L’heure est au placement et à la progression vers le but, où que l’on soit. Pour ce faire, les choix de trajectoires ne s’accordent pas systématiquement et les objectifs à court terme diffèrent eux aussi. Tous partagent pourtant une préoccupation : échapper à la bulle anticyclonique confortablement installée sur la route et générant, depuis hier, une baisse de régime avec des vents autour de 12 noeuds, oscillant tant en direction qu’ils en mettent les nerfs de marins à rude épreuve.
Dans le peloton aux Canaries, Yann Eliès et Jérémie Beyou et Adrien Hardy et Stanislas Maslard ont pris les choses en mains en jouant leur va-tout et faisant le pari d’un chemin plus court et d’un contournement nordiste du phénomène anticyclonique. Jugée osée dans les premières heures, cette tendance est aujourd’hui celle qui suscite le plus de questions tant les hommes de Generali – Europ Assistance affichaient ce matin des vitesses proches de l’insolence. Yann Eliès savait que pour eux aussi l’heure du pain noir viendrait mais appréciait en attendant cette position d’attaquant.
Sur une voie que l’on pourrait presque qualifier ce matin de centriste, les premiers aux Canaries regroupent leurs forces et leurs espoirs. Toujours aux commandes, Brit Air emmène les tenants du contournement par le Sud et partageait avec Bertrand de Broc, co-skipper de Gildas Morvan sur Cercle Vert, une belle sérénité. Bien conscients du fait que les classements à venir n’allaient sans doute pas plaider en leur faveur, ceux-là ne voyaient pas leur salut ailleurs que dans le chemin emprunté ces derniers jours.
Au Sud, la pression
Enfin, plus au Sud, on poursuit sa quête et on ne se contente pas d’une virgule. Accentuant leur descente, Crédit Mutuel de Bretagne dans une certaine mesure, mais surtout Gedimat et Cheminées Poujoulat semblent prêts pour le grand saut. Leur but, aller chercher plus de pression que leurs concurrents et échapper au ralentissement annoncé.
Il faudra encore patienter près de 48 heures pour savoir qui aura le dessus et en attendant, se préparer à des bouleversements dans les classements.
Ils ont dit…
Armel Le Cleac’h (Brit Air) 1er au classement de 8h00
« On fait notre route avec le vent qui se présente ! Deux options se dessinent à l’heure actuelle : une plus au Nord, plus proche à la route directe et l’autre plus au Sud, théoriquement plus ventée. C’est seulement dans 48 heures qu’on aura les résultats de nos choix et manœuvres. Avec Fabien, on n’est pas proche de la route directe mais on verra bien : je suis donc bien où je suis et je ne suis pas plus inquiet que ça pour l’instant. À mon avis il n’y a pas grand-chose à chercher dans le Nord ! »
Yann Eliès (Generali Europ Assistance) 2ème au classement de 8h00
«On va vite et on a un bon angle par rapport au vent, pour le moment. Vu notre positionnement, on est rapide par rapport à la flotte mais, bientôt, on va sûrement se retrouver avec peu de vent. Les conditions de la météo changent vite : le verdict on ne l’aura que dans deux, trois jours. On n’a pas grand-chose à perdre. Chaque fois que l’on fait le routage avec Jérémie il y a un jour de plus de navigation qui s’ajoute et c’est un peu le flou en ce moment : pour l’instant on n’en sait pas trop donc ! Mais on y croit ! ».
Bertrand de Broc (Cercle Vert) 4ème au classement de 8h00
«Tout le monde est à l’attaque mais les bateaux commencent à ne plus être rapides. Toutefois la météo va évoluer. L’important est de rester serein et on verra bien si notre option sera payante ou pas. On ne peut pas changer de stratégie toutes les trois heures. L’avantage d’être sur un bateau à deux est qu’on peut se raconter des histoires et oublier un peu la météo. »
Classement de 8 h
1 BRIT AIR Armel Le Cleac’h / Fabien Delahaye à 1672,1 milles de l’arrivée
2 GENERALI – EUROP ASSISTANCE Yann Elies / Jérémie Beyou à 4,9 milles
3 AGIR Recouvrement Adrien Hardy / Stanislas Maslard à 11,1 milles
4 CERCLE VERT Bertrand de Broc / Gildas Morvan à 34,1 milles
5 BANQUE POPULAIRE Jeanne Grégoire / Gérald Véniard à 34,1 milles
