Remis à l’eau juste avant les début des courses du Jour 2, Masirah a pris une brillante revanche sur la journée d’hier en remportant la première manche. Effectuant un passage à moins de 50 centimètres du quai, le barreur Chris Draper – médaillé olympique, faut-il le rappeler ? – assurait le spectacle tout en s’emparant de la seconde place avant la seconde marque. Associant vitesse et inspiration tactique, le vainqueur des trois derniers événements de l’iShares Cup marquait très clairement son retour en forme. La seconde manche voyait un doublé omani, Renaissance devançant Masirah, les nombreux spectateurs ayant eu le loisir de profiter de jolies empoignades aux passages de bouées. Malgré un vent peinant à atteindre 5 nœuds, les marques de parcours donnaient lieu à de virils échanges et les pénalités n’auront pas été denrées rares. Malheureusement, ces conditions… pour le moins détendues ont également occasionné plusieurs arrivées hors temps dans la manche 11, remportée par Shirley Robertson tandis que Gitana Extreme – Groupe LCF Rothschild empochait sa seconde place de troisième consécutive.
Après une petite période d’attente, la dernière course du jour était lancée devant les 8 500 spectateurs massés sur le quai de l’IJ Haven, profitant d’une journée d’été indien pour venir assister au ballet des Extreme 40. Aux prises avec les "langueurs océanes", comme aurait chanté Brel dans son chef-d’œuvre "Amsterdam", les équipages étaient à la peine et les cas de parking sauvage n’étaient pas rares – on aura ainsi vu Holmatro complètement arrêté à une dizaine de mètres du quai, se faire avaler par un Ecover surfant sur un filet d’air. Comme l’a confié Mike Golding en riant une fois revenu à terre, "Je les voyais commencer à reculer, le passage se refermait devant moi ! On a failli assister à un accident au ralenti." Toujours est-il que cette manche s’est finalement soldée par une mise hors-temps des deux tiers de la flotte, la règle stipulant qu’il faut arriver au maximum 5 minutes après le vainqueur, situation frustrante pour de nombreux équipages pour qui cette fin de seconde journée a eu un goût amer. Avec sa victoire dans cette "drôle de guerre", Gitana Extreme – Groupe LCF Rothschild prend la tête du général provisoire devant Renaissance.
Fibres noires pour nuits blanches
N’ayant pas eu plus de deux heures de sommeil après avoir passé la nuit de jeudi à aider l’équipe Ecover à réparer un flotteur endommagé par Renaissance, Ian "Mucky" McCabe d’Oman Sail était rappelé sur scène dès hier après-midi… Cette fois, la coque de l’Extreme 40 de son team avait besoin de soins intensifs, et à en juger par la taille du trou dans le carbone, Mucky a très vite su qu’il allait enchaîner une seconde nuit blanche ! Petite conversation matinale avec un boatbuilder vanné.
"Il est 9h30, on n’a pas vraiment molli cette nuit. J’ai été aidé par Andy Dore de l’équipe BT, et nous avons bien travaillé. Nous sommes arrivés au point où on peut mettre la dernière "peau" sur le bateau, on pense devoir être de retour sur l’eau – là je me mets la pression ! – vers une heure pour revenir en course. C’était un très gros trou. Nous avons tenu notre planning la majeure partie de la nuit, nous avions des objectifs et on les a plus ou moins tous atteints, on doit avoir une heure de retard, pas grand-chose. C’est une grosse réparation, même si on la fait dans un atelier, alors s’en occuper de nuit sur un quai au milieu d’Amsterdam à 50 mètres des habitations… J’avais un couvre-feu hier soir, je ne pouvais pas utiliser la meuleuse ou les outils électriques entre 10 heures et 7 heures ce matin. C’est intéressant de faire ce genre d’opérations en pleine ville, à l’arrière du camion ! Les autres équipes m’ont offert leur aide, l’équipe de l’iShares Cup m’a apporté des cafés (…) Je suis sur le point de tomber, pour être franc, dès que le bateau sera remis à l’eau. Ça a été une cinquantaine d’heures intenses, je suis pressé d’aller dormir."