Le sentiment dominant à chaud ?
"La déception, car il y a eu beaucoup d’énergie investie dans ce projet, et que le résultat n’est pas à la hauteur escomptée. Je n’ai pas compris pourquoi cette pièce de mon bout-dehors a cassé, dans un surf anodin, alors que ce système avait été largemlnt validé. Mais la voile est un sport mécanique et la casse en fait partie. Il faut savoir l’accepter…."
Qu’avez vous ressenti lors de votre arrêt à Mindelo au Cap Vert ?
" J’ai beaucoup réfléchi et les sentiments étaient très contradictoires ; d’un côté, abandonner et ne pas aller au bout de l’aventure et de mon engagement, de l’autre reprendre une course qui n’en était plus vraiment une puisque je ne jouais plus la victoire…. Mais l’histoire était belle, avec mes nombreux succès cette saison et cette victoire à Madère. Il fallait aller au bout pour la terminer. Le bateau a été construit pour naviguer jusqu’à Bahia… Je suis heureuse aujourd’hui d’avoir pris cette décision car l’arrivée à Bahia a une nouvelle fois été complètement magique…"
Comment s’est passée votre fin de course ?
"Là encore de manière contrastée car je suis repartie le mors entre les dents, rassurée dans la pleine capacité de mon bateau. Mais 100 milles après le Cap Vert, j’ai à nouveau été victime d’une avarie. La sous barbe a lâché. Il m’a fallu percer la coque et le crash box pour effectuer une réparation de fortune. Je suis repartie à petite allure avec un crash box plein d’eau. A partir de là, je ne pouvais plus attaquer. Sam (Manuard) m’a rattrappé. Mais je naviguais alors de manière à préserver le bateau. La fin de course a été dfficile. Je n’avais plus aucun contact avec la flotte. Je me sentais seule, sans savoir où je me situais dans la flotte…"
En gardez vous quelques souvenirs marquants ?
"La traversée du pot au noir m’a beaucoup marqué, non par sa difficulté météorologique, mais parce que je me suis trouvée au milieu d’un petit groupe, avec notamment les filles , Bénédicte Graulle et Laurence Chateau, mais aussi Bertrand Delesne, Pierre Gedouin, … et là, j’ai vraiment compris ce que solidarité voulait dire, quand chacun à tour de rôle trouvait les mots pour remonter le moral de celui ou de celle qui craquait… cela m’a marqué : solitaire, mais solidaire, l’esprit Mini dans toute sa grande acceptation…"
L’avenir…
"Le Mini, c’est fini. Je m’étais donné 4 saisons. C’est fait et je suis fière de ce que j’ai accompli. Je veux passer à autre chose, en l’occurence, la Transat AG2R en Figaro. Je pense que j’ai beaucoup à apprendre du Figaro, avant de tenter l’aventure en 60 pieds… Je vais rebondir. Le sentiment de l’échec que j’ai mal vécu à Mindelo va me servir d’aiguillon pour avancer. J’apprends toujours de mes échecs… "