C’est donc vers un tour du monde en 78 jours pile que s’achemine le jeune skipper de Macif (29 ans), décidément très impressionnant de talent et de sang-froid. Légèrement ralentis par un prolongement de dorsale, François Gabart et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) attaquent les derniers milles d’une giration à vitesse grand V. Les Sables d’Olonne ne sont désormais plus qu’à une journée de mer. Avec toujours 100 milles d’écart, François Gabart et Armel Le Cléac’h filent à respectivement 14 et 17 nœuds depuis cette dernière heure. Le leader a empanné cette nuit vers une heure du matin. Son fidèle poursuivant avait effectué la même manœuvre un peu plus tôt, dans la matinée d’hier (5h30 du matin). Les chances pour le skipper de Banque Populaire de reprendre la tête sont maintenant quasi inexistantes et liées à des facteurs autres que ceux de la stratégie météorologique. Car la situation est maintenant claire jusqu’à l’arrivée : vent de sud-sud-ouest fraîchissant jusqu’à 30 nœuds qui va basculer à l’ouest-nord-ouest (25 noeuds), impliquant pour les deux hommes un dernier empannage. C’est une course de vitesse dans une houle de plus 4 à 5 mètres, voire davantage, qui va conclure les dernières heures de ce sprint planétaire… Ne pas casser, assurer le coup, voilà donc bien l’obsession de ces dernières 24 heures.
Alex Thomson, prévenant troisième
A 130 milles dans le sud-ouest des Açores, Alex Thomson (Hugo Boss) a incurvé sa route pour se rapprocher de Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3), qu’il vient de doubler ce matin pour prendre la troisième place. Si le skipper niçois – privé de quille rappelons-le – est parvenu jusque-là a progresser sans trop d’encombres, les conditions météorologiques qui se durcissent actuellement, avec un flux de 25-30 nœuds de sud-ouest pourraient rendre les effets de cette avarie beaucoup plus compliqués à gérer. Le geste du skipper britannique est à saluer. Jean-Pierre Dick s’est donné jusqu’à demain dimanche pour prendre la décision de s’arrêter… ou pas.
Pendant ce temps Jean Le Cam (SynerCiel, 5e) et Mike Golding (Gamesa, 6e) glissent à une centaine de milles l’un de l’autre dans un alizé de nord-est d’une quinzaine de noeuds, après s’êtres extirpés des calmes du pot au noir. Le Suisse Dominique Wavre (Mirabaud) s’apprête, lui, à franchir l’équateur vers 10h ce samedi matin. Un passage synonyme de délivrance pour ce groupe de marins très expérimentés qui, de leurs propres aveux, n’avaient jamais traversé un Atlantique Sud aussi désagréable et compliqué. A 50 milles de l’île Fernando de Noronha, Arnaud Boissières (Akena Vérandas) poursuit sa remontée dans un vent d’est de 15 nœuds, à près de 3000 milles du leader, 120 milles devant l’Espagnol Javier Sanso (Acciona 100 % EcoPowered). Les deux marins devraient bénéficier de ce bon flux toute la journée. Après une très belle remontée de l’Atlantique Sud, Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) est maintenant freiné, au près dans un vent de nord-est qui l’empêche de faire route directe vers le nord. C’est le cas aussi pour Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur), 350 milles plus sud. Pour Alessandro Di Benedetto (Team Plastique, 12e à 4400 milles), la progression est encore plus difficile: face au vent dans un puissant flux de nord d’une trentaine de nœuds. Tous auront probablement une pensée pour François Gabart demain midi, à l’heure du rendez-vous avec la gloire.
Classement de 5h
1 François Gabart Macif à 567.7 nm
2 Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 104.2 nm
3 Alex Thomson Hugo Boss à 829.1 nm
4 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 832.5 nm
5 Jean Le Cam SynerCiel à 2369.3 nm
6 Mike Golding Gamesa à 2421.9 nm
7 Dominique Wavre Mirabaud à 2698.5 nm
8 Arnaud Boissières Akena Verandas à 2954.6 nm
9 Javier Sanso Acciona à 3074.0 nm
10 Bertrand de Broc Votre Nom autour du Monde à 3315.7 nm
11 Tanguy de Lamotte Initiatives cœur à 3656.2 nm
12 Alessandro Di Benedetto Team Plastique à 4467.0 nm