Magnifique victoire pour le nouveau plan Farr de Loick Peyron, construit en Nouvelle Zélande par Southern Ocean Marine. Mis à l’eau et mâté à La Trinité/mer en juillet dernier, Gitana Eighty a donc enchaîné deux courses océaniques en un mois et demi. Après une transat Jacques Vabre en demie teinte suite à un passage du Pot au Noir difficile, Loïck Peyron a remarquablement maîtrisé cette course retour entre Salvador de Bahia et Port la Forêt : alors que huit solitaires étaient encore à touche touche après l’équateur, le Baulois a parfaitement géré la traversée Sud-Nord du Pot au Noir et sortait de cette zone de calmes et de grains avec plus de quarante milles d’avance. Une avance qu’il a conservé pendant presque toute cette remontée de l’Atlantique Nord, inquiété seulement quelques jours par le retour de Marc Guillemot (Safran) et de Yann Eliès (Generali). Mais ces deux concurrents connurent des problèmes techniques plus pénalisants que ceux de Loïck Peyron…
Ce dernier n’a en effet eu comme souci à bord que l’arrachement de sa girouette en tête de mât, un incident qui pourrait paraître anodin mais qui a sérieusement handicapé le skipper. Car les données vent n’étaient plus fournies à la centrale de navigation et surtout, elles ne pouvaient plus être couplées au pilote automatique. Le solitaire a donc dû être très présent sur le pont dès que la brise était variable, ce qui s’est reproduit plusieurs fois, d’abord dans les alizés de secteur Est , puis au passage des Açores, enfin lors de la zone de transition au large de l’Espagne.
Kito de Pavant deuxième
Loïck Peyron n’aura donc mis que quatorze jours neuf heures treize minutes vingt cinq secondes entre Bahia et Bretagne sur cette transat Ecover-BtoB, soit une moyenne sur ce parcours de 4 120 milles de 11,94 nœuds par rapport à l’orthodromie. Longtemps incertain, le duel des dauphins a finalement tourné à l’avantage de Kito de Pavant sur Groupe Bel, qui s’est adjugé la seconde place de cette transat Ecover-BtoB en franchissant la ligne d’arrivée à Port la Forêt à 3 heures 22 minutes 49 secondes ce vendredi, soit seulement trois heures et neuf minutes après Loïck Peyron. Une très belle preformance pour le Méditerranéen sur son tout nouveau monocoque dessiné par VPLP et Guillaume Verdier et mis à l’eau seulement quelques semaines avant le départ de la transat Jacques Vabre, en novembre. De plus, c’était la première sortie en solitaire sur ce bateau de Kito de Pavant qui a parfaitement géré sa course malgré des soucis techniques dès le départ de Salvador de Bahia. Groupe Bel a parcouru les 4 120 milles de cette transat Ecover-BtoB en 14j 12h 22′ 49” à 11,83 noeuds par rapport à l’orthodromie.
Michel Desjoyeaux 3e… mais une belle frayeur
Alors que Loïck Peyron était en approche de la ligne d’arrivée devant le sémaphore de Beg Meil, le CROSS indiquait à la Direction de Course que Foncia avait percuté un petit bateau de pêche au large de Penmarc’h! Michel Desjoyeaux n’a rien pu faire et n’a pu que constater que son outrigger sous le vent (tube en carbone qui permet de tenir le mât latéralement) était cassé. Sans pouvoir virer de bord au risque de démâter, Michel Desjoyeaux a alors choisi de naviguer légèrement au vent du cap direct pour aller sur la ligne d’arrivée devant Port-la-Forêt. Il s’y ‘est finalement adjugé la 3e place de cette Transat Ecover B to B, à 4h43 ce matin.
Les deux prochains bateaux attendus sur la ligne sont deux anciens leaders de cette transat, tous deux handicapés par des avaries qui les ont empêché de défendre toutes leurs chances dans le derniers tiers de course : le Generali de Yann Elies qui devrait prendre la 4e place vers 9h30 ce matin et le Safran de Marc Guillemot, qui s’adjugera donc la 5e place.
Les premiers mots de Loïck Peyron :
" Bien ! Belle arrivée, nocturne et fraîche… Une course très intéressante à plusieurs niveaux : d’abord parce qu’on avait tous besoin de faire une transat en solitaire sur ces bateaux là. J’avais vraiment envie de refaire du solitaire : je n’en avais pas fait depuis la première transat Jacques Vabre en 1993 ! Et puis c’est une confirmation que ces monocoques sont physiques mais en le gérant bien, on arrive à s’en sortir. Il ne faut pas se laisser dépasser par les évènements… Les ennuis peuvent venir très vite : c’est arrivé à Michel Desjoyeaux juste après mon arrivée puisqu’il a percuté un petit bateau de pêche… Et moi, la nuit dernière, j’ai bien failli faire une grosse bêtise ! Il faut passer son temps à réfléchir à ce qui va se passer et il y a beaucoup de gamberge.
La bagarre s’annonce intense dans les mois qui viennent car le niveau des marins a franchement changé ! Il n’y en a pas un qui veut lâcher… Et moi non plus ! Quand on est tout seul, c’est vraiment plus compliqué et il y a beaucoup de travail. Le premier virement de bord devant Bahia, m’a pris une bonne demie heure… C’est dire qu’il ne faut pas chômer et le temps passe finalement très vite à bord puisqu’il y a toujours quelque chose à faire. Ce sont des bateaux assez durs à mener, passionnants et finalement assez véloces. Gitana Eighty est un très bon bateau, bien préparé et quand on voit que son sistership sur la Barcelona World Race, Paprec-Virbac, est en tête, cela démontre qu’il a un très bon potentiel ! "
Le podium :
1-Loïck Peyron (Gitana Eighty) en 14j 09h 13′ 25”
2-Kito de Pavant (Groupe Bel) en 14j 12h 22′ 49”, à 3h09’24” du 1er
3-Michel Desjoyeaux (Foncia) en 14j 13h 43′ 24", à 4h29’59 du 1er