faire de pronostic. » On le voit, les tenants de l’option sud ont repris du poil de la bête. Jusqu’à Eric Péron sur Concarneau Saint-Barth qui, fort de son option radicale, se voit, pourquoi pas, finir en tête de cette Transat AG2R de tous les dangers.
 
Autre musique au nord…
Injoignable aujourd’hui, l’équipage de Financo, tel Ulysses Grant, continue de mener ses troupes avec pugnacité. Même si Erwan Tabarly à bord d’Athéma témoignait que la donne s’était sensiblement modifiée depuis quelques heures : «On a des vents d’ouest qui permettent de faire du sud–sud-ouest tribord amure. Il va falloir savoir où se positionner pour la suite des évènements. Nous sommes partis pour rester sur une option nord. Hier matin, nous avons fait notre choix. Maintenant, on doit s’y maintenir et trouver une porte de sortie sans trop perdre de terrain. La route est barrée un peu partout. » Avant d’ajouter, calme et fair-play, « pour l’instant, ce n’est pas la grande sérénité. Tout est incertain. On croit en notre option, mais nous avons tout de même quelques doutes». Les autres généraux du nord, de peur de voir se rééditer la tristement célèbre bataille de Frédéricksburg, optaient plutôt pour un silence radio des plus convenus.

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Salut dans la fuite
Et puis, il y a les autres : ceux qui, à l’instar de Cercle Vert, Suzuki Automobiles, Banque Populaire, Sopra Group ou Lenze, avaient anticipé les changements à venir. Ils ne sont pas, pour autant, sortis d’affaire : la ligne de démarcation matérialisée par une dorsale anticyclonique n’est pas des plus aisées à franchir et certains craignent d’y laisser des plumes. Notamment ceux qui partaient avec un handicap plus ou moins conséquent sur la tête de flotte. « Il faudrait que l’anticyclone arrive avant Noël. L’analyse n’est pas très simple. On quitte le nord. On s’en va ! Il y a une sorte de bombe qui a explosé en haut. On se barre au plus vite pour avoir du vent. On va continuer comme ça jusqu’à ce que les fichiers évoluent» : Bertrand Castelnerac, sur KPMG était bien conscient qu’il était temps de changer de stratégie même s’il reconnaissait avoir peur d’y venir un peu tard. Moins de réserve à bord de Banque Populaire où Nicolas Lunven dégageait une grande quiétude : « On est content d’être là où on est. Dimanche soir va être déterminant. On pourrait avoir un vent portant avec des alizés nous propulsant à Saint Barth’ ». Entre popote et marche du bateau, la vie semblait belle à bord de Banque Populaire.
Vérité d’un jour, mensonge du lendemain. Ce vendredi est optimiste pour les tenants de l’option sud. Mais gare ! Il serait étonnant que les nordistes acceptent sans broncher qu’un quarteron de rebelles tente de réécrire l’histoire.

Ils ont dit:

Bertrand Castelnerac, 10ème au classement de 17h
« Il faudrait que l’anticyclone arrive avant Noël. L’analyse n’est pas très simple. On quitte le nord. On s’en va ! Il y a une sorte de bombe qui a explosé en haut. On se barre au plus vite pour avoir du vent. On va continuer comme ça jusqu’à ce que les fichiers évoluent. Hier nous avons eu une réponse importante. Le fait d’être deux permet de mesurer les risques, d’avoir un dialogue, deux avis. C’est intéressant. Pour l’instant c’est le pilote qui bosse. Tout le monde se croise. Le jeu n’est pas encore fait. Il y aura un moment où nous commencerons à avoir des problèmes en terme de nourriture, de fringues propres … On fait attention à tout. Surtout au bateau ! »

Eric Péron, 22ème au classement de 17h
« On a passé une bonne nuit au taquet. Nous ne sommes pas mécontents d’être là où nous sommes. Après Madère, il y avait différentes possibilités. Si on choisissait l’option sud, il ne fallait pas le faire à moitié. Rien n’est perdu, même si au classement on parait loin. Cela fait 5 – 6 jours que nous ne mettons plus de cirés. J’ai passé la nuit en short. On est chanceux. C’est pour ça que nous avons choisi cette route. Miguel aime bien le chaud. Dans le sud il n’y a que des bateaux dont le nom commence par un « s ». Nous c’est « Saint Barthélemy », donc le sud. Les Bretons et les Anglais vont au nord. J’ai un Antillais à bord, donc on va au sud. Pour le moment nous n’avons pas d’ETA. On arrivera en tête mais je ne sais pas quel jour ! Solar Inox et SNEF sont dans la même option que nous. Ils ont traversé la bulle anticyclonique. Ca me chagrine un peu, car ils ont un petit avantage. Mais les gens de Saint Barth’ disent que notre arrivée va être du jamais vu. On a de la chance car notre projet a vraiment été soutenu. C’est un projet qui n’a pas eu encore d’équivalence dans ce milieu. L’investissement des deux collectivités est grandiose ! »

Luc Poupon, 18ème au classement de 17h
« On a pris une option sud dés les début à Madère. Nous allons jusqu’au bout de notre décision. On ne manque de rien. Il n’y a pas de soucis d’eau ou de carburant. Nous avons un peu de vent en ce moment et pensons toucher l’alizé demain. On prévoit d’arriver vers le 12 -13 à Saint Barth’. Ca dépendra des conditions de chacun. Le premier bateau que l’on devrait croiser sera Jean Le Cam sur Cercle Vert. Il ne faut pas oublier Jean-Paul Mouren qui n’est pas loin. J’espère que nous allons continuer comme ça jusqu’à la fin. Dans 48 heures nous en saurons beaucoup plus ! »