« Rien ne sert de courir, il faut partir à point ! » Jean de la Fontaine va-t-il imposer sa morale sur ce tour du monde en double ? Who know… En tous cas, le duo franco-ibère peut savourer cette superbe journée « indienne » dans une belle brise de Nord-Ouest : il est le plus rapide de la flotte avec près de 450 milles en 24 heures ! De quoi revenir comme une balle sur les deux Espagnols et le couple franco-suisse qui peinent dans les hautes pressions néo-zélandaises… Et s’il est désormais acquis que Temenos II va faire une escale technique à Wellington, cela ne peut qu’encourager Albert Barguès et Servane Escoffier qui savent qu’en sus, cette bonne dépression sous l’Australie va les pousser au moins jusqu’en Tasmanie, et qui sait, jusqu’au détroit de Cook.
Le lièvre et le lapin
En tête de flotte, l’histoire n’est pas la même entre un Paprec-Virbac qui court comme un « lapin » dans un bon flux anticyclonique et un « lièvre » qui le pourchasse depuis son arrêt à Wellington. Et ça grappille des milles par derrière car la situation météorologique n’est pas des plus simples ! Hautes pressions à longer sans s’y engouffrer et dépression à venir et à éviter : ça zig et ça zag puisque Jean-Pierre Dick et Damian Foxall ont nettement obliqué au Nord-Est-ce dimanche matin, pour repiquer au Sud-Est l’après-midi. Des milles qui se perdent sans pouvoir y faire grand chose car l’objectif est bien de préserver l’acquis, en l’occurrence un bateau en état et une avance suffisante. Enfin, suffisante pour l’instant car ce sont quand même 90 milles qui ont été avalés par « l’ogre » Hugo Boss ! A ce rythme, le cap Horn va voir deux bateaux se partager (sic !) le droit de passer le « rocher » en leader…
« Nous avons de très bonnes conditions de navigation en ce moment. Le pilote automatique marche parfaitement et nous n’avons plus de stress à cause des safrans. Le leader est loin et nous aurons besoin du concours de la météo pour revenir sur lui. Et la situation n’est pas claire ni facile devant ! Il va falloir faire de l’Est puis du Nord pour passer une dépression qui vient sur notre route. En tous cas, c’est super de revenir dans le match ! » Précisait Alex Thomson à la vacation radio de ce dimanche de fin d’année.
La mouche du coche
A tout le moins, le scénario est aussi complexe entre les deux poursuivants qui s’approchent des côtes kiwis car c’est un « fruit acide » que Temenos II est en train de goûter avec un sérieux ralentissement à seulement 200 milles de Wellington où une escale technique est programmée, alors que Mutua Madrilena n’a que 500 milles de retard sur le bateau suisse. On peut d’ors et déjà prévoir que les deux monocoques seront proches l’un de l’autre en passant par le détroit de Cook… Reste à savoir si Dominique Wavre et Michèle Paret auront suffisamment de temps (arrêt de 24 heures minimum obligatoires) pour inspecter leur voile de quille et s’ils décideront de reprendre la mer si l’expertise est rassurante…
« Le voile de la quille qui pose problème a été fabriqué en Nouvelle Zélande et le constructeur ainsi que l’architecte seront là. C’est une structure assez sophistiquée avec de l’acier haute résistance soudé par plaques pour réaliser le profil. A part ce gros souci technique, le bateau est en parfait état. Mais il faudra faire des test, des radiographies : c’est un long processus… »
L’équipage espagnol toujours aussi enthousiaste sur ce tour du monde malgré ses déboires, a bien l’intention de rester « coller-serrer » au couple franco-suisse comme le requin et son poisson-pilote si l’opportunité se présentait en Nouvelle Zélande. « Nous sommes en plein dans les hautes pressions ! Le vent d’Est doit heureusement tourner demain. Il nous faut passer par le Nord mais les leaders vont encore s’échapper un peu plus. Maintenant, nous savons que nous nous rapprochons de l’arrivée à Barcelone puisque nous avons passé hier la mi-parcours et c’est toujours bon pour le moral ! Mais avant, il faut traverser le détroit de Cook et parer le cap Horn… Je pense que nous avons été le bateau qui est resté le plus longtemps en dessous des 50° et cela a été dix jours difficiles. Mais disons que nous avons passé la partie la plus dure de la course, d’un point de vue physique… et humide ! »
Alors que le 50ème jour de course se fait jour sur la nuit Pacifique, qui sera cigale et qui sera fourmi ? En tous cas, mieux vaut ne pas être la « grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bouf » !
Classement du dimanche 30 décembre à 14h00 GMT
1-PAPREC-VIRBAC 2 à 10 045 milles de l’arrivée
2-HUG BOSS à 793 milles du premier
3-TEMENOS II à 1 541 milles du premier
4-MUTUA MADRILENA à 2 063milles du premier
5-EDUCACION SIN FRONTERAS à 2 845 milles du premier
ADB. VEOLIA ENVIRONNEMENT
ADB. ESTRELLA DAMM
ADB. DELTA DORE
ADB. PRB