" Pour la première édition en 1992 je débutais en Figaro et traverser l’Atlantique c’était vraiment l’aventure. Je faisais équipe avec Philippe Rodet un copain de l’USAM Brest qui était un pur amateur. On avait pas brillé, mais arriver de l’autre côté était une vraie satisfaction. J’observe qu’il y a toujours des amateurs qui arrivent à être présents sur cette transat. Bravo ! "
Pour Eric Drouglazet , le Figaro c’est son job. Cela fait une dizaine d’années qu’il tient le devant de la scène sur ce circuit. Il en est un des marins redoutés. Un épouvantail pour certains : " C’est le meilleur, il n’y pas photo " dit à son propos son coéquipier nantais Armel Tripon qui est venu le chercher. C’est la huitième fois qu’il va disputer cette transat à armes égales qui ne lui a jamais vraiment souri.
" Je m’accomplis sur l’eau "
Le terrain de jeu atlantique il connaît , mais ne s’en lasse pas ." Mon plaisir c’est de courir dans des épreuves où il y a une vraie concurrence. Je m’accomplis sur l’eau. A la différence de certains , je ne suis pas passionné par le développement des bateaux. Ce n’est pas ma tasse de thé. "
S’il voit certains de ses camarades de classe Figaro accéder au monde des 60 pieds , il n’est pas envieux. " Je ne suis pas amer mais je ne vais pas être hypocrite. Cela m’intéresserait de passer en 60 pieds IMOCA mais avec un projet pour gagner. J’ai eu deux propositions pour le Vendée Globe sur des bateaux anciens. Cela ne m’intéresse pas de ramasser les bouées " lâche t’il avec son franc parler habituel. A priori , Eric Drouglazet restera donc un observateur de cette régate planétaire. Sa vraie préférence en mâtière de course open , c’est le multi en solitaire. Cela l’a bien titillé ces dernières années " Mais il faut être réaliste. Aujourd’hui c’est presque invendable."
Combattre la routine
A 38 ans, la motivation, la passion de la confrontation à armes égales sont intactes chez Droug. L’an passé ce régatier teigneux comme pas deux a signé une brillante victoire dans la première transat en solitaire en Figaro Saint Nazaire Cuba. Elle lui a conféré une nouvelle dimension. " Il y avait un rythme incroyable. Il a fallu s’arracher. C’est ma plus belle victoire".* Mais pas question de s’endormir sur ses lauriers ou de tomber dans la routine. " Sur ce circuit la moindre baisse de régime ou un petit manque de motivation se paient cash. Il faut remettre l’ouvrage sur le métier pour rester au top. "
Alors comme bien d’autres, Drouglazet et son équipier sont allés faire leurs gammes à l’Université du Figaro à Port la Forêt " Au dernier stage, il y avait 17 bateaux et pas mal de clients. Nous étions plutôt bien dans le rythme. Armel est hyper motivé et veut réussir un truc dans cette transat. On est conscient que nous ne sommes pas les seuls dans cet état d’esprit." De l’avis de tous les observateurs, le plateau de cette huitième édition est particulièrement relevé. " Je crois qu’on dit cela à chaque édition. Dans cette transat il y a souvent eu de sacrés duos de choc au départ et des surprises à l’arrivée. Il y a du beau monde cette année et des équipages bien préparés. La bataille n’en sera que plus belle "conclut Drouglazet décidé à se surpasser.
Gilbert Dréan
* Il a aussi remporté la Solitaire du Figaro en 2000.
Drouglazet, fidèle au poste !
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