50 nœuds prévus pour les Class40. Il va falloir faire le dos rond. La flotte a déjà anticiper la dépression qui arrive en partant le plus au nord possible.
Il va falloir se positionner, se replacer par rapport au système météo, avoir un avis et s’y tenir, se préparer à faire le dos rond… Non seulement ranger tout le matériel à bord, mais le saucissonner, pour être sûr qu’une caisse ne va pas traverser l’intérieur… Faire un nouveau check-up des voiles, du gréement, des manœuvres pour ne pas se faire surprendre par un petit détail qui se transforme en grosse galère… Stocker eau douce et barres énergétiques à portée de main, se rincer entièrement avant la douche salée, cumuler du sommeil pour tenir 24 heures au moins en configuration tempête… Les heures qui viennent sont cruciales pour se préparer à ce combat en au moins douze rounds car le gong va résonner dès vendredi midi et son tempo métallique ne va s’étouffer qu’en fin de week-end !
Du lourd, du costaud, du violent : 50 nœuds à gérer !
La situation est simple : une perturbation s’est formée mercredi sur Terre-Neuve et se déplace rapidement plein Est en se creusant. De 1 008 hPa ce midi, elle se concentre à 990 hPa vendredi midi en s’étalant de plus en plus sur l’Atlantique, restant collée entre Açores et Portugal jusqu’à mercredi prochain avant de se déliter sur place ! Pas bon du tout à cette époque de l’année et surtout pas bon du tout pour les Class40 qui n’ont d’autre choix que de la traverser pour rallier New-York…
Alors la descente vers des latitudes plus exotiques a tourné court : ces monocoques de 40 pieds ne sont pas des trimarans de trente mètres et leur vitesse de déplacement est au mieux de quinze nœuds moyens. Il leur devient donc impossible de se frayer un chemin de traverse pour échapper au coup de vent. Seule solution : grappiller un peu de Nord pour aborder le système sur sa face la moins hargneuse, ce que Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton-ARSEP) a fait dès la nuit dernière afin de se recadrer sur la même latitude que Louis Duc (Carac) et Isabelle Joschke (Generali-Horizon Mixité). Un peu plus Nord, le Britannique Phil Sharp (Imerys) a lui aussi incurvé sa route entraînant dans son sillage, Edouard Golbery (Région Normandie), Anna-Maria Renken (Nivea), Robin Marais (Esprit Scout) et le Japonais Hiroshi Kitada (Kiho).
Tout ce beau monde déboule dans une brise de secteur Nord modérée à près de onze nœuds de moyenne à l’exception d’un seul : Armel Tripon (Black Pepper-Les petits doudous par Moulin Roty) ! Le Nantais s’était démarqué dès la traversée du golfe de Gascogne en allant chercher plus de pression dans le Sud, le long des côtes espagnoles. Désormais, il suit la trace de ses « grands frères » les IMOCA, en piquant sur les Açores. Le solitaire a donc décidé de traverser la dépression au Sud de son centre quand tous les autres Class40 vise à contourner le phénomène par le Nord.
Un seul a pris le parti du Sud…
Pour simplifier, le peloton va subir des vents très violents mais portants avec du Sud-Est 30 nœuds, tournant à l’Est 35 nœuds dans la nuit de vendredi à samedi, puis un puissant flux de Nord-Est 35-40 nœuds va faire place à une brise musclée de Nord 40-45 nœuds puis Nord-Ouest 40 nœuds avec rafales à plus de 50 nœuds… Un programme plutôt viril, voire viral pour cette fièvre du samedi soir ! Au moins 48 heures de dur, voire de très rude pour les partisans du Nord, quand Armel Tripon devrait toucher d’abord 25 nœuds de Sud-Ouest puis 40 nœuds de Nord-Ouest…
Dans les deux cas, la mer va être extrêmement formée, voire dangereuse avec des creux de plus de cinq mètres, mais surtout un effet pyramidal quand le vent de Sud-Est va lever des vagues opposées à la brise de Nord-Ouest ! Et se retrouver travers à la mer quand celle-ci déferle n’est pas une situation enviable… C’est donc un week-end particulièrement tonique, voire toxique qui attend les Class40 en approche des Açores. S’en sortir sans avaries et plutôt au large de l’archipel des Açores qui génère une mer extrêmement chaotique, est dorénavant le challenge des solitaires. Surtout qu’à suivre, il faudra se placer pour aborder l’anticyclone de retour par l’Ouest, mais qui va se positionner pile sur la route de New-York !