Le triple vainqueur de La Solitaire partait de Saint-Malo avec une double intention : celle d’arriver de l’autre côté et de terminer sur le podium après avoir été contraint à l’abandon dès les premiers jours sur l’édition 2006. Dans le match dès le cap Fréhel qu’il double en troisième position, Jérémie navigue dans le groupe des quatre mousquetaires, dans le sillage des deux leaders : MACIF et PRB. Alors que ce dernier est contraint à l’abandon au début de la descente du Golfe de Gascogne, Jérémie prend la deuxième place. Il ne la lâchera plus. Commence alors un duel qui durera tout le reste du parcours, soit plus de 2 000 milles. Du marquage à la culotte, façon course de Figariste !
Dans la baston des trois premiers jours de course, les bateaux sont mis à mal et Jérémie connaît plusieurs avaries. Il perd une de ses voiles d’avant et dépense beaucoup d’énergie à réparer, notamment à se hisser sur son étai pour libérer la voile. Dur au mal, consciencieux, Jérémie est également plus fort dans l’adversité et parvient malgré tout à recoller au tableau arrière de François Gabart. Au sud de l’archipel des Açores, il revient à 8 milles du leader ! Le tempo entre les deux solitaires monte d’un cran : la transatlantique devient une course de vitesse. Les marins ne lâchent rien, barrent beaucoup et passent la majeure partie du temps sur le pont à régler les voiles et à définir la meilleure trajectoire. Jusqu’à 700 milles de l’arrivée, François Gabart s’est senti menacé par un Jérémie Beyou diablement accrocheur. Le skipper de Maître Coq réalise une superbe course !
Jérémie Beyou à son arrivée au ponton à Pointe-à-Pitre : « Toute l’équipe avait bien bossé sur le bateau, sur moi aussi pour me remettre d’aplomb. Vu la saison que j’ai faite avant, c’est vraiment une belle deuxième place. Ce n’est pas facile d’enchaîner une solitaire et une Route du Rhum. Le challenge me plaisait bien et je suis convaincu que c’est une de mes armes, que de multiplier les supports et de doubler avec le Figaro ça me donne une capacité supplémentaire. Quand c’est dur, j’y vais sans retenue. C’est toujours bon de se frotter à d’autres concurrents, ce n’est que du 100% IMOCA. Ca permet d’acquérir des stratégies, j’ai des repères, des analyses, savoir à quel angle et à quelle pression je dois virer. Le problème, c’est qui si tu fais une Route du Rhum tous les quatre ans, c’est dur de répéter des gammes, alors que 4 étapes de la Solitaire du Figaro par an, tu peux. C’était dur ce Rhum. Les meilleurs moments, il n’y en a pas ! J’en ai plein les bottes. Les meilleur moment, c’est sans doute le classement et quand tu fais une bonne trajectoire. Il y a un delta de vitesse avec François (Gabart) qu’on connaît et qu’on va essayer de faire progresser. Les deux prochaines années, on ne pensera qu’au Vendée Globe. »