Cette fois ça y est. Les grands spis sont sortis. Les surfs arrivent. Les alizés sont là. Ils soufflent de nord-est, peut-être pas encore avec la ferveur espérée, mais si les 81 skippers encore en course (ndr, Andrew Wood sur www.solochallenges.com a abandonné en raison de problèmes de pilote) disputent la Charente-Maritime/ Bahia Transat 6,50, c’est aussi beaucoup pour cela : pour connaître ce plaisir intense de glisser sur l’eau. De surfer sur la vague et de voir les bancs de poissons volants briller devant les étraves ! Après trois jours de navigation au près, puis dans la pétole, après avoir batailler en virant de bords pour déjouer les îles pièges des Canaries, ils ont touché ce qu’ils étaient partis chercher en quittant Funchal : les alizés de nord-est.
Collés serrés…
Faibles en fin de nuit, ces derniers ont forci dans la journée et les vitesses de ces petites bombes ont grimpé. Les leaders en protos descendent plein sud à près de 8-9 nœuds de moyenne et des pointes qui doivent flirter allègrement avec les 10-12 nœuds. Enfin de quoi se faire plaisir et de tirer de grands bords trois-quarts vent portant. À ce petit jeu du « cours après moi que je t’attrape » Stéphane Le Diraison (Cultisol-Marins sans Frontières) impose une belle cadence suivi par un autre plan Manuard, celui de Bertrand Delesne (Entreprendre Durablement). Ils occupent les deux premières places des protos, suivis de l’intraitable HP Schipman sur son plan Lombard « Maisons de l’Avenir Urbatys » et de l’expérimenté Fabien Desprès sur son De Beaufort « Soitec ». Mais entre le premier et Thomas Ruyant (Faber France) septième, qui vient se recaler progressivement vers la côte mauritanienne, il y a moins de 16 milles d’écart. Une peccadille dans l’immensité de l’Océan. D’autant que les vitesses sont proches les unes des autres. Et cela empanne à la volée dans une navigation souvent à vue entre les premiers. À ce niveau de la compétition, ce sera la condition physique et la faculté de rester plus longtemps que les autres à barrer avec autant de toile sur le bateau qui fera la différence. C’est ce qui faisait dire à Pierre Rolland (D2 Marée Haute) excellent 10e en série : « Et là, la jeunesse est plus à même de le faire que les anciens comme moi. » Est-on considéré comme un « ancien » à 44 ans ? Non, témoin Franck Colin (Loukkoummama) 5e, juste derrière Fabien Després, qui tient sublimement la distance sur son Berret-Racoupeau de 2006 ! Cependant, chacun doit faire attention à ne pas casser et à tenter le break sur le reste de la troupe afin de n’être plus que cinq ou six à jouer la victoire. Ils étaient plusieurs à Funchal, en effet, à avouer : « Il faudra assurer jusqu’au Cap Vert et ensuite vraiment lâcher les chevaux. » À suivre…
Le salut sera-t-il à l’est ?
En série, Charlie Dalin (Cherche sponsor-charliedalin.com) continue sa route la plus « ouest » de la flotte et tente un recalage vers l’est progressivement. Lui aussi a touché les alizés, mais ils sont plus mous et sa chevauchée et moins spectaculaire. Il est toujours plus de 3° à l’ouest de ses principaux rivaux dont Fabien Sellier (Surfrider Fondation) qui occupe une très belle deuxième place mais à plus de 50 milles. Reste à savoir si sa position plus « est » sera un avantage. Charle Dalin, lui, peut être inquiet. Il touchera le bon vent plusieurs heures après ceux de l’est et du centre. Pourra-t-il conserver les milles accumulés ? La nuit le dira. Mais sur le papier, les données sont là : l’alizé de nord-est est clairement plus puissant le long des côtes mauritaniennes et il prend des tours à proximité de l’Afrique. Fabien le sait, comme Henri Meyniel (Beveac Consulting), Luca Tosi (Golden Apple of the sun), Sébastien Rogues (Eole generation – GDF SUEZ) ou encore Francisco Lobato (ROFF TMN). Ce petit groupe glisse vers le cap Blanc pour gagner de la pression dans les voiles quitte à s’éloigner de la route directe et à descendre dans le classement… Peu importe ! Entre l’est et l’ouest se glisse également une bande de sérieux clients où l’on retrouve Oliver Bond (Artemis), Pierre Rolland (D2 Marée Haute), Xavier Macaire (Masoco Bay), Jérôme Lecuna (I feel good), Brice Aqué (CNTL-Scube Sails) et Ricardo Apolloni (Ma Vie pour Mapei). Passionnant de voir le classement de demain matin qui nous en dira plus sur cet étalement !
Panne de vitesse…
Et si devant cela commence à glisser avec l’appui des grandes voiles ballon (spis…), l’arrière de la flotte reste engluée dans la dorsale anticyclonique et essaye de se faufiler vers le sud… Mais les vitesses parlent d’elles-mêmes : 0,91 nœuds pour Simone Gesi (Dagada), 1,67 nœud pour Yves Ravot (Parrainer un enfant), 0,91 nœud pour Norbert Maibaum (Coconut Run), 0,54 nœud pour Nicolas Rouger (EXA/Le Marseillais/Peschaud)… Pas facile. Et si la porte de sortie n’est qu’à quelques milles au sud, devant c’est la poudre d’escampette !
À noter que Caroline Vieille (Fondation Jêrome Lejeune) victime de problèmes de pilote et Maxence Desfeux (Matmut), problèmes d’axe de pilote, de barre et de VHF devaient remettre les voiles ce mardi dans la soirée de Santa Cruz de Tenerife (Canaries).
Classement à 15h00, mercredi 7 octobre :
Prototypes :
1. Stéphane Le Diraison (Cultisol-Marins sans frontières) : 2531,49 milles de l’arrivée
2. Bertrand Delesne (Entreprendre durablement) : à 6,96 milles du leader
3. HP Schipman (Maisons de l’avenir Urbatys) : à 10,17 milles du leader
4. Fabien Després (Soitec) : à 12,15 milles du leader
5. Franck Colin (Loukkoummama) : à 15,79 milles du leader
Série :
1. Charlie Dalin (Cherche Sponsor-charliedalin.com) : à 2560,51 milles de l’arrivée
2. Ricardo Apolloni (Ma Vie pour Mapei) : à 45,77 milles du leader
3. Jérôme Lecuna (I feel good) : à 47,82 milles du leader
4. Oliver Bond (Artemis) : à 48,44 milles du leader
5. Fabien Sellier (Surfrider Foundation) : à 48,49 milles du leader