Sainte-Hélène, maîtresse du jeu

Virbac-Paprec Vendée Globe 2012
DR

L’anticyclone de Sainte-Hélène s’est solidement établi sur l’Atlantique Sud et c’est une route presque obligatoire que doivent emprunter les solitaires du Vendée Globe. Seuls quelques ajustements vont pouvoir permettre de faire la différence. Mais ces petits décalages peuvent avoir des conséquences majeures, comme l’a montré le duel entre François Gabart et Armel Le Cléac’h. Pour l’heure, le trio de tête sait qu’il n’y aura pas d’opportunité stratégique nouvelle avant le pot au noir. Il s’agit de prendre son mal en patience et de faire marcher la machine au mieux de son potentiel. Pour Alex Thomson (Hugo Boss), il va falloir aussi s’armer de patience et accepter de devoir tirer des bords contre le régime d’alizés. Le navigateur britannique pourrait se retrouver avec un déficit de près de vingt heures, quand sa route finira de converger avec celle de Jean-Pierre Dick, au large de Recife.

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Pour Jean Le Cam (SynerCiel) et Mike Golding (Gamesa), il va s’agir avant tout de tenir leurs positions. Sur une route médiane entre navigation orthodromique et tour de la paroisse pour aller frôler la bordure de Sainte-Hélène, ils sont dans une situation entre chèvre et chou qui devrait permettre à leurs poursuivants de revenir. Mais les deux devraient conserver néanmoins un avantage suffisant pour pouvoir gérer leur avantage, tout au moins dans l’Atlantique Sud. Au sein du trio Dominique Wavre (Mirabaud), Javier Sanso (ACCIONA 100% EcoPowered), Arnaud Boissières (AKENA Vérandas), la hiérarchie est bousculée au profit du navigateur espagnol. Dominique Wavre, qui contenait parfaitement ses adversaires jusque là, a été victime d’une panne brutale de son pilote automatique sanctionnée immédiatement par un départ en vrac et par quelques heures de remise en ordre du bateau. Dominique se trouve donc positionné sous le vent de ses adversaires, mais il pourrait être le premier à entrer dans la courbure de Sainte-Hélène et récupérer une partie des dividendes investis.

Presque tout droit

Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) navigue, quant à lui, à grande vitesse au nord des Malouines. Pour le navigateur suisse, il s’agit juste de profiter au maximum de son bateau pour le seul plaisir de naviguer. La confirmation par le jury de sa disqualification ne change plus grand-chose à la donne depuis son ravitaillement en gazole derrière le cap Horn. Pour Bernard, l’objectif est de parvenir de la plus belle des manières possibles aux Sables d’Olonne. Mais entre la volonté de préserver son bateau, l’envie de profiter à plein de son potentiel et l’aiguillon disparu de la compétition, Bernard est confronté à une drôle d’ambivalence des sentiments.

Dans le Pacifique, Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets), Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) et Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) font tous route vers le cap Horn. Aux prises avec des vents de secteur ouest, ils doivent enchaîner les empannages, quitte à donner à leur trace l’allure d’un oléoduc en parcours de montagne. Pour eux, l’attente se résume à un point en ligne de mire, un drôle de caillou à l’extrémité de la Terre de Feu.

PFB

Ils ont dit

François Gabart (MACIF) : « Niveau tactique, je suis dans le même fonctionnement depuis le début. J’essaye de prendre la trajectoire la plus rapide jusqu’aux Sables. Ça fait 3-4 jours maintenant que les choix sont faits, dorénavant c’est plus une question de vitesse que de stratégie. Les dés ont été jetés, il n’y a plus grand-chose à faire à part essayer d’aller le plus vite possible. Depuis le début, j’essaye de naviguer à mon rythme. Je pense avoir gardé plus ou moins le même depuis le golfe de Gascogne à l’aller. Même en approche de l’arrivée, je ne vais prendre aucun risque inconsidéré, à me fatiguer inutilement. Peut-être que j’accélèrerai dans les derniers « 100 mètres », mais pour l’instant je garde le même rythme depuis le début. »

Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) : « François a le vent avant moi donc c’est normal qu’il creuse son écart. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas en train de pêcher ! La météo est comme ça pour le moment. Je n’ai pas encore trop regardé ce qui est prévu dans l’ Atlantique Nord, pour l’instant je me concentre sur la vitesse du bateau. On s’en sort tant bien que mal, la route est claire, il n’y a pas trop d’option pour l’instant. Mais on est à fond, il reste encore pas mal de milles devant nous, tout peut arriver. »

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) : « L’alizé est bien là, ça y est. Il est assez fort, avec 20 nœuds. On est au près, on essaye de faire un peu de vitesse. Il va falloir faire pas mal de choses, dont continuer à regarder un peu le bateau. On va sortir la caisse à outil et essayer d’être vigilant. Même s’il ne reste que quelques semaines de course, l’aventure est loin, loin d’être finie. Chaque jour a son lot de découvertes à bord. Le podium est l’un de mes objectifs, bien sûr, avec Alex Thomson on va voir comment ça évolue. Je serai entre l’attaque pure sur les deux premiers – avec Armel davantage à ma portée – et l’aspect conservateur par rapport à derrière. »

Classement de 16h
 1         François Gabart Macif à 4275.8 nm
 2         Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 217.0 nm
 3         Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 520.3 nm
 4         Alex Thomson Hugo Boss à 535.4 nm
 5         Jean Le Cam SynerCiel à 1585.7 nm
 6         Mike  Golding Gamesa à 1707.6 nm
 7         Javier Sanso Acciona à 2020.8 nm
 8         Arnaud  Boissières Akena Verandas à 2029.0 nm
 9         Dominique Wavre Mirabaud à 2040.4 nm
 10       Bertrand de Broc Votre Nom autour du Monde à 3342.6 nm