Jean-Pierre Dick : « En mer, tout change. Alors que les besoins nutritifs quotidiens d’un sédentaire sont de 2 200 à 2 700 calories par jour, j’ai besoin de 5 000 calories par jour pour faire face à l’effort et aux conditions de course. Je travaille donc avec une nutritionniste qui élabore des menus correspondant à mes besoins énergétiques, à mes goûts et à la zone géographique dans laquelle je navigue. Par exemple dans le grand Sud, dans un climat froid, on rajoute une collation le matin et le soir composée de fruits secs, oléagineux et de la viande des grisons. Dans le domaine de l’alimentation à bord, la contrainte matérielle est double : gagner le maximum de poids et trouver des solutions pour la conservation optimale des aliments. Je privilégie à 95 % les lyophilisés, principalement pour des problèmes de poids et de facilité d’emploi. C’est très pratique et rapidement préparé ; il suffit de faire chauffer de l’eau dans le jetboil et d’y intégrer les produits lyophilisés. Pour le début de course, je complète le plus possible avec des produits frais, pain, salades préparées, pâtes, lardons, noix, tomates cerises, fromage, saucisson à grignoter, fruits frais. En ce qui concerne la boisson, de l’eau désalinisée, et quelques boissons énergétiques que je consomme en fonction des manœuvres à effectuer. Pas d’alcool à bord, sauf pour célébrer une occasion particulière. Mais il ne faut pas croire que le régime à bord est complètement ascétique. Pour le moral, il est important aussi de se faire plaisir, et je trouve toujours une place à bord pour mes péchés mignons : des biscuits St Michel et Bonne Maman, mais aussi du chocolat et du bon thé. »
L’eau chaude, c’est sans doute l’élément le plus important du menu d’Arnaud Boissières pour les trois mois à venir. Il a prévu 98 % de lyophilisés pour son tour du monde. Les réserves d’Arnaud sont donc parmi les moins encombrantes de toute la flotte. 80 kilos seulement pour 80 jours de mer, avec un complément de huit jours si nécessaire. Dans ce domaine chaque skipper est différent. Ainsi, quand certains s’appuient sur les conseils d’un nutritionniste, à l’image de Jean-Pierre Dick, Arnaud préfère se fier à son expérience et les 105 jours du dernier Vendée Globe ne l’ont pas dégoûté du déshydraté. « J’adore manger du lyophilisé » rappelle Arnaud qui bat en brèche les idées reçues sur ces plats tous prêts. Mais pour les dimanches, le skipper d’Akena Vérandas marque le coup avec des plats sous vide. Il faudra donc attendre les grandes occasions (Noël, Jour de l’an et le passage des trois caps) pour s’offrir un verre de vin. Le Girondin, amateur de vins embarque en effet cinq petites bouteilles (37 cl) pour relever le quotidien.