De part et d’autre du Horn, au 65e jour…

Educacion Sin Fronteras
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Deux océans, deux météos et des stratégies bien contrastées animent depuis ce week-end la Barcelona World Race. En Atlantique, le soleil retrouvé redonne le sourire aux marins, même si des casse-têtes météo se profilent devant leurs étraves. En route vers le Horn, l’ambiance est froide, trempée, secouée, mais la vitesse et l’espoir de la proche délivrance stimulent les esprits des skippers. En Atlantique Sud, la situation météo est propice à un effet d’accordéon au bénéfice d’Hugo Boss. Pour le moment en tous cas. En effet, pour Paprec-Virbac 2, le vent va faiblir en s’orientant au Nord, soit pile sur sa route. Jean-Pierre Dick et Damian Foxall vont devoir tirer des bords de près pour remonter vers les alizés. Alors que plus au Sud, Hugo Boss devrait pouvoir attraper des brises plus soutenues de secteur Nord Nord Ouest. Ce coup d’accordéon a d’ailleurs déjà commencé car en 24 heures, les hommes en noir ont gagné plus de 60 milles sur les leaders. Mais Alex Thomson et Andrew Cape doivent pour l’heure se dégager des Malouines. Ensuite, ils auront, eux aussi, à franchir la dorsale anticyclonique située dans leur Nord. Ils seront alors probablement freinés à leur tour. Le but des deux leaders est donc de rester « bloqués » le moins longtemps possible entre deux systèmes météo. Or, ces masses d’airs fluctuent et se déplacent constamment et, malgré les moyens techniques qui permettent aux marins d’actualiser régulièrement leurs fichiers météo, trouver le meilleur passage n’est jamais aisé. « On se concentre sur notre navigation. Notre objectif est de maintenir notre leadership, de naviguer proprement en regardant bien sûr dans le rétroviseur de temps en temps ! La route est encore longue, 2700 milles (5000 km), chaque mille de gagné est important. Nous surveillons le matériel très régulièrement, mais le bateau a été très bien préparé, ce qui est extrêmement appréciable. », expliquait Damian Foxall à la vacation du jour. Un Damian qui reprend visiblement des couleurs au fur et à mesure qu’il remonte vers le Nord, vers le soleil.

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Avantage Temenos II

Dans le Pacifique, les préoccupations sont bien différentes, forcément. Les fronts dépressionnaires tant attendus par les trois duos en route pour le cap Horn sont enfin arrivés hier. Le vent a soufflé même très fort la nuit dernière pour Temenos II et Mutua Madrilena avant de se calmer, un brin, à 30-35 noeuds, au levé du jour (heure française).
Dominique Wavre et Michèle Paret ont obliqué vers le Nord en fin de nuit de dernière. Cette habile tactique a permis au couple franco-suisse de se maintenir dans le front. Temenos II affiche depuis ce matin une belle moyenne de 15-16 nouds. C’est le bateau le plus rapide de la flotte aujourd’hui. « On a bien avancé, le bateau a pu exprimer pleinement son potentiel, et on ne se gêne pas pour tirer dessus ! », racontait Dominique Wavre, alors que dans leur Sud Ouest, le tandem Sanso/Rivero voit le vent faiblir et sa vitesse tomber autour de 10 noeuds. « Temenos II va creuser son avance, jusqu’à 250 milles d’ici demain, je pense. Nous préférons naviguer prudemment. Les conditions sont dangereuses pour le matériel (mer croisée et hachée). Il y aura d’autres occasions de revenir dans le match ! », positive Javier Sanso.

Brise portante et icebergs avant le Horn

Cette accalmie relative devrait en effet être de courte durée. Les météorologues prévoient des vents forts et favorables pour accompagner Temenos II et Mutua Madrilena jusqu’au cap Horn. « Le baromètre commence à baisser à nouveau, on attend un nouveau coup de vent d’ici quelques heures. Tout est prêt à bord. », ajoute Dominique. Temenos II et Mutua Madrilena sont à environ 1500 milles, soit 5-6 jours de navigation du Cap Horn. La brise leur permet aujourd’hui de faire route directe, mais Dominique Wavre signalait une plaque d’icebergs à contourner par son Nord avant d’atteindre le mythique rocher.
Educacion sin Fronteras a lui aussi mis du Nord dans sa route hier pour sortir d’un front, mais depuis ce matin, Servane Escoffier et Albert Bargués font à nouveau cap à l’Est à 14-15 nouds. « On 23-25 nouds de vent, on va pouvoir renvoyer de la toile. On va rester assez haut pour l’instant, ça glisse bien. On a pu se reposer, tout va bien à bord. C’est un bateau qui aime le vent ! », soulignait Servane.

Classement du 14 janvier à 15h

1. PAPREC-VIRBAC 2 à 5656 milles de l’arrivée
2. HUGO BOSS à 794 milles du premier
3. TEMENOS II à 2585 milles du premier
4. MUTUA MADRILENA à 2778 milles du premier
5. EDUCACION SIN FRONTERAS à 3580 milles du premier
ABD. VEOLIA ENVIRONNEMENT
ABD. ESTRELLA DAMM
ABD. DELTA DORE
ABD. PRB

(source Barcelona World Race)