« Plus t’es Sud, plus tu vas vite »

SNEF CLIPTOL SPORT
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« La boussole, elle est con : elle indique le Nord alors que tout le monde préfère le Sud… » Cette phrase d’un humoriste ne fera certainement pas rire le petit groupe de bateaux qui mangent toujours leur pain noir dans les hauts du plan d’eau. Les classements de cette traversée de l’Atlantique, un peu comme la boussole, continuent pourtant de les mettre à l’honneur. Dans l’ordre et toujours pointés en tête par Argos, il faut jouer Financo, Athema et certainement Défi Mousquetaires. Coriaces et forts de leur petit matelas de milles d’avance, ils tiennent tête. Pour combien de temps encore ?

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Sur l’eau, l’histoire qui se trame depuis plusieurs jours commence à s’écrire. Indéniablement, les adeptes de la Longue Route, tous ceux qui sont allés pêcher l’alizé à des latitudes limites raisonnables, récoltent les fruits de leur option. Et de leur audace. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes par 16° Nord… Là, l’alizé souffle à plein régime pour gonfler les voiles et le moral des troupes. Le pétillant Marseillais, Jean-Paul Mouren, a de quoi se réjouir. Aux côtés de Laurent Pellecuer à bord de SNEF-Cliptol Sport, il n’a pas fini de faire des étincelles. Ce matin, à l’aube, les deux compères sont revenus en force : ils n’affichent plus que 10 milles de retard sur Cercle Vert. Le speedomètre coincé à 11-12 nœuds, ils ont surtout repris la coquette somme de 100 milles en 24 heures sur la tête de flotte. La recette de ce succès et de cette progression à haut rendement ? Ils vont presque deux fois plus vite que Financo & Co.
Même topo du côté de Concarneau-Saint Barth qui avale les milles avec l’appétit d’un ogre et n’a pas son pareil pour rattraper un retard accumulé au prix de son option radicale.

« Plus t’es Sud, plus tu vas vite », résume de son côté Thierry Chabagny à bord de Suzuki Automobiles. Il a tout dit. Dans les quartiers des 18° Nord, il progresse non loin de Cercle Vert à 9 nœuds environ. Si le marin-pilote du bord ne cache pas sa satisfaction d’avoir redémarré et repris du terrain sur les premiers au classement officiel, il ne fait pas mystère non plus de ses craintes au regard de son positionnement. Difficile en effet de contenir le retour des bateaux qui glissent et surfent à l’étage du dessous. Comme quoi tout est une histoire de latitude, une question d’attitude…

Ils ont dit…

KPMG – Bertrand Castelnérac – 7ème au classement de 5h
« On mange notre pain noir comme on dit ! On attend le vent, on espère que ce sera bientôt notre tour de filer avec ceux du Sud. Ça rentre, mais très doucement, on est donc un peu résigné. Cela fait plus de 24 heures que l’on est vraiment dans la pétole, et donc qu’on a du mal à avancer. C’est plus très drôle là ! On aimerait bien aller à St Barth quand même…. En plus les fichiers n’annoncent pas de bonnes nouvelles ce matin. Mais on y croit, on espère un décollage immédiat. Parce que si ça continue, on aura plus qu’à se mettre derrière le paquet du Sud et attendre d’arriver… Pour garder le moral, on essaie de relativiser et de se changer les idées. Ce qui nous fait tenir c’est que l’on espère encore décoller … »

SUZUKI AUTOMOBILES – Thierry Chabagny – 6ème au classement de 5h
« Depuis hier nous avons un peu redémarré. Actuellement on a du vent autour de 20 nœuds, ça glisse pas mal. On trouve ce qu’on attendait ici. Pour l’instant on est moins bien positionné que d’autres bateaux du Sud, mais c’est quand même rassurant de voir l’écart se resserrer avec le groupe du Nord. On ne joue plus le même jeu, on ne peut plus rien faire pour eux et réciproquement, nos systèmes météo sont complètement différents. Maintenant, nos adversaires directs sont les sept bateaux du Sud, c’est avec eux que l’on regarde les écarts de vitesse. Ce matin en l’occurrence, ce n’est pas terrible ! On souffre un peu car nous sommes les plus au Nord. Notre but reste de descendre encore plus Sud, mais le vent ne nous le permet pas, ou alors on risquerait de croiser derrière le groupe et de le payer cher. Donc pour le moment on profite des oscillations. Mais quoi qu’il en soit ça fait du bien, car avant-hier on surfait sur la dorsale et on avait peur qu’elle nous rattrape. Maintenant, on devrait avoir des alizés jusqu’à l’arrivée… »