Ce samedi, après huit jours de course, les leaders de la flotte de la 23e Mini Transat EuroChef sont à la mi-parcours de cette deuxième étape entre Santa Cruz de La Palma et Saint-François. Si les 1 350 milles qu’ils leur restent à présent à parcourir s’annoncent, heureusement, un peu plus rapides que ceux qui se trouvent désormais dans leurs sillages, la route des Antilles ne ressemble cependant pas encore à la grande autoroute des alizés. Ces derniers restent poussifs, même à la latitude du Cap Vert, ce qui a pour effet d’inciter les solitaires à poursuivre encore et encore leurs investissements au sud dans l’espoir de profiter de davantage de pression.
Généralement, lorsque l’on évoque les alizés, ces vents réguliers des régions intertropicales, on imagine d’office de longues cavalcades sous spi, des surfs endiablés et les quelques éventuelles sorties de pistes qui vont avec. Le hic, c’est que depuis le départ des Canaries, le 29 octobre, ces derniers demeurent mal établis ou mollassons, et qu’en prime, une vaste zone de calmes s’étend au milieu de l’Atlantique. Si une poignée d’irréductibles – aujourd’hui quelque peu prisonniers de leur option-, parmi lesquels Antoine Bos (825 – Rhino), Anne-Gaël Gourdin (626 – Cassini), Hugo Picard (1014 – SVB Team), Pierre Meilhat (485 – Le Goût de la Vie) ou encore Victor Eonnet (525 – Fondation Arthritis – Amiens Naturellement), persistent au nord, l’ensemble des concurrents a désormais bien compris que le salut passait par le Sud. Tous continuent donc d’investir dans cette direction et, par ricochet, de rallonger considérablement leurs routes. Pour preuve, le gros du peloton évolue aujourd’hui entre 300 et 400 milles sur la route orthodromique. Le plus incroyable c’est qu’aujourd’hui la plupart des solitaires continuent de descendre, et à raison puisque certains routages les font glisser jusqu’à 11° Nord. La latitude de la Guinée-Bissau, rien de moins !
Jusqu’à 11° Nord ?
Rarement – et même jamais – dans l’histoire de l’épreuve on a vu un tel scénario se produire, même lorsque l’archipel Cap Verdien était un point de passage obligé, comme lors de l’édition 2017. « On peut malgré tout douter du fait que les Ministes descendent si bas car ils ne bénéficient évidemment pas de données météo aussi précises que celles que nous avons à terre », estime Denis Hugues, Directeur de course. Certes, sans informations autres que celles, succinctes, qui leur sont fournies une fois par jour à la BLU, il n’est pas évident que certains se lancent dans un pari d’une telle ampleur. En attendant, il faut bien admettre que les plus sud sont aussi les plus rapides, en témoigne le parcours de Pierre Le Roy. Décalé d’une cinquantaine de milles plus bas que ses adversaires directs, le skipper de TeamWork, par ailleurs météorologue de profession, est le seul de la flotte à afficher des vitesses moyennes à deux chiffres au dernier pointage. De part son positionnement, il profite d’un poil plus de pression que les autres mais compose malgré tout, lui aussi, avec un flux très irrégulier. Un vent qui souffle entre 18 et 24 nœuds et oscille jusqu’à 30° en direction. Dire qu’il y a de l’instabilité dans l’air est donc un euphémisme, et cela ne va pas s’arranger à l’approche de l’arc Antillais. Les premiers grains sont d’ores et déjà annoncés.