Démâté ce matin, 48 heures après PRB, le Delta Dore de Jérémie Beyou et Sidney Gavignet progresse actuellement sous gréement de fortune, à 3,5 noeuds, et alors que le jeu tactique fait aujourd’hui place à l’émotion, en tête de flotte on mesure parfaitement le danger. Désormais dans les 50èmes hurlants, les trois leaders Paprec-Virbac 2, Veolia Environnement et Hugo Boss subissent le froid, l’assaut des vagues et les claques de vent qui font chaque fois craindre pour le matériel.
Jérémie Beyou le sous-entendait lui-même ce matin quelques heures après le démâtage de Delta Dore : dans ce type de conditions, on ne dort que d’un oeil tant l’inquiétude engendrée par la violence des éléments interdit le sommeil profond. Le craquement sinistre de l’espar en carbone a donc surpis un Jérémie Beyou à demi éveillé dans sa bannette, alors que Delta Dore progressait de manière prudente, sous grand-voile arisée et trinquette dans une trentaine de noeuds de vent. "Le ciel nous est tombé sur la tête en même temps que le mât", résumait le navigateur breton d’une voix ferme et posée, soulagé de n’avoir aucune blessure à déplorer à bord. Jérémie et Sidney ont mis toute leur énergie à dégager le gréement qui menaçait d’endommager le bateau, puis ont fait route au nord, vers les côtes sud-africaines distantes d’environ 850 milles. Les deux skippers ont suffisamment de carburant pour parcourir environ 240 milles, un catamaran à moteur au départ de Cape Town a donc été affrété pour aller à la rencontre du monocoque blessé, qu’il devrait rejoindre en fin de semaine. Il faudra alors choisir entre un remorquage un ravitaillement et l’établissement d’un gréement de fortune adapté. Delta Dore cherche pour l’heure à échapper aux conditions rudes qui sévissent dans son sud.
"Bloody Freezing"
Le trio de tête, maintenant dans les 50èmes hurlants, subit de plein fouet ces conditions exigeants. Les vitesses restent élevées (entre 16 et 18 noeuds), mais le stress est palpable comme l’a confirmé cet après-midi avec Jean-Luc Nélias à bord de Veolia Environnement. "On est sous voilure pas mal réduite quand même", indiquait le co-skipper de Roland Jourdain précisant que les vagues étaient nombreuses et fortes. Manifestement "rappelé à l’ordre" par le navire qui réclamait son attention, Jean-Luc s’en est retourné sur le pont non sans avoir exprimé sa déception pour Delta Dore… Même son de cloche du côté d’Hugo Boss, relatant des conditions "sacrément gelées" ("bloody freezing", en Anglais dans le texte) et violentes. Plus de 30 noeuds de vent, de méchantes vagues, de gros surfs qui se terminent parfois en vrac… et comme le soulignait Alex Thompson, le sentiment aigü d’être dans une zone où il n’existe aucune sécurité.
Plus loin, Mutua Madrileña est dans une toute autre situation, englué dans des calmes tenaces, et ne voit pas la sortie avant 48 heures – situation frustrante s’il en est, d’autant que Temenos II en profite pour accentuer son avance, ayant un avantage de près de 5 noeuds en termes de vitesse. Educacion Sin Fronteras, faisant cap au sud-est, est également assez ralenti et accuse désormais plus de 2100 milles de retard sur le leader, Paprec-Virbac 2.
Le classement à 17h :
1 PAPREC-VIRBAC 2
2 VEOLIA ENVIRONNEMENT à 143 milles
3 HUGO BOSS à 217 milles
4 DELTA DORE à 645 milles (route au nord vers un abri – rencontre avec un navire d’assistance)
5 TEMENOS 2 à 886 milles
6 MUTUA MADRILENA à 1475 milles
7 ESTRELLA DAMM à 1834 milles
8 EDUCACION SIN FRONTERAS à 2190 milles
ADB – PRB
(source BWR)