Pieter Heerema nous donne des nouvelles

Celui qui s’est lancé un défi personnel avec un foiler flambant neuf vient de passer le Cap de Bonne Espérance et pointe à la 20e position de ce Vendée Globe.

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« Cela fait 4 semaines que je suis parti. C’est assez long, mais je suis encore loin de la moitié de la course ! Ce passage du Cap est mythique pour moi, découvert par un Néerlandais et accès officiel à l’Océan Indien. J’ai beaucoup de vent en ce moment et j’en aurai encore beaucoup dans le futur. L’avantage est que ça va plus vite, mais l’inconvénient est que la vie à bord est assez difficile. On n’est pas très à l’aise dans ces bateaux. Ils font des sauts de cabri sur des vagues aussi grandes que des montagnes.
Depuis le lever du soleil, j’ai travaillé comme si le diable était sur mon dos! J’ai passé beaucoup de temps sur le pont, à travailler sur la fixation du gib-top. Il y avait du jeu et la drisse ne tenait pas. Ce n’est pas une tâche facile, allongé sur le ventre, à l’étrave, avec le bateau qui bouge beaucoup à l’arrêt et l’eau qui passe sur le pont… et sur le skipper tout équipé de ses cirés, ses outils etc!

Tout a été refixé et à quelques centimètres des marques d’origine donc je suis très fier en effet ! Il semble que ce sera encore venté pendant plusieurs jours, donc j’ai continué ma liste de choses à faire : comme resserrer l’amure du J3, éponger le compartiment avant du bateau, stocker les déchets loin de la cabine à l’avant… j’ai aussi ouvert la boite du foil et la réparation tient bien. Ensuite, j’ai nettoyé et séché le bateau : à faire des allers-retours à l’extérieur cela amène beaucoup de sel à l’intérieur du bateau et je devais tout rincer, les outils, les pièces de rechange, les bouts… afin d’éviter de nouveaux problèmes.

Enfin, après tout cela, j’ai repris la barre, j’ai regardé où j’étais et où je voulais aller en fonction de la météo. C’est seulement à ce moment que j’ai découvert que j’avais passé la longitude du cap de Bonne-Espérance et que je suis maintenant dans l’océan Indien! Je n’ai donc aucun sentiment particulier, sauf celui d’être fier de tout ce que j’ai fait depuis un mois.

Donc, oui, je suis content, l’Atlantique a pris beaucoup de temps. Je suis un peu triste d’avoir cédé de nombreux milles à Alan et Enda pendant toutes ces réparations (safrans et foil), mais c’est comme ça ! Le plus important pour moi était de les effectuer avant d’entrer dans l’Océan Indien. Le vent va continuer à souffler dans les prochains jours. Rien de spectaculaire mais il était important de tout réparer avant. Personnellement je me sens bien ! »

Enfin, Sinterklaas (une tradition en Hollande les 5 et 6 décembre) était super. Traditionnellement, nous jouons des tours aux uns et aux autres, et le mien a fonctionné parfaitement, presque trop parfait ! Mais c’est une autre histoire. Maintenant, je vais faire une offre légèrement tardive au roi Neptune pour le passage du Cap, et on continue !

Retour sur le mois de course de Pieter Heerema par Antoine Mermod, directeur technique du projet.
« Le Cap de Bonne Espérance est une zone délicate à la navigation avec une confluence des courants et des vents. Fidèle à lui-même, Pieter Heerema a passé Bonne Espérance en toute prudence, n’hésitant pas à lever le pied pour laisser passer un front où le vent soufflait à 45 nœuds et une mer avec 3 mètres de creux.

Cela fait maintenant un mois que Pieter a quitté les Sables d’Olonne et nous sommes ravis de le voir toujours en course. Tous le savent, le Vendée Globe est une épreuve difficile sur laquelle les abandons sont fréquents. Ces derniers jours n’ont malheureusement pas dérogé à la règle. Donc voir Pieter, un bizuth, toujours en course, est un point très positif. D’autant plus que son objectif est de boucler le Tour du monde. C’est la première fois qu’il navigue aussi longtemps en solitaire. En un mois, il a du affronter ses premières tempêtes et composer avec une météo compliquée, notamment au passage de l’anticyclone de St Hélène. Ces trente premiers jours ont été extrêmement riches au niveau des situations météorologiques rencontrées et Pieter a su y faire face avec ses compétences et son expérience. Il a beaucoup progressé en peu de temps, il a pris confiance en lui et en son bateau.

L’état général de No Way Back est d’ailleurs bon même si Pieter a rencontré quelques soucis. Un problème de hook de safran et la casse d’un point de fixation de relevage de foil ont mobilisé son énergie plusieurs jours ainsi que d’autres incidents mineurs. Et là encore, Pieter a su faire face afin d’analyser le problème, le réparer puis repartir en course.

On le savait avant le départ, Pieter est quelqu’un de déterminé, qui ne baisse pas les bras facilement et il le prouve en résolvant les problèmes les uns après les autres et en allant de l’avant. Comme le rappelle le nom de son bateau No Way Back, ce premier mois en mer ne l’a en rien détourné de son envie d’aller jusqu’au bout. »