Hardy-Biarnès, le duo ne lâche rien

Du point de vue de la curiosité géographique et paysagère, la Transat AG2R 2016 a tout le charme d’une croisière : passage au milieu des îles Canaries, descente le long du continent africain avec navigation très proche des côtes marocaines et des plages de sable du Sahara occidental, traversée des îles du Cap Vert… Du point de vue sportif, c’est une toute autre affaire : 10 jours se sont écoulés depuis le départ de Concarneau et les leaders Gedimat et AGIR Recouvrement ont vécu une première moitié de course extrêmement éprouvante.

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En fin de semaine dernière, Adrien Hardy et Vincent Biarnès se sont emparés de la tête de course après avoir distancé Generali dans le vent fort. L’équipage d’AGIR Recouvrement est en lutte mano à mano avec Thierry Chabagny et Erwan Tabarly qui ont réussi à coiffer la première place dans la journée d’hier. Les deux figaros se tiennent en quelques milles et la variation des vents offrira un grand suspens lors de cette journée de traversée des îles.
Lors de la vacation à 5h ce mercredi, Vincent Biarnès racontait les prochaines heures de navigation : « On va passer au milieu du Cap Vert. On a fait un recalage hier car le vent variait un petit peu. Au niveau de la mer et du vent, c’est un peu différent de ce que nous avons eu au large, il y a pas mal d’animaux marins qui arrivent sur le pont : des petits calamars et je me suis fait attaquer par un poisson volant. Il a failli m’assommer ! A 20 nœuds, les conditions sont relativement stables. Le bateau avance bien à une dizaine de nœuds. C’est surtout dans les heures qui viennent qu’il va falloir négocier avec les dévents des îles. C’est un moment très important mais la route est encore très longue. Par la suite c’est possible qu’on fasse un seul bord en tribord amure jusqu’à Saint-Barth. Là, nous sommes déjà très sud. C’est la première fois que les concurrents de la transat passent aussi sud. Les deux empannages qu’il reste à caler sont très importants et j’espère que celui que nous avons fait hier midi va être bénéfique. On essaie de récupérer mais ça prend du temps car la semaine a été très dure. Les quarts sont un peu plus longs. On peut s’alimenter correctement ce qui n’était pas le cas la première semaine de course. Il ne fait pas bien chaud la nuit, on a toujours la polaire et le bonnet. Le jour, le soleil tape fort. En ce moment, Adrien s’occupe du matériel, il le déplace un peu vers l’avant car le vent a dû mollir mais jusqu’à maintenant il y avait beaucoup de choses à l’arrière. »

Hier, Adrien Hardy précisait « On a entre 18 et 22 noeuds plein vent arrière, tribord amure. On a des petites bascules de vent à négocier. La mer est relativement plate, les conditions sont agréables. On a toujours Gedimat 3 milles à notre vent. Je pense qu’on va l’avoir comme ça jusqu’à l’arrivée. C’est une belle régate. On a fait un bon check du bateau, changé la drisse de spi, vérifié les spis et on passe de nombreuses heures à la barre. Le point positif depuis 2 jours : on arrive à se caler de vrais repas à midi et le soir, assis tranquillement dans la descente, sans avoir à se tenir. On arrive à bien se nourrir, à se changer… Même si je ne me suis changé qu’une fois depuis le début ». L’enjeu de la journée va être de jouer avec les dévents et les couloirs d’accélération de ce labyrinthe de 10 îles et 8 îlots volcaniques.

Quentin Hardy