Manuel Cousin qui se trouve à 700 mn à l’ouest du Cap Vert et navigue au près dans un vent très soutenu et une mer formée a alerté la direction de course que la tige du vérin de quille de Groupe Sétin s’est sectionnée. Pour l’instant, Manuel Cousin, en contact permanent avec son équipe à terre, essaie de sécuriser le bateau. Il faudra ensuite qu’il mette en place les axes de secours permettant de bloquer la quille.
Vendée Globe. Avarie de quille pour Manuel Cousin sur Groupe Setin

Vendée Globe. Arrivée de Romain Attanasio

Romain Attanasio a franchi la ligne d’arrivée samedi 6 février à 17 heures 06 minutes après 90 jours, 02 heures 46 minutes de course. Le conjoint de Sam Davies, boucle son 2e Vendée Globe d’affilée à la 14e place.
Après un premier tour du monde bouclé il y a quatre ans à la 15e place, Romain Attanasio le savait : « Un Vendée Globe, c’est 80% de galères et 20% de dingue ». C’est dans cette recette qu’il faut savoir trouver son compte. Romain semble l’avoir trouvé et s’être épanoui dans une course qu’il nous a fait vivre jour après jour avec beaucoup d’humour, tournant en dérision et relativisant constamment ses mille problèmes du quotidien, comme pour nous dire : « j’ai choisi d’être ici. C’est intense, c’est difficile mais j’assume pleinement ».
« Mon objectif ? D’abord finir. Et si possible dans la première moitié, avant la 15e place, ce serait bien » avait déclaré Romain avant de prendre le départ, à 43 ans, de son deuxième tour du monde en solitaire sans escale. Mission accomplie, avec cette 14e place, à bord d’un bateau vieux de 13 ans, un plan Farr qui a énormément bourlingué autour de la planète – ex-Gitana Eighty de Loïck Peyron, ex-Synerciel de Jean le Cam, ex-Newrest-Matmut avec lequel Fabrice Amedeo avait conclu l’édition 2016 à la 11e place -.
L’entame de course a douché ses espérances de taquiner le top 10, une première rafale de problèmes techniques l’ayant empêché de se glisser dans le peloton de chasseurs qui a ensuite profité des schémas météo les plus compatissants pour revenir sur les leaders.
Le 14 novembre, donc, peu après le contournement de la dépression tropicale Thêta, le skipper de Pure – Best Western s’attaque à son système de barre, qui connaît du jeu et l’envoie deux fois à l’abattée, la veille, dans des conditions tempétueuses. Dans l’élan, un hook de J2 (un point d’accroche de la voile d’avant sans doute la plus utilisée sur ce tour du monde) et une drisse cassée perturbent sa descente vers le Sud. Et puis le chariot de tête de grand-voile se met à lui causer du tracas également : Romain ne peut plus ariser sa grand-voile comme il le souhaite. S’ensuivra, le 18 novembre, une réparation qui durera 11 heures, avec notamment une montée en tête de mât dont il sortira à demi-traumatisé, mâchoire bloquée par le stress. Il y perd trois places et un nombre imposant de milles sur le peloton de chasseurs.
La suite de sa course va se résumer à un très long duo avec Clarisse Crémer, sa compagne de route pendant toute la traversée du Grand Sud. Un pas de deux qui se transforme en ménage à trois dans le Pacifique lorsque le couple se fait déborder par Armel Tripon. Ralenti après le passage du cap Horn, alors qu’il emprunte le détroit de Le Maire, Romain se retrouve seul pendant toute la remontée de l’Atlantique Sud avant de se faire rattraper, cette fois par Jérémie Beyou, avec qui il va naviguer de conserve jusqu’à l’arrivée.
À défaut de jouer la tête, Romain continue de jouer de la tête. Et le skipper de PURE – Best Western partage son épopée avec une bonne humeur et une spontanéité enthousiasmantes. Comme celle de sa montée au mât, la vidéo de sa visite de sa « chambre d’hôtel » ou de son Noël, entre autres, marqueront ce Vendée Globe. Skipper, acteur, commentateur, Romain a plaisir à être en mer. Il partage et fédère. Il parvient même à se montrer rassurant quand, le 13 janvier dans une dépression, il tombe sur un winch, se casse au moins une côte et tombe dans les pommes. « Rien de grave, ça m’arrive souvent ! » Sa blessure ne l’empêchera pas de tenir un temps la dragée haute à Charal dans les dernières centaines de milles. Son arrivée, ce samedi, consacrera une 14e place bien méritée.
Vendée Globe. Arrivée de Jérémie Beyou Charal aux Sables d’Olonne

Jérémie Beyou a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne à la 13e place ce samedi matin à 9h15 après 89 jours 18 heures 55 minutes de course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Reparti après une avarie sur son bateau, il aura lutté pour boucler son tour du monde.
C’est un combat intérieur qu’a dû livrer Jérémie Beyou pour son 4e Vendée Globe. Toutes les cases étaient cochées pour faire de sa campagne 2020 un projet gagnant : une équipe structurée, bateau de dernière génération conçu et construit avant les autres (mise à l’eau en août 2018) qui a bénéficié de deux années de mise au point et de deux saisons de courses, marquées par un podium sur la Transat Jacques Vabre et une victoire dans la Vendée Arctique Les Sables d’Olonne. À 44 ans, le triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, déjà sur la troisième 3e marche du podium lors de sa dernière participation au Vendée Globe, visait en toute logique une victoire. Mais des avaries techniques en ont décidé autrement.
Le 11 novembre (trois jours après le départ), au grand large du cap Finisterre, et après plusieurs classements en tête, Jérémie annonce qu’il fait demi-tour. Il rentre au port des Sables d’Olonne pour réparer, entre autres, une bastaque tribord cassée et un safran endommagé. Le règlement lui en laisse le droit. Il a jusqu’au 18 novembre 14h20 pour repartir en course. « Ce qui est dur, c’est la décision de faire demi-tour. Tu sais que tu es forcé de renoncer à ce sur quoi tu t’es concentré pendant quatre ans de préparation. (…) déclarait un Jérémie défait à son arrivée au ponton de Port Olona. Maintenant, revoir tout le monde ici, ça remet une grosse dose d’émotion et ce n’est pas facile à gérer. Tu aimerais être partout sauf là ». Dès l’amarrage du bateau noir dans le port vendéen le 14, son équipe se met au travail, de jour comme de nuit. Entre autres dégâts, il faut aussi réparer une cloison de barre d’écoute endommagée. Mission accomplie, puisque le 17 novembre à 17h10, Charal franchit la ligne de départ pour la deuxième fois, alors que la flotte est dans son 9e jour de mer et que le leader HUGO BOSS est sur le point de franchir l’équateur !
Pour Jérémie, c’est une autre course qui commence. Une course faite de petites victoires quotidiennes, que le compétiteur doit désormais apprendre à apprécier. Il lui faut : 1 / se faire une raison 2/ trouver de nouveaux objectifs 3/ les assumer 4/ retrouver l’appétit, le sommeil et le sourire. « Je découvre une facette de mon sport que je ne connaissais pas » révèle t-il.
Pendant presque un mois, il va naviguer totalement seul, à la poursuite de la queue de flotte. Très mal servi par la météo en Atlantique Sud, il fait néanmoins la jonction début décembre et dépasse son premier concurrent (Stark) le 11, avant le franchissement du cap de Bonne Espérance. Aux portes du Grand Sud, le skipper de Charal n’est pas mécontent d’être à nouveau entouré par ses pairs. Le naufrage de Kevin Escoffier a jeté un froid et chacun prend désormais conscience de l’importance de naviguer groupé dans le long désert liquide des mers australes, où les concurrents alentours sont finalement les meilleurs anges gardiens.
Dans l’océan Indien, Jérémie confie : « j’essaie vraiment de ne pas trop charger le bateau et d’être un peu plus en glisse qu’en force. Mon seul objectif est de passer le cap Horn avec un bateau en bon état ». Alors il ne force pas. N’atteint jamais des vitesses supersoniques. Ce qui ne l’empêche pas de doubler un à un ses prédécesseurs, jusqu’à gagner 7 places.
À l’entrée du Pacifique, il rattrape le groupe suivant et passe le cap Horn en 17e position en compagnie d’Arnaud Boissières et Alan Roura qu’il finira par déborder au large de l’Argentine. Au passage, il avoue aussi découvrir un autre aspect de sa situation à l’arrière de la flotte : le plaisir de discuter plus légèrement et plus librement avec ses compagnons de voyage, chose presque impossible lorsqu’on se bagarre à couteaux tirés pour la victoire avec la tête de course.
Il revient progressivement à la hauteur de Romain Attanasio, lequel s’englue de très longues heures dans le pot au noir. Les deux hommes vont naviguer de conserve pendant toute la remontée de l’Atlantique Nord. Ils passent ensemble à l’intérieur de l’archipel des Açores alors qu’ils se font secouer dans une grosse dépression. Et terminent l’un derrière l’autre, jusqu’à l’arrivée, discutant et se réconfortant par messagerie interposée.
Reparti 32e, soit bon dernier (Nicolas Troussel avait déjà abandonné) plus de neuf jours derrière ses congénères, Jérémie a réussi un exploit qui ne figurait pas dans la liste de ses objectifs : terminer ce 9e Vendée Globe en milieu de flotte, après avoir proprement 13 bateaux ! Il a aussi relevé un autre challenge, mental celui-ci : il est allé au bout du voyage, même lorsque sa quête victoire – son carburant, sa motivation, sa raison d’être là -, est devenue impossible.
« Un jour, j’aimerais bien gagner cette course. Si ce n’est pas cette fois-ci, ce sera une autre fois » confessait-il avant le départ. Alors oui, ce sera pour une autre fois ! Rendez-vous dans quatre ans.
Vendée Globe. Isabelle Joschke est repartie hors course
Isabelle Joschke et son IMOCA MACSF ont repris la mer vendredi 5 février à midi après 10 jours de réparations à Salvador de Bahia. La navigatrice entend boucler son tour du monde hors course et rejoindre Sam Davies pour finir avec elle.
La navigation test en équipage a permis de valider les travaux effectués sur le bateau durant plus de 12 jours à Salvador de Bahia, autorisant la skipper à larguer les amarres. Une escale technique pour réparer les vérins de quille de son bateau MACSF, avaries qui l’avaient contrainte à l’abandon le 9 janvier. Isabelle a mis le cap en direction des Sables d’Olonne afin de boucler son tour du monde en solitaire. Elle effectuera la fin du parcours bord à bord avec Sam Davies et son Initiatives Coeur. Très complices, les deux navigatrices ont prévu de se retrouver à Fernando de Noronha (archipel brésilien) pour boucler ensemble leur Vendée Globe. Elles y sont attendues entre le 19 et le 20 février.
“Je suis tellement contente de partir. Pour moi, c’est vraiment une chance et une belle opportunité de pouvoir reprendre la mer. C’est aussi un grand soulagement : le principe du Vendée Globe est de partir des Sables d’Olonne et d’y revenir pour boucler le tour du monde. Et même si on n’est pas en mesure de cocher toutes les cases, il est important, lorsqu’on vit une aventure et que l’on raconte une histoire, d’y mettre un point final“
« On a fait une sortie avant que je parte pour vérifier que tout fonctionnait bien au niveau de la quille et que les principaux travaux donnaient entière satisfaction. Le bateau va repartir mais pas avec 100% de son potentiel. Je ne pourrais quiller qu’à moitié. Je pars en sécurité, le bateau est safe, il faut juste que je prenne soin de lui et que je lève le pied »
Vendée Globe. Clarisse : “L’accueil a été incroyable !”

Clarisse Crémer remonté le chenal des Sables avec un public nombreux venu l’accueillir. Un moment vécu intensément par Clarisse avant d’arriver aux pontons retrouver ses proches et son équipe puis d’aller en conférence de presse.
“Je suis hyper heureuse d’être ici. C’est un gros soulagement, on était stressé jusqu’au bout. Je suis contente d’avoir réussi et de retrouver mon équipe. Cet accueil est incroyable, j’hallucine !
J’ai vachement appris pendant cette course, ça donne presque envie de repartir avec ce bateau-là, maintenant que j’ai appris plein de choses dessus. Je me rends compte qu’au début du Vendée Globe je ne savais pas bien m’en servir et j’ai découvert la bête au fur et à mesure. C’est sympa d’être plus à l’aise sur sa machine. Le temps de préparation était un peu court, je l’ai senti la première semaine ou j’étais un peu intimidée sur tout ce qu’il y avait à faire.

Je pense que j’en ai moins bavé que d’autres en termes de problèmes techniques. J’ai la chance d’avoir une équipe de dingue et un bateau très bien préparé. C’était aussi un parti pris depuis le début de faire très attention à mon bateau. J’ai parfois regretté de ne pas avoir assez tiré sur la machine, mais l’objectif était de finir. J’en ai donc bavé, surtout du point de vue de la fatigue et la sensation de sans cesse avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en me demandant quand allait arriver le prochain pépin. A partir du moment où j’ai arrêté d’y penser, ça allait mieux. “
Conférence de presse
À propos de ses sentiments à l’arrivée
“Je suis un petit peu perdue, ça fait beaucoup de choses quand on vient de passer trois mois seule sur un bateau autour du monde. C’est beaucoup de soulagement surtout car pendant tout ce temps, on vit avec la peur que quelque chose nous empêche de finir notre objectif donc quand on réussit, ça fait un coup de pression en moins.
“Et puis ce chenal ! Je suis encore sous le choc”
Fierté ? Je ne sais pas si c’est le bon mot. Mais je suis fière d’avoir réussi à emmener mon bateau au bout de la course… Quand je suis partie sur l’eau, je ne savais pas tout faire à bord. C’est un sentiment agréable de sentir qu’on maîtrise mieux son sujet, son bateau, je suis dans un état de fascination avec ces bateaux. Le truc, dans 40 nœuds dans le golfe de la Gascogne, ça passe. Les bateaux tiennent, ils sont fait pour faire ce tour du monde…
Le record (féminin autour du monde en solitaire en IMOCA), on est tous d’accord pour dire que c’était il y a 20 ans, ce sont des éditions très différentes, des bateaux différents. La durée du Vendée Globe n’est pas représentative de l’intensité de la course et de ce que les marins ont fait dessus. C’est quelque chose d’amusant de se dire qu’on est la femme la plus rapide autour du monde en solitaire et en IMOCA, mais ça sarrête là. Par contre recevoir un message d’Ellen MacArthur, c’est la classe.
Le point commun entre une aventure entrepreneuriale et le Vendée Globe : ce sont des aventures qui demandent beaucoup d’énergie, à croire en quelque chose qu’on ne connaît pas du tout, qui demande de se lancer sans connaître tous les paramètres. Ça demande du travail et de l’énergie.

“Etre la première femme , ce n’est pas ce qui importe”
Mon but était de terminer le Vendée Globe en naviguant bien, en étant en mode course et pas en promenade de santé. Le fait d’être première femme, c’est chouette, c’est une cerise sur le gâteau car on est peu nombreuses, ça met en valeur les projets. Mais sur l’eau, il n’y a pas de différence entre le fait d’être une femme ou un homme. `Ce n’est pas ça qui détermine notre façon de naviguer ou notre façon d’appréhender la course. Je pense à toutes les femmes qui sont sur cette édition, à celles qui étaient devant et qui n’ont pas eu de chance. Le Vendée Globe, ce n’est pas qu’une course, c’est aussi boucler un tour du monde en solitaire à la voile et ce n’est pas rien.

“J’ai apprécié la lumière”
C’est bien le Vendée Globe parce qu’on ne voit que de l’eau… La planète n’est pas si grande que ça, j’ai réussi à faire le tour en 3 mois. A la fin, on se sent perdu au milieu de nulle part. On se rend compte à quel point la nature est énorme, puissante, sublime et qu’elle peut nous écraser. J’ai quand même vu des déchets jusqu’au milieu du Pacifique ou de l’Atlantique, une bouteille vide, un baril de pétrole, etc. Tu ne vois aucun signe de civilisation à part ça.. Même au milieu de nulle part, il y a des signes de notre présence pas très positive sur terre. Par contre, j’ai apprécié la lumière. “Que la lumière est belle” comme disait ma grand-mère tous les jours. Même dans les moments de détresse psychologique, le spectacle de la lumière m’a portée.
“Une épée de Damoclès pendant 3 mois”
Je pense que le moment où je me suis sentie en danger, c’est quand Kevin a eu son gros souci. Quand on se lance sur un projet Vendée Globe, il y a une petite part de déni, on est livré à nous-même pour se sortir de beaucoup de situations. Quand il y a eu le naufrage, on se rend compte que tout peut basculer. A ce moment-là, je me suis rendue compte que ce n’était pas une blague, qu’on était seul au milieu de nulle part, donc il faut faire attention.
Il faut garder en tête que, pendant 3 mois, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Savoir que mon bateau était solide, ça me rassurait. Dans le Pacifique, j’ai ralenti, quand je me suis rapprochée des vents forts, la mer était de face, ça tapait d’une grande force, c’était impressionnant. Dans ces moments-là, j’étais contente d’avoir un bateau fiable et bien préparé par l’équipe de Banque Populaire.
“Le bateau, je le connais par coeur”
Mon objectif était de terminer. La voile est un sport de compromis. La première semaine a été très dure pour moi, ça a été le compromis. J’ai un gros esprit de compétition, c’était un crève-cœur de ne pas réussir à suivre le rythme qu’on s’était fixé avant le départ. J’ai décidé de faire un contour énorme de la dépression tropicale Thêta. J’ai passé toute la course à penser à “si j’avais foncé dans le tas?”. Finalement j’ai beaucoup fait la course avec mes routages et mes polaires. J’ai fait un peu à ma sauce. Le côté compétition est important et rajoute une grosse part d’intérêt au global.
J’aimerais repartir avec le même bateau, car maintenant je le connais par coeur. Je n’ai pas pu m’empêcher de réfléchir à ce que j’aurais pu faire de mieux à chaque fois. C’était génial ! Au départ, je ne peux pas dire que j’étais en osmose avec mon bateau, il m’impressionnait. Et puis je me suis habituée, j’ai pris mes repères. Pour la prochaine fois, j’aimerais bien en apprendre plus sur la façon dont il est construit. C’est génial d’être un pilote mais sur un Vendée Globe, il faut aussi avoir un bon bagage technique.”
Vendée Globe. Arrivée de Clarisse aux Sables

Clarisse Crémer a terminé son Vendée Globe après 87 jours de mer en franchissant ce mercredi la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne à la 12e place. Un bel exploit pour celle qui a débuté la course au large il y a 5 ans. Elle est la première femme de cette édition à finir.
À 31 ans, Clarisse s’offre la 12e place de cette édition et devient la femme la plus rapide du Vendée Globe, dépassant le record d’Ellen MacArthur (94 jours et 4 heures en 2000-2001) et faisant mieux que Samantha Davies (95 jours et 4 heures en 2012-2013). La navigatrice de Banque Populaire X, avec sa bonne humeur communicative et sa capacité à ne rien lâcher, s’inscrit ainsi avec panache dans l’histoire de la plus prestigieuse des courses au large.
Qu’est-ce qui lui passait par la tête, le 8 novembre dernier, quand elle a descendu seule les pontons, à saluer la haie d’honneur formée par les autres équipes avant de s’apprêter à disputer son premier tour du monde ? Clarisse Crémer affichait un large sourire et débordait d’enthousiasme, mais tout s’entremêlait, comme une sensation de vertige. Pourtant, la trentenaire n’est pas le genre de personnalité à entreprendre à moitié. Elle l’a montré durant ses études (HEC), en créant une start-up puis en décidant de tout quitter pour mieux se retrouver, en Bretagne aux côtés de son compagnon devenu mari, Tanguy Le Turquais.
« Cette opportunité, c’est aussi une responsabilité »
C’est Tanguy qui lui fait découvrir le goût du large. C’est à ses côtés qu’elle se prend à rêver d’une transatlantique en voyant les regards chargés d’histoires et d’anecdotes de ces téméraires qui s’élancent sur la Mini-Transat. Elle s’y engage à son tour en 2017, découvre les joies de mener seule son bateau au milieu de nulle part, voit que ça marche (2e) et se lance en Figaro. Banque Populaire lui propose alors de mener le projet IMOCA. Elle parle d’une « occasion en or », mais ne balaie pas les questions sur sa légitimité. « Je sais que d’autres skippers auraient pu avoir ma place. Cette opportunité, c’est aussi une responsabilité ».
Et c’est ce qui l’accompagne tout au long de son apprentissage express, d’abord aux côtés d’Armel Le Cléac’h (6e de la Transat Jacques Vabre) puis en solitaire, le temps d’un convoyage et de la Vendée Arctique Les Sables (12e). Ensuite, place au Vendée Globe, à la découverte du grand monde et d’une descente de l’Atlantique qui ne lui pardonne rien. Les fronts à répétition, la dépression tropicale Thêta, les quelques travaux à faire à bord (notamment l’hydrogénérateur arraché)… Tout s’accumule, la fatigue s’y ajoute et les doutes rongent. Une nuit, Clarisse écrit : « J’ai peur, je flippe grave. Je sais que chaque coup de vent hypothèque un peu la santé de mon bateau ». Elle n’hésite pas à parler de ses « petits coups de moins bien ».
L’impression « d’avoir gagné mes galons de navigatrice »
Mais les mots ne disent pas tout. Car Clarisse s’accroche, se bat, puisant en elle la force de caractère dont elle a fait preuve en Mini et en Figaro. « Je n’ai jamais eu envie d’abandonner », confiait-elle récemment. J’ai appris à éteindre mon cerveau, à continuer à avancer, à m’alimenter, à dormir, à me ménager ». Son caractère de battante a trouvé un sacré terrain de jeu. Les mers du Sud, les dépressions qui s’enchaînent, la zone d’exclusion des glaces à longer et, pour finir avec le Pacifique qui n’en a que le nom, des creux de plus de 7 mètres et des rafales dépassant les 40 nœuds.
À l’issue d’une énième bataille face aux colères de Neptune et d’Eole, Banque Populaire X a franchi le cap Horn. Ce rocher sombre qui découpe la mer offre « un moment d’émerveillement », l’impression « d’avoir gagné mes galons de navigatrice » et le soulagement « d’y être parvenue sans être découragée ». Le bateau n’est plus à apprivoiser et Clarisse en parle « comme de son meilleur ami ». Avec lui, elle parvient à distancer durablement Alan Roura (La Fabrique), à réaliser un long bout de chemin avec Romain Attanasio (PURE-Best Western Hotels & Resort) et à résister jusqu’à la semaine dernière au retour du foiler d’Armel Tripon (L’Occitane en Provence).
La remontée de l’Atlantique oblige encore à surmonter quelques tracas : deux montées au mât pour une réparation de J2, un pot-au-noir un peu récalcitrant et les dépressions qui s’amoncellent à proximité des côtes de l’Europe. L’arrivée a valeur de libération et souligne aussi une ambition nouvelle, une volonté tenace de ne pas s’arrêter là. « Si je pouvais repartir tout de suite pour un tour du monde, je le ferais », a-t-elle confié il y a quelques jours, comme une envie irrépressible de se jeter à nouveau dans ce tourbillon d’émotions.
Vendée Globe. Arrivée mercredi matin pour Clarisse Crémer

Clarisse se trouve ce mardi matin à 250 mn de la ligne d’arrivée aux Sables qu’elle devrait franchir mercredi matin à la 12e place. Une belle performance pour la benjamine de la course.
Avant d’arriver, elle continue de subir des conditions soutenues. « Actuellement, Clarisse navigue dans des conditions soutenues avec 30 à 35 nœuds de vent et une mer forte, puisqu’elle dit avoir une houle de 7 mètres. Cela va durer jusqu’à demain matin. Le vent va ensuite un peu mollir avant le passage d’un petit front mercredi matin aux abords de l’arrivée aux Sables-d’Olonne. Le timing d’arrivée de Clarisse va dépendre de la gestion de ce front. » explique Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire.
« L’idée de Clarisse, pour le moment, est de ralentir un peu pour laisser passer ce front et franchir la ligne d’arrivée dans des conditions plus maniables, avec 3 à 3,5 mètres de houle. Si ce choix se confirme, elle devrait arriver mercredi matin aux Sables-d’Olonne, aux alentours de 9-10h, de jour donc. Cette estimation est encore à prendre avec des pincettes. Si elle arrive bien à ce moment-là, Clarisse pourra enchaîner avec une entrée dans le chenal dans la foulée. Quoi qu’il en soit, il faudra qu’elle fasse deux empannages pour rallier les Sables-d’Olonne. Clarisse a raison de préférer laisser passer ce passage de vent fort. Le golfe de Gascogne est en hiver l’un des endroits les plus mal pavés qui existent, d’autant plus qu’il n’y a pas d’échappatoires jusqu’aux Sables-d’Olonne. »
« Clarisse n’est pas à cours de nourriture car nous avions prévu un pour 90 jours. Elle est heureuse d’apercevoir la ligne d’arrivée sur sa cartographie et elle se réjouit de nous rejoindre. Elle ressent une certaine impatience et elle est très contente d’en être là. L’équipe est satisfaite aussi. Clarisse remplit tous les objectifs. Le premier était de boucler ce tour du monde. Le second était de finir entre la 8e et la 15e place. Cette 12e position est donc pile dans les ambitions fixées au départ. Clarisse est à sa place, elle a fait une course prudente et pleine de sagesse. »
Vendée Globe. Armel Tripon aux Sables

Armel Tripon est arrivé aux Sables d’Olonne après 84 jours et finit 11e. Le skipper de L’Occitane en Provence est arrivé après des conditions difficiles dans le golfe de Gascogne.
Armel Tripon a été contraint vendredi dernier de ralentir au large des côtes espagnoles pour laisser passer une violente dépression hivernale générant une mer dantesque dans le golfe de Gascogne. Sous une pluie battante, par 30 nœuds de vent et plus de 5 m de creux, Armel Tripon a doublé la ligne d’arrivée cette nuit. Il était temps : le skipper de L’Occitane en Provence n’avait presque plus de quoi manger, à part quelques biscottes et du miel ! ” J’ai vécu une aventure de dingue. C’est tellement différent de toutes les autres courses. 11e je ne suis pas déçu. L’objectif c’était de finir avec un bateau intact. J’aurai enfin de repartir pour régater parce que là je n’ai fait qu’une course poursuite.“


J’ai apprécié tous les jours. C’était juste magique. J’ai pris beaucoup de plaisir sur l’eau.
La casse de ce J3 a un peu handicapé ma course, mais j’ai réussi à revenir. J’ai du faire face à un deuxième coup d’arrêt après le cap Horn où j’ai recassé un hook donc je n’avais plus de voile de capelage, ça devenait problématique. Un peu dur car je revenais bien sur les autres. L’objectif au départ était de ramener le bateau et c’est fait.
C’est une belle récompense pour tous les gens qui se sont investis, ça veut dire que le bateau est super. Il est facile à vivre, facile à faire marcher.
J’étais venu chercher le grand Sud et cette régate soutenue. J’ai découvert ce que c’était d’être seul en mer, ce monde sauvage. Le Vendée Globe reste très théorique quand tu ne l’a pas fait.
C’est un mélange d’une course acharnée et une aventure de dingue, une aventure intérieure, tu n’en sors pas indemne, je pense que ça m’a fait grandir. Et puis c’est aussi une aventure maritime car naviguer dans ces coins là n’est pas anodin.
Je m’étais bien préparé à vivre des moment très forts et les aborder de manière sereine. Cela m’a sauvé. Cela aurait été plus dans la douleur sinon. Chaque jour est une fête sur cette course. “
Sa conférence de presse :
” Je suis très content d’être arrivé et d’avoir eu cette arrivée avec autant de monde, c’est une belle surprise.
Lorsque je suis arrivé dans le golfe de Gascogne, il y avait des grains à 50 nœuds, la mer était blanche, c’était très brutal. C’est un vrai cadeau de pouvoir vivre et voir ça. Il y avait des lumières de dingue. Dès qu’il y a eu un petit trou de souris avec un peu moins de vent et de mer, je me suis engagé. C’était le plus gros coup de vent que j’ai pris sur tout le tour. Il faut faire le tour du monde pour se rendre compte qu’il y a de gros coups de chien ici. C’était une fin de course particulière avec cette attente.
Je pense être le seul à avoir j’ai fait le tour du monde en string. A partir du moment où j’ai eu ce problème de hook sur le J3, elle était à poste en permanence car je n’avais plus d’enrouleur. J’ai navigué souvent avec le tourmentin, quand il y avait 25-30 nœuds ça marchait bien.
J’ai travaillé pendant deux ans avec mon préparateur mental sur l’idée que finalement ce tour du monde n’allait être que des imprévus et qu’il allait falloir y faire face. Heureusement que j’ai travaillé cet aspect-là car j’ai eu un problème dès le deuxième jour de course. Il y a eu peu de moments durs, c’était beaucoup de plaisir d’une grosse intensité.
J’ai la chance d’avoir pu être en course, de faire mon métier, chaque jour je remerciais mon partenaire pour me permettre de vivre ce rêve. Je ne voulais pas le gâcher. J’avais un bateau exceptionnel qui était très bien préparé. J’ai appris à le connaître pour pouvoir le pousser de plus en plus. Ça a été une énorme course poursuite pour réussir à revenir sur des bateaux au fur et à mesure. C’était motivant. J’ai beaucoup aimé jouer avec les systèmes météo et trouver des trajectoires.
La temporalité de cette course est assez incroyable. C’est unique, sur sa durée, sur les mers et paysages rencontrés, mais surtout sur l’engagement qu’on y met. Parfois on se retrouve pendant un moment à devoir réparer quelque chose et mettre la course de côté. Sur une transat ça n’existe pas. Ces moments de parenthèses sont hallucinants. On a aussi le temps d’apprécier les choses, l’univers qui nous entoure, cette nature sauvage et brute. Ça fait l’effet d’une grande intensité.
Cette couse ne laisse pas indemne. Bagarrer pendant plus de 80 jours avec autant d’envie, d’abnégation et d’engagement, fait que j’en sors différent et ça va m’aider pour la suite. Ce sentiment de liberté quand on est en mer est incroyable. Je ne l’ai jamais ressenti aussi fort. Je trouvais que chaque moment était intense à vivre. Il y a cette communion avec la nature qui est très forte, on est réduit à l’essentiel, à avoir une vie au jour le jour.
Un Vendée Globe est une course de portant et de reaching à 80%. Ce bateau est vraiment fait pour cette course, il est moins fait pour faire une transat au près. C’est un bateau qui est très agréable à vivre, je me suis bien entendu avec lui. On était assez copain et il me l’a bien rendu car il m’a permis d’arriver au bout.
Je suis fier d’avoir terminé, d’avoir rempli ma mission. Je pense que c’était une vrai gageure d’être au départ en si peu de temps. Voir le niveau d’engagement sur cette course qui est dingue. C’est beau de voir que chacun à ses problèmes et va au bout. C’est une belle philosophie. Chacun se démène pour aller au bout.
C’est sûr que j’ai une bonne vision de ce qu’il faut avoir et ce qu’il faut faire pour être prêt à 100%. On a manqué d’un peu de temps pour ce départ, mais monter un projet compétitif pour dans 4 ans est quelque chose qui me plairait. ”
Vendée Globe. Armel Tripon attendu lundi

15 bateaux sont encore en course. Ils devraient arriver aux Sables d’Olonne entre lundi et début mars. Armel Tripon est attendu lundi 1er février au matin. Le 11e de ce Vendée Globe vit encore ses dernières 24 heures de course dans des conditions très musclées dans le golfe de Gascogne.
Clarisse Cremer, 12e, devrait en terminer avec son premier Vendée Globe entre le mardi 2 et le mercredi 3 février.
Entre le 5 et le 7 février, Jérémie Beyou puis Romain Attanasio feront à leur tour leur entrée dans le chenal des Sables d’Olonne.
Les 10,11 et 12 février vont ressembler aux folles premières journées d’arrivée avec une salve de concurrents, de la 15e à la 20e place : Arnaud Boissières, Alan Roura, Stéphane le Diraison, Kojiro Shiraïshi, Pip Hare et Didac Costa.
Entre le 17 et le 20 février, Manu Cousin, Miranda Merron, Clément Giraud vont pouvoir affaler les voiles et mettre le pied à terre.
Enfin, Alexia Barrier et Ari Huusela seront de retour parmi les terriens entre le 28 février et le 2 mars. De même que Sam Davies, hors course, mais qui navigue de conserve avec TSE-4myplanet et Stark.
Prada Cup. Les italiens qualifiés pour la finale
Les italiens de Luna Rossa Prada Pirelli se sont qualifiés facilement pour la Finale de la Prada Cup 4 à 0 face à American Magic.
Les Americains après le chavirage de leur AC75 en round robin auront réussi en peu de temps et avec l’aide des autres équipes à réparer leur bateau et à s’aligner pour la demi-finale face à Luna Rossa. Dans des conditions de vent musclées pour une reprise avec 16/20 nds de vent, American Magic a du réapprendre à naviguer et reprendre confiance face aux Italiens.
Malheureusement, les deux premiers matchs auront été largement dominés par les Italiens. Plus rapide et performant, Luna Rossa a pu continuer à améliorer son bateau. American Magic n’a rien pu faire. Les Italiens ont remporté les départs et étaient juste plus rapides, plus stables et plus confiants. Sans réelle pression, ils n’ont commis aucune erreur et ont remporté deux victoires faciles.
Pour ce deuxième jour et troisième match, les conditions étaient parfaites. American Magic entrait dans la zone de départ par le côté gauche sur bâbord et le faisait avec un timing et un rythme parfaits. Alors que les deux bateaux se rapprochaient sur la ligne de départ American Magic partait sous le vent dans l’espoir de forcer Luna Rossa à lofer, mais ils n’étaient pas assez proches et n’avaient pas le rythme pour accélérer dans une position de contrôle. Au premier croisement Luna Rossa passait 130m devant. Une place qu’ils occuperont tout du long de la manche.
Dans le quatrième match, le départ était équilibré mais les américains ont eu très vite un sérieux problème avec leur système de descente de foil et il n’y a pas eu de match. Luna Rossa a franchi la ligne d’arrivée et remporte sa quatrième course consécutive, une victoire qui les propulse désormais en finale de la Prada Cup contre INEOS Team UK. Malgré l’effort herculéen de remettre PATRIOT sur l’eau, American Magic est éliminé de la Coupe PRADA.

La finale se jouera au meilleur des 13 courses entre les deux équipes de tête et débutera le 13 février, la première équipe à marquer sept points remportera la PRADA Cup et affrontera le Defender, Emirates Team New Zealand dans le match de l’America’s Cup à partir du 6 mars.










