La Route du Rhum s’achèvera donc pour Jean dans quelques heures et la bagarre aura été somptueuse, notamment depuis le franchissement des Açores où tactique et virtuosité à la barre l’ont disputé à la résistance des hommes à la fatigue et aux coups de boutoirs de l’océan. Jean s’est depuis le départ mué en marathonien océanique. Bilou aura jusqu’au bout senti dans sa nuque le souffle puissant de son ami Finistérien…
Une dernière nuit de pur plaisir
« Depuis des mois, je m’insurge contre ce contournement de la Guadeloupe » râlait encore ce matin Jean Le Cam en approche des îles paradisiaques des Antilles. « J’arrive en position de chasseur et ce ne doit pas être drôle pour ceux qui sont devant ! » En l’occurrence son ami Bilou dont le « matelas » d’avance aura drôlement fondu dans la chaleur de l’alizé et sous les assauts d’un Jean Le Cam conquérant et plus que jamais passionné par sa machine. « Cette dernière nuit a été superbe » résume Le Cam. On comprend en sous-titre combien le marin a pris plaisir à glisser ainsi à pleine vitesse et avec un maximum de confort dans les forts flux de Nord puis de Nord Est qui soufflent vers la Guadeloupe. L’approche des îles s’est naturellement signalée par un affaiblissement de l’alizé. La houle s’est aussi assagie mais VM Matériaux jamais n’a molli avant de parer la Tête à l’anglais dans le Nord de l’île. Comme prévu, le dévent de l’île puis du volcan de la Soufrière a d’abord freiné Jourdain, autorisant un retour à moins de 20 milles de Le Cam dans le goulot de Basse-Terre. L’effet d’accordéon, coup de frein par l’avant puis redémarrage lorsque ça « tamponne derrière », préserve l’avantage de Jourdain. Les écarts, ténus, respectent la hiérarchie mise en place aux Açores par l’heureuse option sud de Sill et Véolia. Ils laissent surtout envisager la joyeuse retrouvaille cette nuit sur le podium de Pointe à Pitre des deux compères de Port la Forêt, aux bat eaux et à l’approche du métier de marin si semblables.
Double victoire du plan Lombard
L’arrivée de nouvelles conceptions architecturales dans le paysage des monocoques Imoca de 60 pieds devaient donner une nouvelle dimension à ces fabuleux bateaux. L’inventivité des vieux briscards Jourdain-Le Cam toujours aussi verts quand il s’agit de mettre du charbon et de cavaler en tête de flotte prouve que le dessin de Marc Lombard conserve depuis le dernier Vendée Globe toute sa fraîcheur et toute son efficacité.
www.jeanlecam.fr