Globe40. Passage du Pot au noir, duel entre BELGIUM OCEAN RACING et CREDIT MUTUEL

Les concurrents de la Globe40 sont en plein Pot-au-noir après être partis le 2 octobre dernier de Mindelo, au Cap-Vert. Le début de course, plutôt calme, convenait aux équipages comme mise en jambes de cette 2ᵉ étape marathon de l’épreuve, avec près de 7 000 milles à parcourir. Les jeunes Allemands de NEXT GENERATION BOATING AROUND THE WORLD prenaient la tête à la sortie des îles du Cap-Vert, alors que leurs concurrents belges et français étaient bloqués sous le dévent d’une île de l’archipel. BELGIUM OCEAN RACING a dû faire face à une avarie sérieuse : une partie de la barre avait été brisée lors de la phase de départ, après s’être prise dans un cordage sous tension. Finalement, l’équipe belge décidait de poursuivre et de réparer en mer.

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Mais pour tous, le rendez-vous avec la fameuse et redoutée zone intertropicale de convergence, dite Pot-au-noir, approchait — point de rencontre entre les alizés de nord-est de l’hémisphère nord et ceux de sud-est de l’hémisphère sud. Le Pot-au-noir est, depuis la marine à voile des siècles derniers, un mythe effrayant : la nature s’y déchaîne dans un espace où se succèdent des calmes pouvant durer des jours, des orages brutaux et des éclairs en tous genres.
Les skippers de la GLOBE40 affrontent depuis 24 heures les affres de cette première grande difficulté du parcours, d’autant que la zone est, à ce moment précis, particulièrement étendue et active entre les latitudes 10° Nord et 2° Nord, avec le creusement d’un petit axe dépressionnaire bien marqué.
Les concurrents ont bien négocié la première zone convective avec une route très à l’est, et aujourd’hui, le groupe de tête s’apprête à entrer dans une zone plus molle qui se décale progressivement vers l’ouest. La belle image jointe, avec éclairs au programme, témoigne du chaos météorologique de la zone.

La course n’en perd pas moins ses droits, avec déjà trois leaders successifs depuis le départ. Les trois Class40 scow (“nez ronds”) se tiennent en 6 milles. BELGIUM OCEAN RACING, le plus au sud actuellement, a pris la tête au classement de 02h00, avant de la céder à nouveau pour 1,4 mille à CREDIT MUTUEL au classement de 06h00.
Et chez les “nez pointus”, qui suivent le groupe de tête à 100 milles, la tension n’en est pas moindre : WILSON AROUND THE WORLD réalise toujours un très beau parcours, actuellement en tête des pointus. Les duels des étapes précédentes ont repris entre BARCO BRASIL et FREE DOM, tandis que JANGADA RACING et WHISKEY JACK poursuivent leur lutte, après une option solitaire un peu audacieuse de ce dernier vers l’ouest.

Environ 600 milles ont été parcourus depuis le départ de Mindelo. Les skippers souffrent de la chaleur, avec cette descente progressive vers l’équateur, une eau à 30 °C et l’atmosphère orageuse de l’entrée dans le Pot-au-noir.
L’épreuve devrait encore durer au moins 24 à 48 heures pour les premiers avant le passage de l’équateur, situé à 440 milles au sud, et avant d’attraper le flux des alizés de sud-est pour un long bord bâbord autour de l’anticyclone de Sainte-Hélène.


Verbatim – Julia Virat, à bord de WHISKEY JACK

« On est en train de vivre la légende, ha ha, le mythique Pot-au-noir nous gâte !
Depuis hier soir, on enchaîne les zones sous des nuages d’orage et les zones de pétole sans vent.
En fait, même pas ! Sans vent, ce serait presque plus facile que ce que nous avons en réalité : un vent faible qui tourne parfois de 180 degrés, rendant toute tentative de choix ou de réglage de voile vaine… Éclairs partout, trombes d’eau, vent fort et rafales dans n’importe quelle direction, du moment que ce soit imprévisible…
Bon, la bonne nouvelle quand même, c’est que c’est très beau.
Cette nuit, on aurait dit une scène en noir et blanc : le noir du ciel qui s’épaississait gravement sous les nuages les plus prometteurs, le blanc de la lune qui continuait à diffuser sa lumière derrière les voiles nuageux les plus fins, dessinant les contours argentés des nuages autour.
Et sous ça, le bateau chahuté, avec ses voiles elles aussi noires et blanches.
Ce matin, c’est un vrai festival ! Toutes les couleurs sont au rendez-vous. Je vois un tout petit bout de ciel bleu au milieu des énormes nuages dont le contour est doré par le soleil qui se lève. Il y a du rose, du jaune, de l’orange, du violet… c’est magnifique !
Émerveillement soulagé qu’il fasse enfin jour. »