Eric, à quand remonte ta volonté de participer au prochain Vendée Globe ?
Eric Defert : « J’ai entamé les premières démarches concrètes il y a huit mois. Mais l’épreuve m’attire depuis longtemps. J’ai suivi de près Bernard Stamm pour sa première participation en 2000-2001. Je l’ai accompagné durant un an et demi : construction du bateau, convoyages, navigations de fiabilisation… C’était un projet avec de petits moyens financiers, mais très intéressant d’un point de vue humain. Le jour du départ, j’étais à bord de son bateau pour la sortie du chenal des Sables-d’Olonne. Je n’ai en revanche pas eu la chance de vivre l’arrivée car Bernard a abandonné. J’ai eu un bel aperçu de ce que représente l’épreuve. Les moments qui précèdent le départ sont très émouvants, mais le Vendée Globe c’est bien plus que ça. »
Quelles sont justement les valeurs qui t’attirent dans cette course ?
« Quand on aime le solitaire, ce qui est mon cas, la perspective de passer trois mois en mer, en franchissant les trois caps, est fascinante. C’est le challenge ultime. J’y vois l’occasion de repousser mes limites physiques et mes connaissances maritimes, de découvrir les mers du sud mais aussi de régater à très haut niveau. Que l’on finisse premier ou dernier, on vit une aventure extraordinaire, dont on revient changé. Mais je mesure aussi la difficulté de la course, en mer comme à terre. Car monter un projet pour prendre le départ est extrêmement complexe, il faut vraiment avoir envie d’y aller. Aujourd’hui, je me sens prêt à relever le défi. Ce serait une suite logique au regard de mon parcours. »
Où en sont tes recherches de sponsors ?
« Plusieurs partenaires secondaires me soutiennent déjà. Cela va dans le bon sens. Ils m’aident à développer mon réseau pour trouver un indispensable partenaire principal, voire deux. »
Tu gères la structure Ocean Addict qui propose des sorties en multicoques de course. Est-ce un atout pour rencontrer et séduire des entreprises ?
« Oui. Entre un rendez-vous dans un bureau et une journée en mer, le contact n’est pas du tout le même. L’ambiance est beaucoup plus conviviale sur l’eau. En outre, les interlocuteurs sont plus réceptifs. Même s’ils embarquent seulement une journée, ils se rendent mieux compte de ce que représente la navigation et la vie en mer. Ce sont des aspects plus difficiles à transmettre derrière un bureau… »
A bord de quel 60 pieds IMOCA pourrait-on te voir en 2016 ?
« Probablement un bateau d’occasion mis à l’eau entre 2004 et 2008. Etant donné le contexte économique, c’est la solution la plus réaliste. Soyons clair : je n’aurai pas le budget pour acheter le Macif de François Gabart ou le Safran de Marc Guillemot. J’aimerais bien sûr acquérir un support ayant un potentiel sportif intéressant. Mais je ne fermerai pas la porte si je réunis un budget permettant d’acheter un bateau ancien. Dans tous les cas, l’objectif serait de boucler le parcours, d’acquérir de l’expérience pour une éventuelle deuxième participation. Pour un skipper, participer au Vendée Globe est une opportunité à ne pas manquer. »
Comment appréhendes-tu la navigation en IMOCA ?
« Bien, à condition d’acquérir un bateau le plus rapidement possible. Car depuis ma collaboration avec Bernard Stamm, je n’ai pas navigué en monocoque de 60 pieds. Mais je ne m’inquiète pas. Du fait de mon expérience, j’ai l’habitude de découvrir de nouveaux supports. Pour s’approprier le bateau, il faudra procéder méthodiquement, ne pas brûler les étapes et s’entourer des bonnes personnes. »
Source : Vendée Globe