mercredi 26 novembre 2025
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Top départ de Gitana 13 pour New York-San Francisco

Gitana XIII
DR

Sur les traces des clippers de la ruée vers l’Or et du fameux « Flying Cloud » mené par le capitaine Josiah P.Creesy, Lionel Lemonchois et l’équipage de Gitana 13 ont choisi une route prestigieuse pour lancer leur campagne de records 2008. Le maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild sera le premier multicoque de la G Class à s’attaquer à ce parcours long de 14 000 milles. Objectif : Etablir un temps de référence en maxi multicoque entre New York et San Francisco et améliorer le record d’Yves Parlier (Route de l’Or 1998, à bord du monocoque 60 pieds Aquitaine Innovation).

Le Horn à contre-sens

Les 14 000 milles qui séparent New York de San Francisco offrent un panel météorologique et stratégique diversifié et complexe. Outre le franchissement à " contresens " (d’est en ouest) du Cap Horn, qui constitue déjà en soi un défi compte tenu des forts vents d’Ouest qui y règnent, les hommes de Gitana 13 devront négocier deux passages de Pot-au-Noir et de l’Equateur (Atlantique et Pacifique), ce qui sous-entend naturellement des changements d’hémisphères, et pas moins de quatre anticyclones. Sans oublier les longues journées de navigations dans le Pacifique Sud, le long des côtes de l’Amérique Latine. Un Océan plutôt méconnu mais réputé pour sa dureté par les marins qui s’y sont un jour aventurés.
Pour preuve de la difficulté de l’exercice, de 1854 à 1994 pas moins de douze voiliers se sont élancés sur cette route … seuls six ont rallié San Francisco. Glané en 1998 dans le cadre d’une course nommée « la Route de l’Or », le record est à ce jour détenu par Yves Parlier et son équipage en 57 jours 3 heures 21 minutes.

En 6 jours à l’Equateur?

Sylvain Mondon, prévisionniste pour la sécurité en mer chez Météo France et fidèle routeur du Gitana team, nous expose les conditions météo qui attendent Lionel Lemonchois et son équipage : « A l’heure du départ, Gitana 13 profitera d’un flux de Nord-Nord Ouest, compris entre 15 et 20 nœuds. Des conditions maniables qui leur permettront de s’éloigner rapidement des côtes. Le trafic maritime particulièrement intense au large de New York réclamera cependant de la vigilance sur le pont durant les premières heures de ce record. La principale difficulté de ce début de course consistera à ne pas se faire rattraper par l’Anticyclone des Bermudes, situé à la latitude de l’arc antillais. Cela obligera l’équipage de Gitana 13 à mettre de l’Est dans sa route. Les derniers routages nous confèrent un temps théorique de 6 jours à l’Equateur. »

Dix hommes pour relever le défi

Pour cette campagne ambitieuse sur les mers du globe, la barre de Gitana 13 a été confiée à Lionel Lemonchois. Equipier d’Isabelle Autissier à bord des monocoques 60 pieds Ecureuil Poitou-Charentes en 1994, puis PRB en 1998 sur ce même parcours, s’apprête à renouer avec une route et des paysages qui lui sont familiers.
Homme de défi, comme il a su le démontrer lors de la Route du Rhum 2006, à bord de Gitana 11, en remportant magistralement l’épreuve en 7 jours, 17 heures, 19 minutes et 6 secondes, Lionel Lemonchois sera épaulé par neuf membres d’équipage. Un groupe soudé, parmi lesquels nous retrouvons bon nombre de fidèles du Gitana Team comme Thierry Duprey du Vorsent, Olivier Wroczynski, Léopold Lucet ou encore Dominic Vittet.

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Le programme des tentatives de Gitana 13, de janvier à octobre 2008

. La Route de l’Or (New York – San Francisco par le Cap Horn)
. Traversée du Pacifique Nord (San-Francisco – Yokohama)
. Yokohama – Dalian
. Dalian – Taipei
.Taipei – Hong-Kong
. La Route du Thé (Hong-Kong – Londres)

L’équipage de Gitana 13 entre New York et San Francisco

Lionel Lemonchois (Skipper / barreur / chef de quart)
Dominic Vittet (navigateur)
Thierry Duprey du Vorsent (barreur/ chef de quart)
Ludovic Aglaor (barreur/ chef de quart)
Olivier Wroczynski (régleur /responsable informatique)
Fred Le Maistre (régleur)
Nicolas Raynaud (régleur / responsable Vidéo)
David Boileau (N°2 / régleur/ responsable accastillage)
Léopold Lucet (N°1 / responsable intendance)
Florent Chastel (N°1 / régleur)

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Joyon : mât consolidé et confiance retrouvée

idec
DR

Profitant d’une accalmie (relative) de la météo et d’une houle mieux ordonnée, Francis a, pour la quatrième fois en 5 jours, procédé hier à l’escalade des 32 mètres du mât de son maxi-trimaran IDEC. Au bout d’une heure et demie de labeur en équilibre dans son baudrier de montagnard, il est redescendu, visiblement satisfait de l’état des lieux et de la réparation effectuée sur l’ancrage défaillant de son hauban tribord.

La confiance revient…

Vent arrière et à 180 degrés de la route durant une partie de l’après-midi, Joyon, qui ne remet jamais à plus tard ce qu’il peut faire dans l’instant, a profité hier du premier répit offert par la fin de l’alizé pour effectuer une dernière visite à son mât blessé. Les derniers entretiens téléphoniques avec Dominique Marsaudon, fabricant du mât et les architectes Nigel Irens et Benoit Cabaret avaient achevé de le convaincre sur les mesures à prendre pour sécuriser au maximum un ancrage de hauban dont l’axe, en se dévissant, menaçait de précipiter la chute du mât. C’est donc armé de sangles et surtout d’un bon gros marteau que Francis s’est hissé au dessus de la plate-forme du trimaran. Il a dans un premier temps, et avec un réel soulagement, constaté que l’axe incriminé n’avait pas bougé depuis l’Equateur ; "Et pourtant, trois jours de près dans l’alizé auraient pu avoir des conséquences fâcheuses…" Francis a ensuite utilisé les grands moyens ; "J’y suis allé franchement" avoue-t-il, et on imagine que le pas de vis soumis au martèlement du marin de Locmariaquer, est dorénavant "grippé" de manière définitive. "J’ai ensuite fixé le petit capot de protection et ai procédé au sanglage de l’ensemble avec force bouts et spectra." Ainsi bandé et consolidé, l’espar a redonné confiance et sérénité au skipper d’IDEC. " Je me sens rassuré et j’ai retrouvé un important capital confiance en mon mât".

50 nœuds dans le golfe de Gascogne?

En pleine zone de transition en bordure de l’anticyclone des Açores, Francis a poursuivi aujourd’hui la tournée d’inspection de son trimaran à ses dires "bien fatigué". Sous gennaker et grand voile définitivement bloquée au premier ris, IDEC va jouer ses dernières cartes avant le sprint final vers Brest. Dès le début d’après-midi, Joyon déclenchait un empannage à l’ouest, afin de se dégager de la zone de calme. Bâbord amure, il s’en va chercher un peu plus de pression avant de renvoyer à nouveau la toile, côté tribord cette fois, pour le grand sprint vers Brest. Une nouvelle dépression très creuse évolue dans son Nord Ouest. En accrochant sa bordure sud, IDEC évoluera dans des régimes soutenus de Sud Ouest fort propices pour rallier la pointe de Bretagne. "On annonce 50 noeuds au plus fort de la dépression" explique sans émotion Francis Joyon. "A moi de bien me positionner pour éviter le plus fort du vent. Il est certain que je vais au moins recevoir 30 à 35 noeuds. " Point de regrets à avoir donc quant à la perte de ce premier ris. Aux allures portantes et avec une houle bien orientée, IDEC pourrait nous offrir un final digne des performances alignées depuis le départ de Brest voici 54 jours seulement…

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Le leader invité à la patience…

Paprec virbac
DR

« Hugo Boss est encore sous l’effet des basses pressions alors que Paprec-Virbac 2 négocie l’anticyclone de Sainte Hélène et d’autres systèmes de hautes pressions migrateurs, pas faciles à anticiper", a expliqué Jérémie. "Ca plante par l’avant, mais ça repart aussi par l’avant ! Je pense que Jean-Pierre et Damian ont un coussin suffisant. Leur position actuelle n’est pas forcément stressante mais sûrement pas agréable. Dans ces cas là, ma méthode est de faire tourner les routages pour me rendre compte que mon avance est suffisante pour contenir l’adversaire ! » Parole de régatier incorrigible !

Une pointe à 35 noeuds pour Temenos II!

En direct de Bretagne nord – où les conditions météo ressemblent à celles du Grand Sud avec beaucoup de vent et un ciel gris – le skipper de Delta Dore a aujourd’hui pu converser avec la quasi-totalité de la flotte, exception faite d’Hugo Boss, injoignable. L’occasion pour lui de saluer ses "camarades de classe" (IMOCA), et de les remercier pour leurs messages d’encouragement envoyés après le démâtage l’ayant contraint à l’abandon. "La proposition de venir nous récupérer était sympa", a-t-il notamment lancé à Michèle Paret, qui à bord de Temenos II nous relatait aujourd’hui les moments à la fois tendus et inquiétants vécu ces derniers jours : dans des conditions très musclées, Temenos II a en effet amélioré son propre record de vitesse avec une pointe à 35,3 noeuds ! "Il faut avoir le coeur bien accroché ! Seule j’aurais certainement davantage levé le pied, ce n’est pas tous les jours que l’on passe les 30 noeuds. Sensations fortes garanties ! C’est bien de pouvoir vivre ça avec Dominique ! », expliquait Michèle qui avouait vivre avec l’angoisse de la casse, et se disait heureuse de pouvoir compter sur la sérénité de Dominique.
Le tandem Wavre – Paret contient ainsi les assauts d’un Mutua Madrileña qui continue à marcher fort , et qui fait route vers le Horn à la faveur d’une dpéression qui ne devrait pas le lâcher avant cette prochaine et mythique marque de parcours. Et si Pachi Rivero faisait ce matin état de maux de tête, ceux-ci semblent avoir régressé à la faveur d’une meilleure hydratation, conseillée par le Dr Muñoz, coordinateur médical de l’épreuve. Et si aucun souci ni fatigue physique n’est à déplorer sur Educacion Sin Fronteras, Albert Bargués a concédé ressentir une certaine lassitude vis à vis de la monotonie des journées alors que le cap des 66 jours de mer a été franchi. Albert et Servane se préparent à effectuer l’empannage qui leur permettra de faire route directe vers le cap Horn, qu’ils devraient passer le 23 janvier selon les dernières simulations.

Ils ont dit :

Jean-Pierre Dick, Paprec-Virbac 2 :
"On est au près en avant du front et il ne faut pas que ce dernier nous rattrape ! Paprec-Virbac 2 marche entre 10 et 13 nouds. On va finir par arriver au niveau du Brésil, le vent devrait adonner et passer à l’est. Il faut être patient ! Mais, il est vrai que je ne m’attendais pas à tant de près en Atlantique (…) Et là, c’est un peu Orangina (ndlr : complètement secoué !)

Servane Escoffier, Educacion Sin Fronteras :
"Nous faisons attention à la consommation d’énergie, nous éteignons les ordinateurs et autres appareils plus souvent. Rien d’alarmant, on fait attention mais pour le moment ce n’est pas inquiétant (…) Ce qui est sûr c’est qu’en mer, on est bien plus conscients de ça et une fois rentrée à la maison je serai également plus vigilante. On se rend compte que nos consommations sont énormes (…) Un tour du monde, ça fait aussi ouvrir les yeux sur l’état de la planète, et ce sera d’ailleurs l’objet d’un prochain message."

Le classement du 16/01/2008 à 15h
1 PAPREC-VIRBAC 2 à 5295 milles de l’arrivée
2 HUGO BOSS à 594 milles du leader
3 TEMENOS II à 2317 milles
4 MUTUA MADRILENA à 2552 milles
5 EDUCACION SIN FRONTERAS à 3447 milles
ABD VEOLIA ENVIRONNEMENT
ABD ESTRELLA DAMM
ABD DELTA DORE
ABD PRB

(source Barcelona World Race)

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Hugo Boss a repris 160 milles à Paprec-Virbac

hugo boss
DR

Comme prévu hier par Damian Foxall, Hugo Boss est bel et bien revenu sur le bateau de tête. Alex Thomson et Andrew Cape sont ce matin à 653 milles (contre 810 hier matin) dans le Sud Sud Ouest de Paprec-Virbac 2. Le leader a perdu 160 milles en 24 heures. Et ce n’est sans doute pas fini ! En effet, le différenciel de « VMG » (vitesse efficace par rapport à la route directe) est énorme entre les deux bateaux : 6,1 nœuds pour Paprec-Virbac 2 contre 14,7 nœuds pour Hugo Boss.
Toutefois, si la route de Jean-Pierre Dick et Damian Foxall semble clairement faite pour les jours à venir de navigation au près dans des brises faibles à modérées, celle du tandem Thomson/Cape s’annonce compliquée avec l’arrivée d’une dépression le long des côtes argentines.

Dans le Pacifique, Temenos II, toujours dans le front est encore le plus rapide de la flotte ce matin avec 15,6 nœuds de moyenne. Mutua Madrilena semble avoir moins de vent. L’équipage espagnol est trois nœuds moins rapide. L’écart entre eux est ce matin de 267 milles (contre 88 dimanche dernier). La paire Wavre/Paret resserre également l’écart avec les leaders : en 24 heures, ils ont repris 138 milles à Paprec-Virbac 2. Le vent souffle à 30-35 nœuds sur la route du cap Horn, mais les conditions de mer sont toujours très dures et risquées pour le matériel, d’où des vitesses relativement faibles par rapport à la force et à la direction du vent.

Educacion sin Fronteras poursuit sa route Est. Servane Escoffier et Albert Bargués évoluent ce matin à 13,1 nœuds. Ils sont à 2200 milles du cap Horn (4000 km), soit une semaine de navigation à ce rythme.

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Joyon espère arriver dimanche ou lundi

idec
DR

Si le début de nuit dernière avait dans un premier temps pris de nouveau des allures de "galère", avec ces grains venus de nulle part bousculer, avec leurs 35 noeuds tourbillonnants, le grand trimaran IDEC et son skipper solitaire, la fin de nuit procurait à Francis Joyon une accalmie bienvenue. En se calant franchement à l’Est, l’alizé dans le sud des Açores, tout en faiblissant significativement, s’est fait plus régulier, facilitant la remontée cap au Nord du grand multicoque rouge. Travers au vent, solidement appuyé sur son flotteur bâbord, IDEC filait ainsi aux premières lueurs du jour ses 16-18 noeuds sur une mer toujours "mal rangée". Teintée d’un brin de lassitude, la voix de Francis trahissait aussi un peu de soulagement. Si la menace de voir son hauban se désolidariser du mât reste bien présente, l’horizon du solitaire, après 53 jours de lutte ininterrompue, semble plus limpide, avec une stratégie de route conforme aux schémas bien connus de l’Atlantique Nord, autour de l’anticyclone, puis à fond dans les flux de Sud Ouest qui balaient aujourd’hui déjà le quart Nord Ouest de l’hexagone….

"Des grains de chez grains…"

"J’ai eu des grains hyper forts en début de nuit," raconte Joyon, "avec 35 noeuds et derrière des coups de calmes. Il a fallu beaucoup manoeuvrer et depuis ce matin, j’ai pu renvoyer de la toile. Sous un ris et solent, je navigue à présent sur le bon bord à 16 ou 17 noeuds de vitesse. Le bateau tape moins, bien en appui sur son flotteur." Francis conserve ainsi une trajectoire limpide, cap plein nord, vers l’archipel des Açores sous lequel paresse le centre des hautes pressions. En abordant ces dernières par le sud, IDEC va sentir le vent tourner sur son tableau arrière et c’est au portant qu’il faudra négocier l’entrée dans les régimes d’ouest. Un premier empannage bâbord amure permettra de parer les îles, puis un second côté tribord cette fois, qui marquera concrètement le début du sprint final au portant vers Brest.

Demain en tête de mât

Avec la rotation du vent, Francis attend surtout l’amélioration de l’état de la houle. Sur une mer apaisée, il pourra alors effectuer une 4ème escalade en tête de mât. Un moment crucial dans ce tour du monde puisqu’il permettra à Francis d’évaluer très précisément ce qu’il sera en mesure d’exiger du trimaran jusqu’à l’arrivée. "En approche de l’anticyclone, le vent mollit et dès que la houle s’arrangera, demain matin, je compte retenter l’escalade dans le mât pour sécuriser mes réparations. Il me faut valider le maximum de chose dans le mât et sécuriser définitivement cet ancrage de hauban…" Rassuré sur l’état de son mât, Francis Joyon pourrait envisager sereinement les dernières journées de mer qui l’attendent. Le schéma météo est, de son propre aveu, "favorable", mais il convient de ne pas lambiner en route ; "On imagine avec des vents d’ouest d’arriver le 20 ou le 21janvier (dimanche ou lundi ndlr). Il ne faut pas trop traîner car après le 21 il y a des calmes et du près dans le Golfe. Je veux profiter des vents de Sud Ouest de cette fin de semaine pour rejoindre la Bretagne."

Un bateau très fatigué.

"Après mes problèmes de trinquette hier, je constate des fatigues un peu partout sur le bateau. J’ai perdu un peu confiance dans mes lashings en spectra et je constate que ça lâche un peu partout". Après 25 000 milles à haute vitesse, IDEC a un peu perdu de sa splendeur, mais rien de son panache ni de sa superbe. Car en dépit des avaries qui contrarient depuis l’équateur sa progression, Joyon et son grand multicoque possédent ce soir 2900 milles d’avance sur le trajet record d’Ellen MacArthur. La barre hautement symbolique d’un tour du monde en moins de 60 jours demeure, si tout va bien, à portée d’étraves.

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Hugo Boss revient dans le match

Hugo Boss
DR

« C’est la pire des situations pour nous ! C’est rageant ! Tout le travail réalisé dans le Pacifique est mis à mal. » Si le grand Sud est comme une longue ascension à endurer dans le gris et le froid, l’ensoleillé Atlantique est une toute autre épreuve, comme l’explique Jean-Pierre Dick, ralenti par des vents contraires tandis qu’Hugo Boss déboule au portant dans une brise soutenue. Depuis lundi après-midi, Alex Thomson et Andrew Cape croquent à belles dent les milles qui les séparent des leaders. 183 milles repris en 24 heures (entre 12h GMT hier et 12 h GMT aujourd’hui). Au dernier pointage, Hugo Boss n’était plus qu’à 614 milles de Paprec-Virbac 2. Et l’élastique n’a sans doute pas fini de se retracter entre les deux concurrents. A noter également que Temenos II a lui aussi repris des milles au leader : 160 milles en 24h.

« C’est rageant ! »

Le répit moral et physique aura donc été de courte durée pour Jean-Pierre Dick et Damian Foxall. Cinq jours après leur passage du cap Horn, la pression est remontée d’un cran avec ce fulgurant retour d’Hugo Boss. Ce coup d’accordéon était attendu par les leaders, mais entre le prévoir et le vivre, le stress n’est pas le même. « La direction du vent est mauvaise. On ne va jamais passer au portant selon nos prévisions. On va remonter toute la côte au près, au près . C’est rageant ! Ça me rappelle le Vendée Globe où j’avais perdu 1000 milles en quelques jours ! J’espère franchement que la vapeur va s’inverser. On se focalise sur notre vitesse. Il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre », commente le skipper de Paprec-Virbac 2.

50 noeuds pour Hugo Boss?

La régate reprend donc ses droits en Atlantique Sud. D’autant que les deux bateaux de tête vont évoluer encore pendant plusieurs jours dans des systèmes météo bien différents. Jean-Pierre Dick et Damian Foxall doivent composer avec des brises contraires et modérées. Ils remontent vers le Nord en tirant des bords pour atteindre au plus tôt les alizés. Le duo anglo-saxon va lui essuyer une dépression : « on attend jusqu’ à 50 noeuds de vent et une mer difficile, mais nous devrions continuer à bien progresser vers les côtes brésiliennes », précise Alex Thomson, « Il faudra en revanche être très attentif à notre positionnement dans le front, car à quelques milles de différence, on peut se retrouver au près ou au portant ! » Situation délicate donc, mais rapide, assurément plus rapide que Paprec-Virbac 2. Ensuite, l’avenir nous dira si l’anticyclone de Saint Hélène sera là pour barrer la route au bateau noir, ou s’il se sera évanoui vers l’Est. A 5 500 milles de l’arrivée (10 000 km), soit trois bonnes semaines de mer avant Barcelone, rien n’est donc joué. Jean-Pierre Dick et Damian Foxall sont certes très bien installés en tête depuis plus de cinq semaines maintenant, mais la paire Thomson/Cape ne va sûrement pas laisser passer une aussi belle opportunité de revenir titiller la première place.
Les occasions ne vont de toute façon pas manquer d’ici la ligne d’arrivée : après Sainte Hélène à contourner, l’équateur et son pot au noir à négocier il y a aura encore Gibraltar à passer et la Méditerranée, tant redoutée des régatiers. Et nul n’est à l’abri d’un grave souci technique.

Dur Pacifique pour les autres

Dans le Pacifique, la nuit a été difficile. « On s’est bien fait secouer », lance sobrement Dominique Wavre. 45 noeuds avec des rafales à 50 et une mer toujours très hâchée, difficile à négocier et « casse bateau »… le cocktail a causé une petite avarie à bord de Mutua Madrilena : la grand voile s’est déchirée sur 30 cm. Javier Sanso et Pachi Rivero ont bataillé six heures dans des conditions très difficiles pour réparer. Pendant ce temps, Temenos II s’était envolé 300 milles devant. Mais le moral reste au beau fixe à bord de Mutua Madrilena. Le duo espagnol a par ailleurs décidé de plonger Sud pour doubler le cap Horn, même s’ils sont conscients que les icebergs sont forcément proches. « Nous n’avons jamais été aussi Sud (55° Sud), mais tant que la météo nous sera favorable, nous persisterons dans cette option », précisait Javier Sanso dans un email envoyé ce matin.

Le raisonnement "glaces" est bien différent pour Dominique Wavre : « nous sommes déjà dans une zone à risque. Nous sommes d’ores et déjà en veille active permanente au radar et sur le pont. La visibilité n’est pas bonne et les nuits sont un peu trop longues à mon goût ! » A 1000 milles du cap Horn, Temenos II devrait être de retour en Atlantique vendredi ou samedi prochain. Enfin, Educacion sin Fronteras fait route direct vers le myhique rocher depuis ce matin : « ça y est, on est pile sur la route, à 18-20 nouds sous spi, on a un bon flux d’Ouest établi pour les prochains jours, ça devrait être pas mal ! » Si Servane et Albert maintiennent ce rythme, ils pourraient doubler le Horn d’ici une semaine.

Classement du 15 janvier à 15h

1. PAPREC-VIRBAC 2 à 5465 milles de l’arrivée
2. HUGO BOSS à 614 milles du premier
3. TEMENOS II à 2426 milles du premier
4. MUTUA MADRILENA à 2716 milles du premier
5. EDUCACION SIN FRONTERAS à 3560 milles du premier
ABD. VEOLIA ENVIRONNEMENT
ABD. ESTRELLA DAMM
ABD. DELTA DORE
ABD. PRB

(source Barcelona World Race)

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IDEC de nouveau au-dessus des 400 milles par jour

idec
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Reste une trajectoire encore éloignée de la route directe, et des milles vers Brest très durement gagnés. Mais l’alizé doit prendre aujourd’hui une orientation plus franche à l’Est qui permettra à Francis Joyon de lofer enfin et d’améliorer on VMG (Velocity Made Good), soit le gain efficace vers son but. Tout cela a bien entendu un prix ; le prix de voir depuis 48 heures le trimaran sollicité par près de 24 000 milles de course taper toujours et encore dans la forte houle alizéenne, et le prix du stress engendré par cette épée de Damoclès suspendue plusieurs dizaines de mètres au-dessus du pont du trimaran. Prudent et au petit soin pour son mât blessé, Joyon s’attache à plus que jamais rester en phase avec l’évolution des systèmes météos qui préfigurent sa route du retour. D’ici 24 heures, il lui faudra négocier un crucial virement de bord sous l’anticyclone des Açores, gérer au mieux une zone de transition et attraper les flux d’Ouest qui le ramèneront à la maison. Aller vite, sous la menace, toujours, encore…

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“Accalmie” pour Temenos II et Mutua Madrilena

temenos II
DR

Après une nuit très mouvementée, le vent s’est – un peu – calmé pour l’instant pour Temenos II et Mutua Madrilena (30-35 noeuds) dont les vitesses respectives ont chutées ce matin à 15,5 et 10,6 nœuds. Dominique Wavre et Michèle Paret on bien exploité ces brises, recreusant l’écart sur le tandem espagnol. 172 milles (contre 130 hier soir) les séparent ce matin, dans cette jolie bataille pour la troisième place. Les deux bateaux évoluent par 53° Sud de latitude, les icebergs ne doivent pas être très loin…

Educacion sin Fronteras est bien remonté (49° Sud). Ils naviguent au Nord du système dépressionnaire dans lequel ils évoluaient hier. Servane Escoffier et Albert Bargués sont en passe de franchir la porte de sécurité des glaces. Ils vont pouvoir s’attaquer à leur tour à la dernière longue ligne droite avant le cap Horn.

En Atlantique, les deux leaders évoluent dans une brise modérée de secteur Nord Ouest. Paprec-Virbac 2 se rapproche des hautes pressions, tandis qu’Hugo Boss, ce matin au large de la Terre de feu, fait cap sur les Malouines qu’il devrait doubler par l’Est. Le duo Thomson/Cape devrait profiter dans les heures à venir d’un meilleur angle de vent que Paprec-Virbac 2. Le bateau noir a d’ailleurs repris 46 milles au leader dans la nuit.

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De part et d’autre du Horn, au 65e jour…

Educacion Sin Fronteras
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Deux océans, deux météos et des stratégies bien contrastées animent depuis ce week-end la Barcelona World Race. En Atlantique, le soleil retrouvé redonne le sourire aux marins, même si des casse-têtes météo se profilent devant leurs étraves. En route vers le Horn, l’ambiance est froide, trempée, secouée, mais la vitesse et l’espoir de la proche délivrance stimulent les esprits des skippers. En Atlantique Sud, la situation météo est propice à un effet d’accordéon au bénéfice d’Hugo Boss. Pour le moment en tous cas. En effet, pour Paprec-Virbac 2, le vent va faiblir en s’orientant au Nord, soit pile sur sa route. Jean-Pierre Dick et Damian Foxall vont devoir tirer des bords de près pour remonter vers les alizés. Alors que plus au Sud, Hugo Boss devrait pouvoir attraper des brises plus soutenues de secteur Nord Nord Ouest. Ce coup d’accordéon a d’ailleurs déjà commencé car en 24 heures, les hommes en noir ont gagné plus de 60 milles sur les leaders. Mais Alex Thomson et Andrew Cape doivent pour l’heure se dégager des Malouines. Ensuite, ils auront, eux aussi, à franchir la dorsale anticyclonique située dans leur Nord. Ils seront alors probablement freinés à leur tour. Le but des deux leaders est donc de rester « bloqués » le moins longtemps possible entre deux systèmes météo. Or, ces masses d’airs fluctuent et se déplacent constamment et, malgré les moyens techniques qui permettent aux marins d’actualiser régulièrement leurs fichiers météo, trouver le meilleur passage n’est jamais aisé. « On se concentre sur notre navigation. Notre objectif est de maintenir notre leadership, de naviguer proprement en regardant bien sûr dans le rétroviseur de temps en temps ! La route est encore longue, 2700 milles (5000 km), chaque mille de gagné est important. Nous surveillons le matériel très régulièrement, mais le bateau a été très bien préparé, ce qui est extrêmement appréciable. », expliquait Damian Foxall à la vacation du jour. Un Damian qui reprend visiblement des couleurs au fur et à mesure qu’il remonte vers le Nord, vers le soleil.

Avantage Temenos II

Dans le Pacifique, les préoccupations sont bien différentes, forcément. Les fronts dépressionnaires tant attendus par les trois duos en route pour le cap Horn sont enfin arrivés hier. Le vent a soufflé même très fort la nuit dernière pour Temenos II et Mutua Madrilena avant de se calmer, un brin, à 30-35 noeuds, au levé du jour (heure française).
Dominique Wavre et Michèle Paret ont obliqué vers le Nord en fin de nuit de dernière. Cette habile tactique a permis au couple franco-suisse de se maintenir dans le front. Temenos II affiche depuis ce matin une belle moyenne de 15-16 nouds. C’est le bateau le plus rapide de la flotte aujourd’hui. « On a bien avancé, le bateau a pu exprimer pleinement son potentiel, et on ne se gêne pas pour tirer dessus ! », racontait Dominique Wavre, alors que dans leur Sud Ouest, le tandem Sanso/Rivero voit le vent faiblir et sa vitesse tomber autour de 10 noeuds. « Temenos II va creuser son avance, jusqu’à 250 milles d’ici demain, je pense. Nous préférons naviguer prudemment. Les conditions sont dangereuses pour le matériel (mer croisée et hachée). Il y aura d’autres occasions de revenir dans le match ! », positive Javier Sanso.

Brise portante et icebergs avant le Horn

Cette accalmie relative devrait en effet être de courte durée. Les météorologues prévoient des vents forts et favorables pour accompagner Temenos II et Mutua Madrilena jusqu’au cap Horn. « Le baromètre commence à baisser à nouveau, on attend un nouveau coup de vent d’ici quelques heures. Tout est prêt à bord. », ajoute Dominique. Temenos II et Mutua Madrilena sont à environ 1500 milles, soit 5-6 jours de navigation du Cap Horn. La brise leur permet aujourd’hui de faire route directe, mais Dominique Wavre signalait une plaque d’icebergs à contourner par son Nord avant d’atteindre le mythique rocher.
Educacion sin Fronteras a lui aussi mis du Nord dans sa route hier pour sortir d’un front, mais depuis ce matin, Servane Escoffier et Albert Bargués font à nouveau cap à l’Est à 14-15 nouds. « On 23-25 nouds de vent, on va pouvoir renvoyer de la toile. On va rester assez haut pour l’instant, ça glisse bien. On a pu se reposer, tout va bien à bord. C’est un bateau qui aime le vent ! », soulignait Servane.

Classement du 14 janvier à 15h

1. PAPREC-VIRBAC 2 à 5656 milles de l’arrivée
2. HUGO BOSS à 794 milles du premier
3. TEMENOS II à 2585 milles du premier
4. MUTUA MADRILENA à 2778 milles du premier
5. EDUCACION SIN FRONTERAS à 3580 milles du premier
ABD. VEOLIA ENVIRONNEMENT
ABD. ESTRELLA DAMM
ABD. DELTA DORE
ABD. PRB

(source Barcelona World Race)

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Nouvelles galères mais Joyon tient bon

idec
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"C’est un peu galère"… lâchée laconiquement et sans émotion palpable, cette petite phrase prend, pour ceux qui connaissent Joyon, une résonance bien singulière, teintée de sous entendus et de pudeur, pour ne pas dire la violence et la difficulté des moments vécus la nuit dernière. Dans un alizé bien loin de son image d’Epinal, IDEC s’est durement fait secouer face à une mer très hachée, et sous une succession de grains. Francis s’est évertué, aux dépens de tout repos, à atténuer du mieux possible les "souffrances " du bateau, s"écartant de la route, renvoyant puis reprenant un ris, alternant foc de tempête et trinquette, jusqu’à la tant redoutée succession de "petites" casses, celles qui pourrissent la vie du marin, au terme de 23 000 milles et 52 jours de course. Loin là-bas au large de la Mauritanie, l’angoisse chevillée aux tripes de savoir son mât fragilisé, Joyon n’a pourtant en rien relâché la pression du record. Son tableau de marche est tout tracé dans son esprit, de la sortie du régime d’alizés à la transition des Açores, jusqu’au train des forts régimes de Sud sud Ouest qui le ramèneront, coûte que coûte, vers Brest et la maison…

Litanie des avaries

Une nouvelle avarie aura donc à nouveau perturbé la progression du trimaran géant IDEC cette nuit. C’est l’étai de trinquette qui a cette fois fait les frais des chocs répétés contre la houle. "La voile est partie dans tous les azimuts" raconte Francis, "Et les petites avaries se sont enchaînées, avec une poulie brisée qui m’a fait un trou dans le pont… Il m’a fallu ressortir la boîte à outils et la résine, réparer le pont, récupérer ma voile…" 27, 28 noeuds de vent au près et dans une mer dure ont ainsi toute la nuit méchamment chahuté IDEC. Avec le premier jour, la rotation du vent à l’Est s’est faite plus précise. Plus que jamais en mode "record", Francis renvoyait alors et dès les premiers signes de « mollissement » un ris puis sa trinquette en lieu et place du petit tourmentin. "Je ne peux pas encore trop "jouer" avec la trinquette avoue Francis, car le tambour d’enrouleur est brisé…" Mais pour Joyon, à chaque problème, sa solution, quel qu’en soit le prix en temps et en effort physique. "Je ne me suis guère reposé tant le bateau tapait".

Bandage autour du mât

Obnubilé par la fragilité de son mât, Francis reste concentré à sa trajectoire et la bonne synchronisation avec l’enchaînement des systèmes météos à venir. Ce 53ème jour de course devrait lui apporter un peu de répit avec une mer mieux ordonnée et un angle de vent plus favorable. Se profile à moins de 36 heures de ses étraves le coeur de l’anticyclone des Açores, qu’IDEC laissera sur tribord, afin d’entrer sans trop de transition dans un flux de Sud Sud Ouest synonyme d’empannage. Francis aura préalablement profité des calmes de la proximité du centre des hautes pressions pour effectuer une nouvelle escalade du mât ; "Je vais en profiter pour effectuer une dernière évaluation des mouvements de l’axe qui tient le hauban" explique-t-il. "Je pense écraser le filtrage au marteau afin de le "gripper" définitivement. Je sécuriserai ensuite l’ensemble par un "bandage" autour du mât. J’ai déjà passé une drisse en doublement du hauban tribord".

Ayant ainsi fait tout ce qui est en son pouvoir, Francis Joyon abordera sa dernière ligne droite, son dernier sprint que les conditions de vent fort, 40-45 noeuds, annoncent homériques, à la mesure d’un tour du monde en tout point unique, et que le skipper d’IDEC tient plus que tout à clore en beauté.

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