Il faut pouvoir imaginer ce qu’il se passe à bord de Financo, Défi Mousquetaires ou bien encore Athéma ou Dégremont Suez Source de Talents… Les bateaux du nord poussent leurs derniers feux mais ils savent bien que l’inéluctable est en train d’arriver. C’est le moment où l’on commence à se désintéresser des classements qui tombent parce que voir le capital que l’on avait patiemment accumulé se réduire comme une peau de chagrin ; c’est l’heure où il faut trouver les ressources morales nécessaires pour continuer l’aventure jusqu’au bout. A terre, les amis, la famille tentent de raccommoder les blessures entrouvertes. On essaye des mots que l’on sait dérisoires, eu égard à la déception des marins : « Vous n’avez rien à regretter les garçons, vous avez fait une très belle course… On pense à vous, on vous embrasse. » Comme si la course était terminée, l’affectif reprend ses droits. Ce n’est plus l’heure des explications rationnelles mais des petits mots de consolation, les marins sont aussi des hommes et des femmes comme les autres.
Les trois mousquetaires
Comme les héros de Dumas, ils sont quatre en première ligne pour cette passation de pouvoir. On verrait bien l’équipage de SNEF et Cliptol Sport en Aramis des mers porté par la philosophie humaniste d’un Jean-Paul Mouren requinqué, la discrétion d’Athos siérait bien à l’équipage de Solar Inox et la truculence ne pourrait être que du côté des deux compères de Cercle vert. Et dans le rôle de d’Artagnan, ceux que l’on n’attendait pas à pareille fête, cet équipage de gueux projeté d’un coup à l’avant du duel avec les hommes du cardinal du nord… Pour autant, les hommes du sud se la baillent modestes. Ils savent bien que la roue de la fortune aurait pu tourner en leur défaveur sur un champ de bataille aussi vaste. On parle avec pudeur des bonheurs retrouvés, on imagine parce qu’on l’a déjà vécue, la détresse de tous ceux qui ont misé sur la route du nord et pour peu que l’on ait un copain dans le camp d’en face, on se dit qu’on n’aimerait vraiment pas être à leur place. C’est un mélange subtil de jubilation d’être dans le bon coup, de modestie parce qu’on sait trop qu’un coup de pouce de la chance est souvent utile, et de commisération pour ces adversaires qui sont, à minima, éminemment respectables. Mais, positive ou négative, la gamberge n’est jamais très productive…
Le meilleur moyen d’éviter de trop penser, c’est de revenir à la réalité quotidienne. On s’organise ; on essaye d’optimiser la marche du bateau ; on se concentre sur les fondamentaux. « Nos quarts se passent bien, nous tournons toutes les deux heures et demi, trois heures, car sinon au bout d’un moment on commence à être moins efficace à la barre. » Grégory Gendron, sobre comme à son habitude, ne se met pas martel en tête d’une place plus conforme aux espérances du duo de Sopra Group. Tout comme Gildas Morvan à l’affût sur Cercle Vert : « Le vent va mollir, donc il peut encore se passer beaucoup de choses avant l’arrivée. Avec Jean on discute beaucoup, on regarde ce qu’il se passe, à droite, à gauche, on surveille, on analyse. Bref, on attend l’opportunité pour attaquer ! » Avis aux d’Artagnan de tous bords… On pourrait passer rapidement du roman de cape et d’épée à des univers beaucoup plus sombres… La nuit du chasseur n’est pas loin.
Ils ont dit :
SOPRA – Grégory Gendron – 7ème au classement de 5h00
« Oui, on est bien revenu en effet, mais il y a toujours un gros décalage avec les Sudistes, c’est un avantage pour eux, car quoi qu’il arrive ils vont plus vite. Nous, en fait nous n’avons pas trouvé le créneau qui nous allait bien, le vent pour aller dans le sud est à 80 degrés de la route, nous n’avons pas eu le choix. Actuellement il passe de 20 à 29 nœuds et nous sommes sous grand spi donc quand ça passe à 29 nous avons intérêt à être dessus… Mais c’est sympa, dans les surfs on est à 15/16 nœuds. Ce sont des conditions tops, mais fatigantes. Nos quarts se passent bien, nous tournons toutes les 2h30 / 3h00, car sinon au bout d’un moment on commence à être moins efficace à la barre. »
CERCLE VERT – Gildas Morvan – 6ème au classement de 5h00
«On a du vent, ça glisse sous spi, ça pourrait être pire ! La nuit nous avons de la fraîcheur mais la journée il fait très chaud, mais bon, on n’a pas à se plaindre, c’est super sympa. Le vent va mollir, donc il peut encore se passer beaucoup de choses avant l’arrivée. Avec Jean on discute beaucoup, on regarde ce qu’il se passe, à droite, à gauche, on surveille, on analyse. Bref, on attend l’opportunité pour attaquer ! On se rationne sur les doses de café, les gâteaux. On avait choisi d’embarquer juste le nécessaire. Du coup, on va être obligé d’attaquer le lyophal. Un comble pour un distributeur de produits alimentaires ! »