Cette nuit, après le carrefour de La Palma, chacun a choisi son chemin pour rallier Saint-Barth. Des voies diamétralement opposées, qui s’éloignent toutes deux de la route directe. L’absence d’alizés est la cause de ces divergences. Pour rallier les Antilles, les Figaro Bénéteau ont besoin de leur carburant, le vent. La flotte s’est donc divisée en deux groupes à la recherche d’Eole. Au nord : Bretagne-Crédit Mutuel Performance, avec les plus modérés Made in Midi, Interface Concept et Gedimat, qui semble avoir hésité avant de se lancer dans cette voie septentrionale. Aujourd’hui, elle n’est empruntée que par une minorité de bateaux. Au sud, Skipper Macif, radical, montre le chemin, accompagné par 30 Corsaires et le reste de la flotte, plus étalé en longitude. « Il y a autant d’avis que de bateaux quant au dénouement stratégique de l’affaire. C’est la glorieuse incertitude du sport » résumait fort bien Roland Jourdain dans un petit mot envoyé du bord.
La logique des nordistes : aller chercher les vents portants en marge de l’anticyclone situé dans l’ouest atlantique. Mais avant cela, ils devront naviguer au près, en bordure d’une dépression et traverser une zone de transition entre les deux systèmes. Leur espoir : bénéficier d’un vent plus fort que leur petits camarades pendant les prochaines 36 heures. Leur atout : une route plus courte vers l’arrivée. Le raisonnement des méridionaux : aller chercher l’alizé qui sévit dans le sud, au dessus du Cap Vert. Leur problématique : un vent plus faible pendant les 36 prochaines heures avec le risque de s’engluer dans une dorsale anticyclonique. Partant du principe que la route la plus courte n’est pas forcément la plus rapide, ils acceptent de rallonger leur trajet de plusieurs centaines de milles par rapport à l’orthodromie pour débouler ensuite au portant. Fabien Delahaye l’avouait ce matin : « nous avons mis toutes nos cartes sur la table (…) Nous allons parcourir 600 milles de plus, nous devrions passer à 40 milles du Cap Vert… Pendant trois jours, on sera dernier au classement, c’est de l’investissement à long terme ».
Pour le moment en tout cas, les classements vont avantager les tandems qui naviguent au plus près de l’orthodromie, à l’image de Made in Midi ou d’Interface Concept, pointé en tête cet après midi au classement de 16 heures.
Ils ont dit
Kito de Pavant, Made in Midi : « La situation météo est assez complexe. On n’a pas beaucoup de vent ; l’idée c’est de retrouver du vent le plus rapidement possible. Il y a deux options : par le Nord-Ouest et par le Sud. Entre les deux, il y a un anticyclone qui se met en place. Il fallait hier soir prendre une décision radicale. Chaque bateau a pris sa trajectoire, on fera les comptes dans une semaine, pour savoir qui a raison. Il faut se sortir de cette zone sans vent, pour trouver du vent et avancer vers les Antilles. Depuis hier soir, on se rend compte des options franches. Il y a 100° entre celle de Skipper Macif et celle de Bretagne-Crédit Mutuel Performance. Maintenant, nous sommes lancés, il faut l’assumer jusqu’au bout. »
Classement de 16h
1 Made in Midi Gwenael Gbick – Kito De Pavant à 2424,14 milles de l’arrivée
2 Interface Concept Jean Le Cam – Gildas Mahé à 1,16 mille
3 Bretagne – Crédit Mutuel Performance Corentin Horeau – Michel
Desjoyeaux à 3,89 milles
4 Gedimat Thierry Chabagny – Erwan Tabarly à 5,95 milles
5 Scutum Gérald Veniard – Jeanne Grégoire à 41,20 milles