Encore une nouvelle dépression

Initiatives Novedia
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Il en faut plus pour déstabiliser des marins aguerris à la piaule, mais tout de même ! Huit jours que ça dure et l’horizon est toujours aussi maussade pour au moins quatre nouvelles journées… Du moins pour les douze Class’40 qui ont choisi la route la plus courte, celle qui passe par l’archipel des Açores : déjà une quatrième dépression pointe ses nuages, et celle-ci est plutôt du genre costaud ! Du lourd, du violent, du mauvais, surtout pour ceux qui voudraient perdurer sur la route directe… Mais logiquement, tous les « Açoriens » vont commencer à mettre du Sud-Ouest dans leur cap, histoire d’allonger la foulée et de se recaler sur la latitude de Madère où les conditions météorologiques seront normalement moins rudes. Il n’empêche : vivre plus d’une semaine comme un dahut, penché, secoué, shaké, ballotté, valdingué, ça use les organismes et ça tape sur le moral. Sans compter le risque de casser du matériel, ce qui semble avoir touché presque tous les Nordistes, même si parfois, ce n’est qu’une petite bricole à réparer. Mais comment réparer quand il y a quatre mètres de creux, deux ris dans la grand voile, trinquette à poste et vent à décorner les bœufs ?

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La voie intermédiaire
Ça swingue donc sérieux dans l’archipel açorien mais la bonne nouvelle du jour, c’est que la perturbation est passée et son cortège de fronts pluvieux et venteux a laissé place à un ciel de traîne, avec ses grains et ses cumulonimbus peu appétissants, certes, mais sous un flux de Nord-Ouest qui permet de débrider un peu les voiles. Et puis cela fait du bien de changer de côté, quitte à pencher ! Pour l’instant, les deux plus extrêmes sont les duos Bouchard-Krauss (Mistral Loisirs-Pole Santé Elior) et les Italiens Soldini-d’Ali (Telecom Italia) : ils devraient passer à raser par le Nord, l’île d’Horta cette nuit. Ils auront donc encore une mer très formée et pas évidente à négocier car après la houle de Sud-Ouest, ce sont des vagues de Nord-Ouest qui créent un sacré chaos… Le gros de la troupe du Nord suit la trajectoire des leaders incontestés depuis 48 heures, le tandem de Lamotte-Hardy (Initiatives-Novedia) qui a décroché le premier en piquant, dès l’île de Santa Maria, au Sud, puis au Sud-Ouest avec la bascule.

Et de fait, à 300 milles plus au Sud que les « radicaux du Nord », les deux compères bénéficient d’une mer moins grosse et ont pu réaliser « la cuillère », c’est-à-dire obliquer progressivement cap vers Saint-Barthélemy quand le vent a tourné au Nord-Ouest. Moins de vent, moins de mer, meilleur angle : le duo était en plus le plus rapide de la flotte en compagnie de ses suiveurs, Damien Seguin et Armel Tripon (Cargill-MTTM). Mais cette voie intermédiaire a sa part de risque car derrière cette perturbation qui s’étiole, vient une autre dépression qui va tout simplement s’étendre de Terre-Neuve à l’Islande ! En passant évidemment par les Açores et le Groenland… Et c’est donc dès demain mardi que le vent va de nouveau basculer au Sud-Ouest, histoire de remettre une couche et d’imposer une route vers les Etats-Unis, donc encore dans une mer dure et chaotique. Car descendre encore serait presque suicidaire : il n’y a pas de vent dans le Sud, ou alors au Cap Vert ! Tout ce groupe va donc logiquement manger du pain noir, probablement jusqu’à vendredi où alors se déroulera un boulevard pour glisser vers le beau temps, dans une brise établie et portante, avec les poissons volants.

Et pendant ce temps là…
Et au Sud ? C’est un tout autre décor ! Du soleil, une mer paisible, mais un vent qui a bien du mal à s’établir. Poussif, souffreteux, asthmatique, évanescent, perturbé, inconstant… Car non seulement les alizés canariens ne sont pas franchement au rendez-vous, mais en plus, les îles volcaniques avec des reliefs qui culminent jusqu’à plus de 2 500 mètres, n’arrangent pas les choses. La priorité pour David Consorte et Arnaud Aubry (Adriatech) qui donnent le tempo, est de s’extraire de cet archipel pour longer ensuite les côtes mauritaniennes… jusqu’au Cap Vert ! Ce n’est pas évident, mais incontournable. Il faudra donc s’attendre à des écarts qui vont dépasser par rapport aux leaders, les 800 milles avant la fin de la semaine avec un différentiel en latitude qui devrait dépasser les 1 000 milles ! Quand aux deux Class’40 qui ont dû faire escale, les duos Ecarlat-Régnier (Vale Inco-Nouvelle Calédonie) et Carpentier-Maldonado (Crédit Maritime) repartis la nuit dernière de Cascaïs, ils peuvent faire route à l’Ouest dans un vent modéré. Même s’ils ont plus de 700 milles de retard, ils peuvent espérer passer sans moins d’encombre les dépressions qui balayent les Nordistes.