A 37 ans, Jeanne Grégoire revient à la course cette année. Elle a non seulement déjà pris six fois le départ, elle est toujours arrivée dans le quintet de tête. Mieux encore, elle détient le record de podiums dans l’épreuve avec son équipier fétiche Gérald Véniard. Elle nous confie ses impressions sur la place des femmes dans la voile.
Jeanne Grégoire : « Je pense en définitive que les réponses sont les mêmes que sur la place des femmes dans la société. Jusqu’à 20 ans tout va très bien et puis ensuite vient l’heure des choix : entre des études et poursuite du haut niveau, entre avoir des enfants et la permanence de sa carrière… Nous avons un truc dans la tronche. On est un peu bornées. Je veux dire par là qu’on subit moins le contrecoup d’une déception, si bien que lorsque cela arrive, on baisse moins vite les bras. C’est peut-être que nous avons moins d’égo : on a coutume de penser que lorsqu’une fille fait moins bien c’est normal, moins surprenant que s’il s’agit d’un homme. »
On suivra également avec attention cette année les deux Méditerranéens Alexia Barrier et Laurent Pellecuer, qui se côtoient au Centre d’Entraînement Méditerranée. À 34 ans, cette jeune femme expérimentée qui ne fait pas mystère de ses envies de Vendée Globe, compte sur la Transat pour accélérer le cours de sa carrière. Elle regrette le manque de femmes dens notre sport.
Alexia Barrier : « Nous ne sommes pas assez nombreuses que ce soit dans la course au large ou d’autres spécialités. Bien sûr, il y a des navigatrices de légende, comme Florence Arthaud ou Ellen MacArthur, qui ont marqué profondément notre sport et le grand public, mais ce n’est pas suffisant. Par contre quand nous naviguons nous sommes considérées par nos pairs comme des marins et pas comme des femmes. Nous sommes parfois moins crédibles qu’un garçon quand nous approchons un sponsor. Mais je remarque qu’une fois le contrat signé, ce regard change totalement. En général, nous avons moins de force donc nous compensons par une navigation en douceur, plus économe du bateau. Dans la course au large où la force et l’agressivité comptent moins qu’en match race par exemple, c’est un atout ».