Décidément, cette transat Ecover-BtoB aura été une excellente manière de valider les bateaux dans des conditions nettement plus agitées que lors de la course aller en double. Et force est de constater que les machines ont parfois des "pieds d’argile" puisque, non seulement sur ce parcours de 4 200 milles entre Salvador de Bahia et Port la Forêt, mais aussi à l’occasion de la Barcelona World Race (course autour du monde en double) qui se déroule en même temps, les avaries se succèdent touchant presque toute la flotte à des degrés divers. Surtout que ces problèmes techniques concernent presque tous les postes tant côté gréement et voiles qu’au niveau de la quille, des ballasts… Il y aura donc une longue et rigoureuse réflexion après l’arrivée pour connaître les raisons de ces avaries et surtout pour résoudre ces soucis. Cette fois, c’est Michel Desjoyeaux (Foncia) qui a été touché par cette "maladie" technique :
" Dans un grand fracas de carbone hier après-midi, la sous-barbe (un cordage en Kevlar de 15 mm de diamètre) s’est rompu et le bout dehors a explosé ! J’ai réussi à ramasser les morceaux et surtout à enrouler la voile sur elle même… Il n’y a pas de voie d’eau parce que le bout dehors est indépendant de la coque, mais je n’ai plus de balcon avant et je ne peux plus envoyer ni gennaker ni spinnaker… Je m’en sors pas trop mal parce que le vent est bien rentré depuis le milieu de la nuit et je peux aller vite parce que la brise est plutôt travers à la route… J’aurais moins de manoeuvres à faire ! Je n’étais pas obligé de faire cette course mais on a pu constater que cette transat a été un excellent banc test pour tout le monde. Quand on voit un Mike Golding jeter l’éponge, cela signifie bien que ce n’était pas de la rigolade… Je pourrais tenter d’envoyer un spinnaker s’il y avait du petit temps au portant mais ce ne sont pas des conditions météo attendues. J’ai quand même toujours mon foc solent et ma trinquette à l’avant. Il y a plus de vingt noeuds depuis ce matin avec le front qui est sur notre gauche : on est dans une bande de vent entre l’anticyclone espagnol et le front açorien. Il faut se dépêcher pour ne pas se faire rattraper par ce front qui nous apporterait du vent arrière… La mer est moins bien rangée, assez chaotique. " Précisait Michel Desjoyeaux ce mardi matin.
Trajectoire courbe
Le skipper de Foncia naviguait quand même au contact et à vue de Kito de Pavant (Groupe Bel) au large des Açores et n’avait qu’une quarantaine de milles de retard sur le leader Loïck Peyron (Gitana Eighty) : la route s’est nettement orientée vers le but après avoir parcouru plus de 2 000 milles plein Nord. Le groupe de tête peut ainsi viser un point au large du cap Finisterre et l’arrivée à Port la Forêt avec des vitesses qui dépassent les 15 noeuds mais derrière, la situation est radicalement différente ! Le peloton situé au large de Madère et des Canaries baigne dans une bulle anticyclonique qui ne rend pas cette fin de parcours très rapide pour tous les concurrents positionnés derrière Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) : à plus de 450 milles du leader, Samantha Davies (Roxy) bataille avec Yannick Bestaven (Cervin EnR) en cherchant à gagner dans le Nord pour sortir au plus vite de ce marasme météorologique. Un peu plus loin, Arnaud Boissières (Akena Vérandas) et Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve) sont aussi au coude à coude à la recherche d’une porte de sortie qui n’est pas évidente à trouver avant une journée… Quant aux trois anglo-saxons, la configuration est encore pire car ils sont obligés de faire cap au Nord Ouest ! Quasiment à 90° de la route directe… Et cela avec des vitesses qui oscillent entre 1 et 7 noeuds. Heureusement, dès demain mercredi soir, l’arrivée d’une nouvelle perturbation atlantique devrait modifier la situation et leur permettre de naviguer eux aussi au portant, cap sur l’arrivée…