Figaro. Alexis Loison en tête dans la dernière traversée de la Manche

*Ce mercredi midi, il reste encore 154 milles nautiques à parcourir pour en terminer avec cette première étape de la Solitaire, particulièrement exigeante pour les 34 figaristes. Alexis Loison, sur Groupe Reel, est resté dans le peloton de tête depuis le départ. Il a franchi la dernière chicane en 2ᵉ position avant de prendre la tête de la course le long des côtes anglaises.

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Derrière lui, plusieurs skippers se montrent véloces et s’affirment : le jeune Tom Goron (19 ans), Jules Delpech, Paul Morvan, Charlotte Yven, Alexis Thomas, Victor Le Pape, ou encore le tenant du titre, Tom Dolan, dont l’expérience en fin d’étape pourrait faire la différence. Juste derrière, on peut saluer la belle performance d’Arthur Meurisse, de Mael Garnier ou encore d’Yvon Larnicol, qui ont su se hisser aux avant-postes. L’étape est loin d’être terminée, mais elle laissera assurément des traces pour la suite.**

Changement d’ambiance sur la première étape de La Solitaire du Figaro Paprec. Après avoir quitté les 34 figaristes dans le nord-ouest de la pointe de la Hève, puis en approche du rail des cargos, sur la route des Needles dans des conditions difficiles, les marins sont entrés dans le dur et à la vacation radio de ce matin les paroles devenaient plus difficiles. Au classement de 7h, Tom Goron (Groupe Dubreuil) était en tête devant Jules Delpech (P’TIT DUC) et Alexis Loison (Groupe REEL).

Plafond très bas, grosse pluie et vent abondant sous les grains avec des conditions sous spi permettant d’allonger la foulée. Impérial dans cet exercice, Tom Goron, 22e au classement de 19h hier soir, a réussi, grâce à une très belle trajectoire et une belle aisance sous spi, à remonter l’ensemble de la flotte qu’il menait depuis hier soir à 21h. Au Passage de la dernière marque, Alexis Loison et Jules Delpech réussissaient un bon coup tactique en se positionnant plus à l’est leur permettant de prendre un petit avantage.

Tom Goron a réussi une très belle prestation pour celui qui n’a que 19 ans. Mais les milles accumulés depuis dimanche dernier commencent à marquer les marins et le matériel. « On a attrapé deux beaux grains, c’est assez engagé. On a fait le dos rond dans ces conditions. Je fais route vers les Needles. Je vais essayer de garder ma première position face à Jules mais j’ai perdu un peu de terrain. Dans les grains, j’ai ma contre écoute qui s’est dérochée. Ça a été un peu la galère mais j’ai réussi à tout remettre en place. J’ai aussi fait le ménage des algues dans la quille. Il n’y a plus tellement de vie à bord. Je suis rentré dans le bateau pour essayer de faire sécher mes affaires sur le moteur qui est encore chaud. Je vide un peu le bateau avec des éponges, on prend pas mal de litres d’eau. L’espace de vie est assez restreint dans ces conditions », commentait Tom.

“J’approche de mes limites”

Même constat chez Paul Morvan (French Touch – Foricher). Actuellement quatrième, Paul semble puiser au fond de lui-même pour continuer d’avancer. Il tient le rythme mais à quel prix. « J’ai mon amure de spi qui s’est ouverte, j’ai dû l’affaler et le renvoyer. J’ai perdu un peu de distance sur Tom et Jules. Depuis, avec les grains et la houle, je rentre dans le dur. Je n’arrive plus beaucoup à comprendre ce qui se passe. Je tente de faire comme je peux mais c’est un peu dur. Je me suis forcé à faire une sieste même si le bateau est difficile à faire avancer avec la houle. Je me change car j’approche de mes limites. Je vais essayer de retrouver des bonnes ondes car je pense être dans le bon paquet. Ça repart de là », analysait Paul.

Avec la mer qui monte sur le pont sur chaque surf et la pluie diluvienne sous les grains, les marins subissent les éléments à la barre. Une situation qui n’épargne personne.

« On vient de passer un front, c’était un peu sportif. Je suis trempé, j’ai faim, j’ai froid, j’ai envie d’aller me coucher. J’ai toujours été au contact de quelqu’un et j’ai eu du mal à lâcher la barre. Difficile dans ces conditions d’aller dormir, ça doit s’entendre. Nos options avec mes copains de devant ont été relativement bonnes et nous nous retrouvons un peu détachés de la flotte. On va sortir du rail des cargos, qui sont assez nombreux sur la zone. Je vais ensuite essayer d’aller me reposer un peu. J’ai réussi à bien régler le pilote et je vais en profiter pour aller dormir un peu », commentait Jules Delpech (P’TIT DUC), deuxième à un mille de Tom Goron.

Le repos, la clé de la réussite

Toujours en embuscade mais costaud dans sa navigation et dans ses choix, Hugo Dhalenne (Skipper Macif 2025), actuel sixième, semble prêt à livrer la dernière bataille. « Cette navigation est assez tonique. Nous avons eu dans les grains entre 20 et 30 nœuds de vent. C’était chouette. J’étais un peu en déficit de sommeil, j’ai réussi à faire une bonne sieste. Je suis très content de faire du bateau mais bien fatigué. C’est bien de traverser la Manche mais ce n’est pas très reposant. Je sors d’1h30 de sieste, à fond maintenant jusqu’à l’arrivée. On va ensuite repartir au près après les Needles, il faudra gagner dans l’ouest, envoyer un virement et faire du sud. Mais il y a encore un DST sur la route, il va falloir choisir son camp. Il y a encore du match, c’est pour ça que c’est cool le Figaro » confiait Hugo Dhalenne.

En troisième position, Alexis Loison (Groupe REEL), sur la route la plus à l’est de la flotte, est un habitué de ces traversées de la Manche et connait parfaitement ces conditions.

L’expérience du normand pourrait bien faire la différence dans la gestion de l’effort pour attaquer, dès les Needles, le dernier gros morceau de cette première étape de La Solitaire du Figaro Paprec, la dernière traversée de la Manche et l’arrivée sur Roscoff en Baie de Morlaix.