Quant au gros du peloton, extrêmement compact après 8 jours et plus de 1 800 milles de course, il propose une arrivée aussi haletante que spectaculaire entre le 6 et le 8 août. Les pronostics vont bon train et d’aucuns, d’un bord à l’autre, reconnaissent à mots non déguisés la suprématie des 4 voiliers détachés depuis le passage sous Terre-Neuve ; la victoire ne devrait sans doute pas échapper à Campagne de France d’Halvard Mabire, Eole Generation – GDF SUEZ de Sébastien Rogues, Geodis de Fabrice Amedeo ou Mare à l’allemand Jörg Riechers. Reste à déterminer l’ordre final de ce carré prétendument gagnant. Et malgré des écarts qui se sont considérablement étirés ces dernières 24 heures, Riechers navigant par exemple à plus de 80 milles de l’impressionnant leader Halvard Mabire, bien malin qui pourrait ce soir s’engager sur un ordre de passage final à la pointe de Moulinet, qui marque devant Dinard l’arrivée de cette Transat.
24, 62, 74, ne sont pas les premiers chiffres du tirage d’une quelconque loterie mais bel et bien les premiers écarts entre les 4 premiers Class40 de cette 8ème édition de la Transat Québec Saint-Malo. Mais derrière ces 4 équipages qui peuvent encore espérer l’emporter, la bataille fait rage pour la cinquième place. D’Aurélien Ducroz sur Latitude Neige – Longitude Mer, cinquième à 129 milles du leader à Christophe Coatnoan sur Partouche, quatorzième à 168,3 milles, les écarts sont faibles et 9 Class40 se battent pour grappiller ces quelques places. C’est sur un axe Nord Sud que ce groupe évolue en direction de Saint-Malo dans un flux qui pour le moment les porte assez vite. Entre les deux derniers classements, celui de 11h et celui de 15h, EDF Energies Nouvelles a été crédité de la meilleure progression avec 54,1 milles en 4 heures. Le centre de la flotte navigue plus vite, mais il faudrait un grand revirement de situation pour bouleverser l’ordre des 4 premiers. « Je vois mal comment nous pourrions revenir sur les quatre bateaux devant. Le vainqueur est dans ce groupe » nous confiait Arnaud Boissières sur Groupe Picoty.Le Roux pour un record ?
Le Roux vise le temps de référence
En 2008, le Malouin Franck-Yves Escoffier remportait la Transat Québec-Saint Malo catégorie Multi50 et établissait un record sur la distance en 11 jours, 3 heures, et 19 minutes. Battre ce chrono figure au premier chef des priorités que s’est lui-même fixées Erwan Le Roux sur FenêtréA Cardinal 3. Ce sera chose faite s’il entre à Saint-Malo avant jeudi 2 aout à 20 heures 54 minutes et 14 secondes françaises. Les dernières prévisions le placent en avance sur cet objectif. Il continue de s’imposer dans ce but et dans le fort vent de sud-ouest un tempo élevé à 14,6 nœuds de moyenne par 24 heures en gain efficace sur la route. Sa trajectoire est scandée par les empannages et c’est à plus de 20 nœuds en permanence que FenêtréA Cardinal 3 remonte en zigzagant vers le sud de l’Irlande.
Le Multi50 profite de la rapide progression en son nord du centre de la dépression. Le vent orienté sud-ouest devrait monter à plus de 25 nœuds en mer d’Irlande. En prenant encore plus de sud après son passage au Fastnet, le vent va imposer au grand trimaran une navigation des plus inconfortables avant une entrée en Manche aux allures plus débridées. Sa place de dauphin fait l’objet de convoitises exacerbées entre le Multi50 Vers un Monde sans Sida d’Erik Nigon qui tient pour l’heure et pour 16 petits milles la corde, face au trimaran de 60 pieds Défi Saint-Malo Agglo de Gilles Lamiré. Cette classe Open comprend, on ne l’oublie pas deux grands monocoques, Vento Di Sardegna de l’Italien Andrea Mura, en passe de réussir son pari qui consistait pour lui à damer le pion à toute la flotte des 40 pieds lancée sur un même parcours excluant le passage au Fastnet. Georges Leblanc et son VOR 65 Océan Phénix ferment la marche de ce groupe, et naviguent devant les derniers Class40.
Ils ont dit
Ryan Breymaier (Mare) : « Jusqu’à présent, nous étions plutôt content de nous ; mais qui vit par l’épée meurt par l’épée, et en ce qui nous concerne, il s’agit de la force du vent. Nous nous pensions très malins il y a deux jours en parant Saint-Pierre en bonne position mais on a été un peu trop présomptueux et on est monté trop au nord sur un long bord bâbord. Depuis, on a laissé des plumes par rapport à nos camarades plus au sud qui ont bénéficié d’un meilleur angle de vent. Nous privilégions à présent la vitesse sur la route au portant dans de petits airs un peu trop près du centre de la dépression, tout en discutant de l’opportunité d’envoyer notre fragile grand spinnaker. La décision est prise ; on l’envoie, et les paris sont ouverts quant au temps qu’il tiendra. »
Aurélien Ducroz (Latitude Neige-Longitude Mer) : « Fin de nuit et matinée très compliquée sur Latitude Neige – Longitude Mer; Vers 5h, c’est le point d’accroche de l’amure du grand spi qui casse. Ensuite, moins drôle… Vers 8h, c’est la poulie arrière d’écoute de gennaker qui casse et qui emporte le balcon arrière du bateau, créant de nombreux trous dont une fissure sur l’arrière de la coque. Tout cela ne nous empêche pas d’avancer. Il n’y a pas de voie d’eau, la fissure est sur l’arrière de la coque donc pas de problème. Bref, on commence à être un peu crâmé par les réparations quand vers 9h30, la GV tombe ! Et oui le lashing de tête de mât cède également, et le moral aussi à vrai dire !»
Classement de 16h
Class40
1 Halvard Mabire Campagne de France à 1193,5 milles de l’arrivée
2 Sébastien Rogues Eole Generation – GDF SUEZ à 24,1 milles
3 Fabrice Amedeo Geodis à 62,4 milles
4 Jorg Riechers Mare à 74,3 milles
5 Aurelien Ducroz Latitude Neige/Longitude Mer à 129 milles
Open
1 Erwan Le Roux FenêtréA Cardinal à 547,4 milles de l’arrivée
2 Erik Nigon Vers un Monde sans SIDA à 516,2 milles
3 Gilles Lamiré Défi Saint-Malo Agglo à 532,2 milles