Groupama 3 pourrait donc s’élancer jeudi 3 janvier pour tenter de battre le record du Trophée Jules Verne, le Tour du monde en équipage. L’équipe de Franck Cammas, en stand-by depuis le 6 décembre, avait dans un premier temps été en alerte pour la nuit de Noël avant que la fenêtre météo ne se referme. La procédure suivante, si la fenêtre se confirme, est le passage en code jaune (départ sous 48 heures) puis code vert (départ sous 24 heures). Si elle se referme à nouveau, l’équipage repassera en code rouge (stand-by, RAS, météo non favorable). L’objectif ne souffre pas d’approximation pour battre le temps de référence des hommes de Bruno Peyron sur Orange 2 en 2005 : 50 jours, 16 heures, 20 minutes et 4 secondes.
Francis Joyon accélère… en écoutant son bateau
Tout va mieux pour Francis Joyon depuis 4h ce matin (heure française), quand le vent est enfin redevenu favorable et autorise une route efficace vers le Nord-Est, à des vitesses qui permettent d’espérer 400 à 450 milles par jour. Il était temps car le bateau et le skipper étaient soumis à rude épreuve depuis une semaine entre les vents forts, la mer démontée, la trouille des icebergs et puis ce passage du « cap dur » – le fameux Horn – qui précédait des vents faibles et contraires qui ont forcément ralenti la progression. Joint ce midi au téléphone satellite, Francis Joyon racontait : « j’ai eu encore une nuit hyper difficile, ça a tourné au vent debout (de face, ndr) , et j’ai du renvoyer de la toile, tirer des bords la moitié de la nuit avant que le vent favorable ne rentre. Ensuite j’ai du trouver le bon angle pour ménager le bateau qui tapait, tapait dans le clapot… c’était horrible et là il y avait risque de casser du matériel. J’en ai cassé d’ailleurs : une jonction entre le chariot et la grand’voile et une écoute de trinquette. Alors j’ai lofé pour calmer le jeu. » Le tout sous des pluies torentielles…
«Je vais faire une charlotte aux fraises…»
Le marin a forcément souffert de ces conditions, même si «le torticolis est réparé grâce aux conseils du Dr Chauve », Francis Joyon s’avoue toujours en déficit de sommeil. Autrement dit, le changement de météo a été accueilli comme une bénédiction ce matin par le skipper d’IDEC. « Après avoir eu des pluies battantes, diluviennes cette nuit, le soleil éclaire et le vent est portant, les conditions deviennent enfin assez bonnes et même le clapot s’atténue progressivement. Du coup le bateau glisse beaucoup mieux, à 21, 22 nœuds sur la route directe, c’est de nouveau favorable… »
Les Malouines sont déjà dans le sillage. Au grand large de l’Argentine, Francis Joyon estime qu’il devrait enchaîner au moins deux bonnes journées : « je suis venu chercher le bord d’une petite dépression et je devrais monter avec elle en tricotant au vent arrière pendant environ 48 heures, de nouveau sur des moyennes de 400 ou 450 milles, cela permettra de gagner de la latitude assez efficacement ».
A 13 h ce lundi 31 décembre, IDEC naviguait par 49 degrés de latitude sud et 48 degrés de longitude Ouest et affichait une VMG (velocity made good, la vitesse efficace sur la route) de 100% à près de 22 nœuds de moyenne. Des chiffres qui donnaient forcément le moral au skipper d’IDEC. Jusqu’à lui donner des envies cuisinières en ce jour de réveillon : « si je suis courageux, je vais me faire une charlotte aux fraises, c’est quand même sérieux, ça ! J’ai tous les ingrédients, je suis en train de chercher un récipient… pour le réveillon, ce serait pas mal ! » Un peu de douceur sur l’océan, en somme et un réveillon qui offre l’occasion à Francis Joyon d’envoyer ses vœux avec quelques heures d’avance : « j’en profite pour souhaiter une très bonne année 2008 à tous ceux qui ont permis que ce projet existe et ils sont nombreux : IDEC, Patrice Lafargue, les architectes, les constructeurs, ceux qui m’ont aidé à préparer le bateau… et meilleurs vœux aussi à tous ceux qui ont la gentillesse de s’intéresser à ce projet ».
«Savoir écouter le bateau »
Lors de son précédent record de 2004, au 38e jour de course, IDEC passait à peine la Nouvelle-Zélande… quand on lui pose une fois de plus la question de son incroyable avance, Francis Joyon –toujours- évoque d’abord son bateau, « 30% plus rapide que l’ancien sans être beaucoup plus long, ce qui est beaucoup ». Et il faut le pousser dans ses retranchements pour lui faire admettre que, peut-être, le marin y est aussi pour quelque chose. « Peut-être qu’à force de faire du multicoque, je commence à comprendre comment ça marche… Je crois que ce sont des bateaux qu’il faut savoir écouter, comprendre. Bien souvent quand on navigue sur les multicoques on leur demande un cap et une vitesse, alors que parfois il faut savoir les laisser aller où ils veulent. On n’écoute pas assez les bateaux… »
L’homme qui parle ainsi écoute son bateau depuis 38 jours. Pour l’instant, ça ne lui réussit pas trop mal.
9 jours, 11 heures d’avance au Cap Horn pour Francis Joyon
Par comparaison, Ellen MacArthur, actuelle détentrice du record de la circumnavigation à la voile en solitaire, avait atteint ce même point en 44 jours 23 heures 36 minutes, meilleur chrono jamais réalisé en solitaire sur la distance. Francis pulvérise cette performance avec 9 jours, 11 heures d’avance.
Boulimique, Joyon s’adjuge par ailleurs un certain nombre de temps références intermédiaires :
Record entre le Cap Leeuwin et le Cap Horn : 12 jours, 20 heures, 58 minutes
Ellen MacArthur sur Castorama en 2004 : 15 jours, 09 heures, 31 minutes
Record de l’Océan Pacifique entre le Sud de la Tasmanie et le Cap Horn (en attente de validation par le WSSRC) : 10 jours, 14 heures et 25 minutes
Ellen MacArthur sur Castorama en 2004 : 12 jours, 13 heures et 39 minutes
A l’heure où il passe à l’ombre du Horn, l’avance de Francis Joyon sur Ellen MacArthur est de plus 3 500 milles.
Le retour dans l’Atlantique de Francis Joyon
RETOUR DANS L’ATLANTIQUE SUD DU MAXI-TRIMARAN IDEC http://www.trimaran-idec.com
Se reposer d’abord…
Francis Joyon et son grand trimaran rouge IDEC poursuivent aujourd’hui le ‘tricotage" entamé hier au soir dès le passage du cap Horn. "De 7 mètres de houle, la mer s’est soudain aplatie" raconte Francis, "Le Horn est une formidable barrière qui casse la houle. C’est étrange de naviguer sur mer plate après des semaines et des semaines de mer formée." Le vent, comme pour saluer les exploits du marin de Locmariaquer, s’est lui aussi fait discret et seule une légère respiration pour 4 à 5 noeuds baignait ce matin les parages de l’Ile des Etats. "C’est un passage en douceur" poursuit Francis, "avec pas mal de manoeuvres cependant, de trois ris trinquette à toute la toile…" Pas inquiet outre mesure d’un si brutal ralentissement, Francis le philosophe y voit matière à reconditionner le bateau, et aussi "le bonhomme". "La mécanique est un peu rouillée" s’amuse t’il, "le bateau est en bien meilleur état que moi. Je souffre d’un torticolis bien gênant dans les manoeuvres. Heureusement, le docteur Jean-Yves Chauve m’a conseillé avec efficacité." A l’évidence, Francis aspire à quelque repos. Un "break" que le renforcement au secteur Nord attendu prochainement pourrait lui apporter ; "Dans le petit temps, on ne peut se permettre d’aller dormir car il faut guetter la moindre risée. Le près n’est pas une allure confortable pour dormir mais si le bateau est bien réglé dans un vent stabilisé, je pourrais récupérer." L’énormité de la tâche encore à accomplir ne lui échappe donc en rien. "Ellen avait 5 jours d’avance sur mon précédent record à ce même point de la course" se souvient-il, "Et pourtant, elle a failli tout perdre lors de la remontée de l’Atlantique…"
Tout le mérite au bateau.
Déconcertant de simplicité et de gentillesse, Joyon dédie exclusivement ces deux tiers express du parcours au bateau et à ceux qui l’ont conçu. "Je crois que ce bateau est un "sans faute" tient-il a souligner en pensant à ses concepteurs Nigel Irens et Benoit Cabaret, et à tous ceux qui lui ont donné corps, de Christophe Houdet aux hommes de Samuel Marsaudon… "Le pari de la légèreté et de la simplicité était osé" insiste Francis. "Ma fierté va aux gens qui se sont investis pour que ce projet existe et qui, par leur savoir faire, ont prouvé qu’il était réaliste…"
Sous la double pression du record d’Ellen MacArthur et de la tentative en cours de Thomas Coville, Francis entame la longue remontée vers Brest et ses foyers. "Le record d’Ellen est extraordinaire et il demeure mon objectif. Je dois rester au maximum de mes possibilités et de celles du bateau". Toujours et encore….
Oracle pour une America’s Cup en multicoques dès 2008
« Nous devons désormais avancer, et obtenir des garanties », a annoncé Russell Coutts, le CEO de BMW ORACLE Racing. « Nous avions espéré pouvoir négocier une régate conventionnelle, basée sur le principe du consentement mutuel. Mais le Defender nous a clairement démontré, ainsi qu’à toute la communauté de l’America’s Cup, qu’il n’allait pas négocier. Nous sommes désormais déterminés à disputer une régate en multicoques en 2008. « Si nous parvenons à nous imposer, et que Valence et l’Espagne apportent leur soutien, nous nous engageons à organiser une America’s Cup conventionnelle à Valence en 2011, avec des règles justes et transparentes, acceptées par tous les compétiteurs par consentement mutuel », a-t-il déclaré.
Le 14 janvier, la Cour Suprême de l’Etat de New York va revoir et mettre en pratique la décision de justice établie le 27 novembre en faveur du GGYC. Le club souhaite disputer la régate « Deed of Gift » le plus rapidement possible, et a demandé à la Cour de le permettre.


















