Après trois jours de près, Bidégorry et Lemonchois ont vécu le passage de l’Ascension comme une délivrance. Cela se comprend ! La différence entre tirer des bords face à la mer et débouler au portant à plus de 25 nœuds est évidemment énorme. Mais c’est aussi une délivrance psychologique de pouvoir enfin stopper le retour en force de Gitana 11 et de reprendre à nouveau un petit matelas de milles d’avance. Revenus à 23 milles de Banque Pop’, Fred Le Peutrec et Yann Guichard (Gitana 11) sont relégués à 20h à plus de 51 milles. Gitana 11 a, semble-t-il, enroulé l’île de l’Ascension peu après le pointage de 20h et va donc de nouveau entamer la course-poursuite. L’addition risque d’être plus salée pour Michel Desjoyeaux et Hugues Destremau (Géant) qui, tant qu’ils n’auront pas contourné l’île britannique, perdront 10 milles toutes les heures. En effet, les uns foncent plein ouest à 22,5 nœuds pendant que les autres remontent au près plein est, en sens inverse, à tout juste 12 nœuds. L’écart demain matin entre le premier et le troisième pourrait donc être d’une centaine de milles. De quoi redonner de l’air à Pascal Bidégorry et Lionel Lemonchois pour ces trois derniers jours d’intenses cavalcades sous gennaker.
Autre hémisphère
Les multicoques (Banque Populaire, Géant, Gitana 11) sont au près dans des alizés encore variables en direction mais qui ont pris leur souffle à une quinzaine de nœuds ; les monocoques (Virbac-Paprec, Sill & Veolia, Bonduelle) sont au débridé, eux aussi dans des alizés mais plus stables (du moins pour le leader) d’une quinzaine de nœuds en route directe vers le Brésil. Nouveau départ ? En partie seulement, car « l’effet Jockari » (dixit Loïck Peyron) a bien fait son office à la sortie du Pot au Noir : les écarts acquis à la latitude du Cap Vert sont approximativement identiques au niveau de l’équateur. L’élastique a compressé la flotte en ralentissant d’abord les leaders qui, sortis les premiers de ce « ventre mou » entre les deux alizés tropicaux, ont repris leur avantage. Mais avec un peu moins de différentiel, ce qui laisse cette fin de course (1000 milles pour les monocoques, 1800 milles pour les trimarans) encore très ouverte. Pour les trimarans, le jeu consiste à effectuer une trajectoire « brisée » pour gagner contre le vent afin de contourner l’île d’Ascension (14°20 Ouest-8° Sud) : Pascal Bidégorry et Lionel Lemonchois (Banque Populaire) ont réalisé un joli coup en se recadrant devant la route de Gitana 11 et c’est désormais Géant qui profitait ce mercredi matin, d’une bascule du vent pour se recentrer par un contre bord vers l’Est. A 400 milles à vol d’oiseau d’Ascension, ce rocher isolé au milieu de l’anticyclone de Sainte Hélène, les trimarans en ont jusqu’à jeudi midi au moins à « planter des pieux » contre une mer courte et à chercher à gagner vers l’Est par de petits recadrages : le timing des virements de bord peut permettre à Banque Populaire de s’échapper mais la seconde position était très incertaine ce mercredi matin entre Géant et Gitana 11. « Nous sommes au près, en tribord amure pour profiter d’une petite rotation du vent et pour aller voir où se trouve Gitana 11. On va peut-être revirer avant de croiser sa route. Ici, il y a quelques nuages, la lune est belle, on se rapproche de l’arrivée et c’est toujours aussi plaisant de naviguer sur ces machines. Le bonheur ! » s’enthousiasmait Michel Desjoyeaux (Géant) à la vacation de 5h00. Côté monocoques Imoca, le déroulé est un peu similaire à celui d’il y a trois jours : le duo Jean-Pierre Dick-Loïck Peyron (Virbac-Paprec) a toujours une quinzaine de milles d’avance depuis la sortie du Pot au Noir sur le tandem Roland Jourdain-Ellen MacArthur (Sill & Veolia). « Les conditions sont superbes avec des alizés agréables, pas trop puissants, une route éclairée, en T-shirt, au débridé à 70° du vent et à 13 nœuds de moyenne… Même si nous sommes un peu fatigués et un peu stressés par cette course au contact permanent. On passe l’équateur dans quelques heures ! » précisait Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec). « C’est génial : on sort avec des alizés bien orientés. D’habitude, on fait du près serré pendant un paquet de milles à la sortie du Pot au Noir. Cette fois, c’est déjà du débridé, pour un long bord de vitesse pure vers Bahia. Il faudra dire aux navigateurs que l’archipel de San Pedro et San Paulo n’est pas à sa place : sur la carte, nous sommes plantés sur l’île alors qu’elle est à quelques milles de nous… Il y a encore de la route et il faut se souvenir que la dernière fois avec Mike Golding, la première place s’est jouée le long des côtes brésiliennes. A bord, nous sommes un peu déconnectés du monde des terriens : on rêve beaucoup avec Ellen et on se souvient mieux de nos rêves qu’à terre. En fait, on est vachement bien en mer… » s’enflammait Roland Jourdain (Sill & Veolia). Pas de changement pour les 50 pieds puisque, malgré une baleine percutée par le puits de dérive, la famille Escoffier (Crêpes Whaou !) continue son cavalier seul en multicoque et devient même de plus en plus pressant sur les leaders en monocoque 60 pieds qui n’ont plus que 140 milles d’avance… Et chez les monocoques 50 pieds, le danger vient de Artforms qui est revenu en troisième position et par sa route très Ouest, pourrait sérieusement inquiété Vedettes de Bréhat… Légères fluctuations des écarts sur le plan d’eau mais stabilité météorologique : les différentiels se jouent en vitesse pure pour les monocoques, à l’occasion de virements de bord pour les trimarans Orma. Source Pen Duick
Une fenêtre étroite
Derrière une première journée en demi-teinte (330 milles en 24 heures), les conditions ont forci de façon spectaculaire, permettant au trimaran de rattraper un tableau de marche plus conforme à ses objectifs sur cette Transpacifique. Les prochaines 24 heures devraient être également très rapides. La route est pour l’instant directe sur l’objectif hawaïen, la moyenne des six premières heures de cette seconde journée est de plus de 20 noeuds de point à point.La fenêtre météo était courte, mais le nouveau départ, 24 heures après le début de la tentative, a encore raccourci sa plage d’utilisation. La haute pression va s’évanouir vers le nord rapidement et Geronimo doit prendre le plus d’avance possible dans le flux actuel, tout en observant le retour des alizés dans le sud. Rien n’étant véritablement établi, les prévisions sont très volatiles. Mais même médiocre, cette opportunité ne pouvait être négligée. « La mer se range dans ce temps instable deux ris trinquette 27/30 nœuds, mer encore assez difficile par le travers, lune immense ; la course violente des nuages dans le ciel ; les reflets trop brillants sur l’eau noire ; les crêtes des vagues qui s’allument dans la nuit magnifique. Gagner dans l’ouest le plus vite possible. Le flotteur tribord qui d’un coup monte trop vite vers le ciel, le grincement des écoutes sur les winches. Le coeur qui s’arrête puis, Geronimo qui repart, splendide et furieux, dégoulinant d’écume ; le cliquetis des winches qui embraquent à nouveau et Didier Ragot trempé, hilare, concentré sur cette glisse acrobatique qui grommelle à la barre : putain, ça fume ! »Source Rivacom
Le monde à l’envers de Dee Caffari
Quand Dee Caffari quittera Portsmouth le 20 novembre, elle sera dans le sillage de son mentor, Sir Chay Blyth, le premier homme à avoir effectué ce voyage il y a 34 ans, et aujourd’hui directeur de son équipe de soutien. Dee Caffari, 32 ans, naviguera sur un bateau de 72 pieds dont elle a été le skipper, avec son équipage de dix-huit membres, lors du Global Challenge l’année dernière. Le voilier a été modifié pour qu’elle puisse le manier seule, et son voyage devrait prendre entre 120 et 170 jours, en fonction du temps et des conditions météo. Pendant cette course, Dee Caffari sera confrontée, seule, aux défis physiques parmi les plus éprouvants du monde. S’exprimant au sujet du challenge, Dee Caffari a déclaré : «Je sais à quoi m’attendre, ayant déjà suivi ce même parcours l’année dernière. Mais le véritable défi sera de faire face à ces obstacles toute seule. Je serai en communication permanente avec mon équipe à terre et je sais qu’elle sera là pour moi, pas seulement au sens pratique, pour m’aider à surmonter tous les problèmes, du matériel cassé jusqu’au manque extrême de sommeil, mais aussi au sens affectif, pour m’aider à garder le moral quand je serai en pleine dépression, dans les deux sens du terme ». L’équipe du Aviva Challenge compte, entre autres, Mike Broughton comme météorologue et expert en navigation et sécurité, Harry Spedding en tant qu’entraîneur personnel, ainsi que Andrew Roberts et l’équipe de la société Challenge Business qui fourniront un soutien indispensable en matière de communications et de support technique. Source Aviva Challenge
Une longue course de vitesse dans l’hémisphère Sud
A bord de Sill et Veolia Environnement, les manœuvres sont nombreuses pour adapter sans cesse le bateau aux variations de vent comme en témoignait aujourd’hui Roland Jourdain :
« C’est vraiment une transat de vitesse. On a rien à faire d’autre que de mettre la bonne toile au bon moment ! On joue avec les variations de vent pour faire parler les chevaux que Sill et Veolia a sous le capot ! »
Tactique ?
« Il n’y a rien à espérer avant la côte du Brésil. Entre Fernando et Bahia, il faudra nous gratter la tête pour savoir s’il est meilleur de passer à la côte ou au large. La dernière fois avec Mike (ndlr : Golding), on a bien joué. A ma bonne Dame, nous ne serons pas sereins avant l’arrivée ! »
Comment ça se passe dans votre tête quand vous êtes en mer ?
« Ellen et moi pensons chacun de notre côté à plein de choses. Nous avons beaucoup de discussions sur la vie en général. Nous échangeons beaucoup sur nos expériences nautiques. Nous sommes totalement déconnectés du monde des terriens. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans les banlieues françaises… »
Concernant notre duo britanno-breton, pas de doute, Ellen et Roland s’immergent totalement dans le monde de la mer et de la navigation, ce qui leur permet une concentration maximum, le tout dans la bonne humeur !
Source Sill et Véolia
Autoroute en monos, derniers lacets en multis
Alors que les premiers des multis et monocoques de 60 pieds naviguent désormais dans l’hémisphère sud, dans un alizé de sud-est de 20 à 25 nœuds, les calculs des premières ETA (heure d’arrivée estimée) donnent un premier bateau vainqueur samedi dans la baie de Tous les Saints. Pour l’anecdote, ce ne sera vraisemblablement pas un grand multicoques de 18 m, mais ou bien un monocoque Imoca (Virbac-Paprec, Sill et Veolia ou Bonduelle) ou bien le trimaran 50 pieds Crêpes Whaou ! Eux n’ont pas à descendre plein sud pour aller virer l’île de l’Ascencion et sont désormais calés au reaching sur la route directe qui ressemble fort à « une autoroute », dixit Jean Le Cam (Bonduelle), alors que les grands trimarans doivent louvoyer pour remonter au vent dans une mer courte. Rappel : pour les trimarans Orma, le parcours total était de 5190 milles, contre 4340 pour les monocoques 60’ et tous les 50 pieds, multicoques inclus.
Jojo & Sidney sont dans deux bateaux…
Après cinq jours de course les deux ABN AMRO naviguent à vue, est-ce une coïncidence, où est-ce un choix stratégique de Team avant le départ de vous marquer le plus possible ?
Seb : C’est indépendant. En fait les plan Farr peuvent faire plus de vent arrière que nous, c’est pour cela que nous avons fait une option dans l’ouest. ABN AMRO ONE a fait pareil apparemment.
Pouvez-vous faire un point sur la vie à bord et le fonctionnement technique du bateau ?
Seb : Cela a bien commencé. On avait pas trop le choix, car ça a démarré sur les chapeaux de roue. Les quarts ont tout de suite bien marché. Dans la première nuit, on a eu pas mal de manœuvres à faire dans des conditions un peu musclées. C’est vrai que je voyais bien que tout le monde était fatigué au bout de deux jours, et qu’il ne fallait pas en demander plus. Mais cela c’est vraiment super bien passé. Le bateau est en bon, enfin… à peu près bon état. On a cassé des petites bricoles, mais rien de bien méchant. Mais c’est vrai que pendant deux jours, à l’intérieur, c’était un petit peu la guerre. Parce que le bateau était trempé, c’était assez dur de matosser ou de ranger. C´était difficile de marcher à l’intérieur du bateau… Quand tu étais pas couché, tu allais sur le pont, et inversement.
Physiquement, cela se passe bien. Par rapport à l’expérience du solitaire et notamment du Vendée Globe, qu’elle est la différence de sensation ? Est-ce plus reposant d’être en équipage ? Comment gérez-vous vos phases de repos ? La nourriture, etc… ?
Seb : Au début on a pas trop mangé, les deux premiers jours qui ont été un petit peu sévères comme mise en jambes, on s’est retrouvé tout de suite avec 35-40 nœuds de vent. Le rythme de sommeil et de nutrition n’était pas idéal. Maintenant ça va. C’est 4 heures sur le pont, 4 heures tu dors, 4 heures sur le pont, 4 heures tu dors… Mais ce n’est pas la folie non plus, on a trois repas chauds par jour. On peut manger ce qu’il faut. Maintenant, la vie à bord s’est très bien organisée. Il y a une super ambiance. Tout le monde est content, tout le monde a le sourire… ça papote, ça raconte plein d’histoires drôles. Il y a vraiment une super ambiance. Je suis agréablement surpris.
Et du côté d’AMRO ONE, comment va la vie à bord ? Avez-vous des problèmes particuliers ou est-ce que cela correspond à vos attentes ?
Sidney : On a eu en effet quelques petits problèmes particuliers. En ce moment, juste à côté de moi, il y a Tony (Mutter) qui est entrain de réparer une voile qui est partie en lambeaux, dès la première nuit. C´est notre code Zéro, qui est une voile importante pour nous. La deuxième nuit, le même Tony s’est fait projeter contre la barre qui a été endommagée. Jusqu’à aujourd’hui, on n’avait qu’une barre d’un côté. On a même dû mettre le système de gouvernail de secours à l’arrière pendant un moment, le temps de réparer. On a eu aussi Dave, sur la plage avant, qui s’est fait prendre par une vague et qui a été projeté contre la dérive. Il a une jambe qui ressemble plus à un poteau qu’à une jambe. Il a du passer près de 48 h sur sa bannette avant de pouvoir remonter sur le pont. Moi, je me suis fait projeter à l’arrière contre les bastaques, donc j’ai les côtes qui ont un peu souffert. C’est douloureux encore maintenant, même si ce n’est pas grave. Robert, lui est tombé, sur le pont et porte une atèle au bras… Pendant un petit moment, c’était un peu le bateau hôpital ! A ce rythme là, on s’est dit qu’il allait falloir qu’on commende des chaises roulantes à l’arrivée à Cape Town. Maintenant, cela fait deux presque trois bonnes journées qu’on est dans des vents plus classiques. Donc on a commencé à tout réparer. Cette après-midi, on peut recommencer à barrer avec la barre au vent qui a été préparée avec son piédestal. Tony est entrain de finir la réparation du Code Zéro… donc en ce moment on est à nouveau à 100% du bateau. Ce qui n’était pas le cas jusque là. Et puis, aussi, l’équipage reprend la forme !
Comme départ de course, vous avez trouvé cela comment ?
Sidney : C’était probablement un des départs de course les plus violents de toute notre carrière.
C’est toujours très humide. Est-ce que vous avez vraiment l’impression de vous prendre un Karcher dans la figure en permanence ?
Sidney : Non, plus maintenant. Mais au début, j’ai porté non stop un casque de pompier avec visière. Je suis très content d’avoir pris cela avant de partir parce ce que cela fait vraiment un petit espace de confort, avec toutes le vagues que l’on se prend dans la figure sans arrêt. Avec ce casque, on peut respirer, on n’avale pas d’eau de mer. Maintenant, ça va mieux, ce n’est plus humide. On est en short sur le pont et on fait route directe sur l’Ile Fernando da Noronha, notre première porte. On va assez vite , en ce moment on a 15-16 nœuds, et le bateau avance à 17-18 nœuds. C’est un plaisir d’avaler les milles aussi vite vers notre premier way point.
Que pensez-vous de ces VO 70 ? Avez-vous l’impression qu’ils sont vraiment poussés au maximum ?
Seb : C’est la première fois que je vois cela sur des monocoques. La première nuit on a fait des pointes à 36-37 nœuds. Sur un monocoque !!! Parfois tu vas à 25 noeuds et tu te retrouves à faire un surf à 35-37 nœuds et puis tu t’arrêtes à nouveau à 25 nœuds. Tu as le bateau sous l’eau. C’est des sensations que je n’avais connues avant en monocoque. C’était assez impressionnant. Je me demandais si on ne poussait pas un peu trop le bateau ou si c’était moi qui tirais trop dessus. Et puis, quand on a reçu les premiers pointages, en fait tout le monde allait à la même vitesse. Donc je me suis dis que c’était normal. On fait des moyenne de vitesse incroyable. La première nuit, on a du faire 23 ou 24 nœuds de moyenne sur 10 heures. A mon avis dans le Sud, il va y avoir des sacrées journées !
ABN AMRO TWO a-t-il été vraiment poussé la première journée quand il a établi le record de vitesse en 24h de cette course et qu’il a failli battre (à 26 milles) près le record de vitesse de Monistar (530 milles/24h).
Seb : c’est vrai on était très près du record de Movistar. Mais on a pas forcément poussé plus que cela. On a navigué un peu comme les autres, et on n’a pas eu trop de soucis. C’est tout. C’est juste que ces bateaux-là ont un potentiel incroyable. Je suis sûr que le record de 24h va être battu pendant la Volvo.
Dans cette Volvo, le TEAM ABN AMRO a des VO 70 dessinés par Juan Kouyoudjian, considérez-vous maintenant que c’est un avantage par rapport aux plans Farr ou est-ce encore trop tôt pour le dire ?
Seb : C’est un peu tôt pour le dire. On voit tout de suite qu’il y a des différences dans les angles au vent arrière, que les plans Farr descendent un petit peu plus facilement que nous, mais ils vont moins vite. Tout cela, c’est toujours une histoire de compromis. Nous, on navigue un petit peu plus serré par rapport au vent, mais on va plus vite, et les plans Farr naviguent un petit peu plus au vent arrière mais ils vont moins vite… Mais c’est sûr que dans le vent fort, sur ABN AMRO TWO, je ne me suis jamais senti mal. Le bateau est super sain. Il est très marin. Il a du volume à l’avant, à l’étrave, donc il n’a jamais trop plongé sous l’eau, deux ou trois fois peut-être, pas plus. C’est un peu trop tôt pour dire qui a l’avantage, des plans Farr ou des plans Kouyoumdjian, mais ce qui est sûr c’est que pour l’instant nos bateaux sont de bons bateaux.
Trois leaders dans chaque groupe
De fait, la course est relancée entre trois bateaux dans chaque catégorie puisque Bonduelle a profité du ralentissement provisoire de Virbac-Paprec et de Sill & Veolia pour changer du statut : « De premiers du deuxième groupe, nous sommes passés troisièmes du premier groupe. » s’amusait Jean Le Cam (Bonduelle), qui complétait : « La nuit est sublime avec une lune quasiment pleine qui éclaire la route et les quelques grains qui parsèment encore le ciel. A 60 milles devant, on devrait déjà être dans les alizés de Sud Est et comme ils prennent un peu d’Est, ça va être un nouveau départ pour un long bord de débridé. Et nous ne sommes pas les plus à plaindre à cette allure… » C’est donc Sill & Veolia qui a le plus souffert de cette nuit alors que son léger décalage Ouest semblait plus favorable… En tout cas, il reste plus de 1200 milles à couvrir avant Bahia et le match est loin d’être joué entre ces trois bateaux de la dernière génération (Vendée Globe 2004) qui ne devraient plus être inquiétés par le peloton relégué à près de cent milles (Ecover).Côté 50 pieds, la bonne nouvelle vient de la réparation sur le trimaran Jean Stalaven : Pascal Quintin était inquiet lundi quand il a constaté que son safran relevable s’était brisé. Les deux navigateurs ont dû installer en pleine mer dans un clapot encore formé, une pelle de rechange : Pascal a enfilé sa combinaison de survie pour engager le gouvernail sous la coque pendant que Raphaël Sohier installait la mèche, tout ça avec un système de cordage de sécurité… Mais le leader Crêpes Whaou ! est toujours à plus de 1000 milles devant et vise un passage du Pot au Noir sur le 26° Ouest pour couper la route du peloton des monocoques Imoca (Ecover, Skandia, ProForm). Et chez les monocoques de 50 pieds, Gryphon Solo est toujours loin devant Vedettes de Béhat qui navigue dans un vent faible et qui doit désormais se méfier de Artforms qui effectue un retour spectaculaire après son arrêt à Lorient : il a déjà grappillé cent milles en trois jours…Enfin, les trois trimarans de tête sortent d’un Pot au Noir peu actif à terre mais très instable car s’il semble clair que les conditions d’alizés de Sud Est s’installent, elles n’ont pas encore une stabilité rassurante : « On vient de tomber dans une pétole, tu n’imagines pas ! D’un coup, alors que nous naviguions au près avec un vent de secteur Sud Est, un ciel dégagé, une superbe lune qui éclaire la mer comme un lampadaire… On est collé ! » s’inquiétait Pascal Bidégorry (Banque Populaire). Autre bateau, autre son de cloche : « On est sorti du Pot au Noir dans la soirée de lundi : temps pourri, pluie, ciel plombé, vent instable… et d’un seul coup, une brise de secteur Sud, un ciel qui change, un clapot qui s’organise. Le régime des alizés du Sud Est n’est pas encore très stable mais ça se met en place. Une page se tourne… » précisait Hugues Destremau (Géant). Et à bord du troisième larron : « On en est sorti depuis peu de temps et on est bien calé avec 15 nœuds de vent de Sud Est. Normalement, notre position au vent de la flotte (plus à l’Est) est favorable pour ce long bord de près (650 milles) vers l’île d’Ascension. C’est une bonne opportunité pour se recaler sur la route des deux autres, surtout par rapport à Géant. Bonne opération pour Gitana 11 donc puisque nous avions 200 milles de retard avant le Pot et maintenant, seulement une trentaine de milles sur Banque Populaire… Ce n’est pas fini ! » précisait Yann Guichard (Gitana 11). Quant à Gitana X, il persiste sur sa route africaine qui semble positive puisque Thierry Duprey du Vorsent et Erwan Le Roux n’étaient pas encore dans le Pot au Noir et filaient à plus de 17 nœuds de moyenne. A l’équateur, c’est une nouvelle ligne… de départ !Source Pen Duick
504 milles pour Seb
Alors que Movistar à Cadix se pose la question de charger le plan Farr sur un cargo pour rallier Cape Town afin de réparer en Afrique du Sud, Paul Cayard pourrait repartir en mer pour collecter quelques points car les dommages structurels n’ont pas la gravité du bateau espagnol. Quant aux Australiens de Sunergy & Friends, ils sont encore ce mardi matin à Madère pour réparer leur bout dehors. Les quatre VO-70 ont choisi de prolonger leur bord vers l’Ouest le long de l’anticyclone des Açores en se recalent de temps en temps pour gagner dans le Sud, là où le leader Torben Grael (Brasil 1)se situe. Mais les deux ABN AMRO sont les plus à l’Ouest et attendent une petite bascule du vent de secteur Nord Est sur la droite pour se recadrer. Après trois jours de course, les écarts ne sont pas significatifs et le coup de vent qui a laminé la flotte, a fait place à des conditions météorologiques nettement plus maniables. Classement du mardi matin : 1. Brasil 1, 5464 milles de l’arrivée2. ABN AMRO ONE, 8 milles du leader3. ABN AMRO TWO, 13 milles du leader4. Ericsson Racing Team, 14 milles du leader5. Sunergy and Friends, 292 milles du leader6. movistar, 693 milles du leader7. Pirates of the Caribbean, 749 milles du leaderDBo.
Marc Thiercelin : « On traverse le Pot au Noir à une vitesse supersonique ! »
Joint se matin sur ProForm, Marc Thiercelin ne cachait pas sa satisfaction de voir l’effort payer : « On traverse le Pot au Noir à une vitesse supersonique ! Les conditions alternent sans cesse, nous obligeant à changer souvent notre jeu de voiles, mais les gros nuages ne nous quittent pas, le vent non plus. Il pleut sans cesse, l’humidité est totale à bord de ProForm. En fait, je crois qu’on a pas vu le soleil depuis les Canaries. C’est assez inconfortable. J’ai vraiment hâte d’arriver pour pouvoir me sécher. »
Pour le groupe de tête des monocoques 60’ Open mené par Virbac, la sortie du Pot au Noir devrait s’étaler sur les 24 prochaines heures. « On devrait sortir en fin de journée ou dans la nuit du Pot au Noir, prévoyait Marc ce matin. Ensuite, il va falloir bien négocier la rotation vers l’Ouest pour rejoindre Salvador. »


















