Mini-Transat. Record de vitesse et problèmes techniques pour Benoît Marie (Nicomatic)

Photo : Pauline Rucay

Mercredi, Benoît Marie a su profiter des conditions favorables pour passer la surmultipliée et afficher une vitesse moyenne de progression inédite au grand large à bord d’un petit bateau de 6.50 mètres. Le 1067 Nicomatic-Petit Bateau, équipé d’une paire de foils en U, de safrans avec des plans porteurs, repousse encore plus loin les curseurs de la performance. Il a cependant rencontré des problèmes techniques ce jeudi. Il reste en tête de la flotte devant le Suisse Mathis Bourgnon (934 – ASSOMAST). Benoit a battu plusieurs records de vitesse ces derniers jours avec une moyenne de 14,69 nœuds sur 24h00.

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Ce foiler, développé par Benoit et sa femme, Caroline Boule, en étroite collaboration avec l’architecte naval Sam Manuard, sidère les observateurs sur cette La Boulangère Mini Transat 2025. Mercredi, le leader de la course, qu’il a déjà remportée en 2013, a battu à trois reprises, coup sur coup dans les pointages, le propre record du bateau, établi en juillet 2024 par Caroline Boule. Au final, son meilleur score du jour s’établit à 352,59 milles parcourus en 24 heures (entre le 28 et le 29 octobre,17h TU) à la vitesse moyenne de 14,69 milles. « C’est assez hallucinant puisqu’on est à niveau de performance équivalent à un Class40 (bateau de 12,28 mètres, ndlr) moyen », commente le directeur de course Denis Hugues.
« Ce record, ce n’était pas un objectif en soi, mais Benoît a optimisé sa trajectoire dans des conditions favorables. Il y a eu très peu de vent les jours précédant, permettant une mer très plate propice aux accélérations quand l’alizé s’est établi », commente Caroline. « Pour tenir ce type de moyennes, il s’agit d’éviter les pics de vitesse et que le bateau retombe dans les vagues. Il s’agit de privilégier la stabilité de vol. À mon avis, Benoît, qui a tenu une moyenne de 14 nœuds sur 48 heures, a dû barrer la journée ; et il a dormi la nuit, passant le relais au pilote automatique, contraint, sans doute, à une vitesse maximum de 20 nœuds », imagine Caroline. A terre, elle peut se réjouir de voir son propre record tomber à bord de ce prototype révolutionnaire : « un foiler sans compromis, qui marche bien dans le petit temps et reste facile d’usage ».

Avec de telles vitesses, pas étonnant que Benoît Marie s’échappe devant et qu’il parvienne à constituer un matelas d’une centaine de milles d’avance, cumulés en une journée, sur ses plus proches poursuivants. Pourtant dans son tableau arrière, ceux-là n’ont pas démérité, comme le certifient les 316 milles enregistrés au compteur de Mathis Bourgnon (934 – Assomast). Bien décidé à tout donner, le skipper suisse qui s’est préparé à l’ancienne dans le jardin familial, pousse son plan Bertrand de 2017 dans ses retranchements. Au coude à coude avec Alexandre Demange (DMG Mori Sailing Academy II) toujours présent aux avant-postes, la bataille redouble d’intensité dans le sillage de l’intouchable premier de cordée.

Benoit Marie (1067 – Nicomatic Petit Bateau) a informé la direction de course cette nuit qu’il avait rencontré un problème technique. La Direction de Course a la confirmation qu’il est à bord mais ne dispose pas de plus de détails concernant cette avarie. Elle observe cependant une baisse de vitesse significative.

En tête, les solitaires plongent désormais au sud, cap au 180, afin de rester dans le flux d’alizé, sous la menace de l’arrivée d’une dorsale anticyclonique par le nord. Ils ont imité le Slovène Uros Krasevac (759 – Hashika II) et Robinson Pozzoli (1026 – UOUM), les plus prompts du premier peloton à empanner cette nuit pour s’éloigner de la route directe. Ils descendent à la chasse aux alizés profonds, garantissant de belles glissades sous spi, mais appelant également à une vigilance de tous les instants au passage de fréquentes lignes de grains. Une option suivie très tôt par les deux bateaux de l’écurie concarnoise menés par Thaïs Le Cam (1068 – Frérots Ad ) et Julien Letissier (1069 – Frérots Branchet). Ce dernier, pointé à plus de 12 nœuds en 6 e position, le plus rapide de la flotte ce midi, n’a visiblement pas dit son dernier mot.

« 80% de la flotte se dirige déjà vers le sud », notait ce matin Denis Hugues, qui surveille aussi de très près les progressions de ceux qui ont signalé des problèmes et qui pourraient faire escale au Cap Vert. C’est le cas de Timothée Villain-Amirat (756-Speedy Maltese), qui rencontre un problème de pilote. Idem pour Antoine de Malleray (950-Emeraude Voile Solidaire), qui a indiqué à l’un des six bateaux accompagnateurs escortant la flotte, subir « un back out », soit une panne électronique généralisée le privant de ses outils d’aide à la navigation et de l’usage se son pilote automatique.

De son côté Félix Oberle (1019 – Big Bounce), qui avait signalé faire escale en raison d’un problème de quille, semble avoir décidé de poursuivre sa route. Il a désormais dépassé la longitude du Cap Vert et progresse à une vitesse sur le fond d’une dizaine de nœuds suggérant que tout va bien à bord.

La direction et l’organisation de la course restent par ailleurs en contact étroit avec le bateau accompagnateur Señor Blue, skippé par l’architecte naval Etienne Bertrand, bord à bord depuis la nuit dernière avec Foucauld Malard (621 – L’arche Lille & Mare E Vela), privé de ses deux safrans. Après avoir essayé d’installer un aviron en guise de gouvernail de fortune, le skipper lillois a dû, cet après-midi, se résoudre à embarquer à bord de Señor Blue, qui fait route vers Mindelo.

Paul Cousin prend les commandes chez les séries
Chez les séries, le vent du changement souffle en tête de flotte. Ce jeudi, Paul Cousin (981 – AFP Groupe Biocombustibles) s’empare du leadership grâce à une trajectoire précise et rapide, bien décalée dans le sud du plan d’eau. Le skipper, qui progresse à belle allure sur sa route vers la Guadeloupe, imprime désormais le rythme d’une flotte en pleine glissade vers les alizés.

Plus au nord, l’Espagnol Hugo Ramon (1054 – Cristal Mina-Majorica) et Matéo Lavauzelle (1044 – Brets–Don du sang bénévole) voient leur progression ralentir sensiblement dans un vent de nord-est tombé sous les 10 nœuds ce jeudi midi. Tandis que les plus méridionaux continuent de filer, la hiérarchie pourrait bien se stabiliser sur cette autoroute du sud où les vitesses redeviennent soutenues.