Dernière ligne droite avant la face Est

PRB Farr Vincent Riou 2006
DR

Du près dans la brise, le registre est connu depuis la nuit dernière et va se poursuivre durant les prochaines 24 heures. Après, il sera temps de mettre du mou dans les écoutes. Pour être le premier à le faire, ce n’est pas le moment de craquer, de faire des erreurs où de s’abandonner à la somnolence, celle qui peut guetter le plus vaillant des équipiers après cinq jours de régate. Le tangage incessant du bateau, le froid qui commence à sévir et les périodes de grandes humidités bien plus fréquentes que les phases de soleil, tout ces éléments poussent à baisser sa garde, à être moins vigilant sur les réglages, à être moins concentré à la barre. Mais à l’évidence, aucun des onze concurrents ne se laisse aller face à ce doux bercement de la mer. Lors des vacations, les voix sont claires et déterminées, à l’image de celle d’Eric Carret, un des piliers de l’équipe PRB. « Nous sommes au près dans 15 à 20 nœuds, mais le vent est plus régulier. Pas de virement de bord en vue avant de longues heures. On est calé en tribord amure pour un bon bout de temps. On a creusé l´écart cette nuit mais ça se disperse sur l´eau: difficile de contrôler nos concurrents. On attend le prochain classement pour se faire une idée plus juste. Pour l´instant, ce sont des conditions plutôt agréables, du genre frais mais beau comme en Bretagne… Nord ! ». C’est un autre équipier et un autre pilier, mais cette fois de l’équipe de VM Matériaux, qui explique l’attaque à droite du bateau rose de Jean Le Cam. « On a eu pas mal de boulot la nuit dernière pour tirer des bords vers la côte des Hébrides, raconte Frédéric Berra. On voulait se rapprocher de la terre car le routage nous indiquait qu´il valait mieux être au vent de la flotte. Actuellement, nous avons du vent d´Est d´une quinzaine de nœuds sur une mer un peu agitée et du soleil. Nous avons donc un peu perdu de terrain par rapport à PRB, mais ce n´est que provisoire… ».

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Soupe à la grimace
L’un qui rit, l’autre qui pleure, c’est la différence évidente aujourd’hui entre Jérémie Beyou (Deta Dore) et Yann Eliès (Generali). Une fois de plus, pour ne pas dire comme toujours, tout s’est passé très vite. « On avait vu Bernard Stamm ce matin et on l´a suivi vers la côte et vers la molle… Le routage laissait entendre qu´il fallait protéger la droite mais depuis une heure, c´est la cata… Ca ne marche pas. Pas de vent et de la brume, ce n’est pas brillant ! ». Alors voilà Generali, Cheminées Poujoulat et Aviva plantés non loin de l’île Saint Kilda alors que les petits copains filent plein nord, à 20° de la route, avec une belle brise de 15 nœuds. De quoi maudire longtemps ce virement de bord ! Du coup, Jérémie Beyou, tout comme Jonny Malbon (Artemis Ocean Racing) peuvent se féliciter d’être resté en tribord amure. Son retard si le leader n’a jamais été aussi faible (31 milles) depuis le départ. « Nous sommes sous l´influence d´une dorsale anticyclonique située au Nord des Shetland, explique Jérémie. Plus tu te positionnes à droite du plan d´eau, plus le vent tourne à droite, et si tu es plus à gauche, le vent bascule à gauche ! On ne sait pas trop la bonne option et nous avons hésité ce matin lorsque nous avons vu les positions de nos concurrents. On va faire du gain encore quelques heures sur cette route, mais à un moment, il faudra virer de bord pour se recaler… On verra ».

Maisonneuve le retour
Sur une même trajectoire, mais légèrement en retrait, Roxy, et Akena Verandas naviguent encore à vue les uns des autres. « D’après notre fidèle navigateur anglais Chris Tibbs, il y a plus de pression au large qu’à terre, raconte Arnaud Boissières (Akena Vérandas). Hier, il était un peu sceptique mais aujourd’hui il est sûr de son coup. Nous sommes donc content de notre position actuelle ». La belle performance de ces dernières 24 heures est à mettre à l’actif d’Alexandre Toulorge. Son Maisonneuve est passé de la dernière à la sixième place, avec à la clé un gain de 10 milles sur le leader. Un leader qui, pour l’instant, conforte sa suprématie dans cette longe remontée au vent. A 16 heures aujourd’hui vendredi, Jean Le Cam était relégué à 15 milles, contre 3 la veille. Même punition pour Dominique Wavre, avec 19 milles de retard au lieu des 6 milles d’hier.