Un mouvement de ferry à 11h (locales), à l’heure où sortaient les Minis pour rejoindre la zone de départ a contraint les organisateurs de l’épreuve à modifier l’heure de départ. L’occasion faisant le larron, la direction de course a préféré retarder d’une heure la mise en mouvement des équipages permettant ainsi à un front froid attendu en fin de matinée sur zone de s’évacuer.
Par ailleurs, la flotte devra laisser l’île de Fuerteventura à tribord en partant de Lanzarote. Les conditions météo soutenues, pour la première nuit après le départ, ont incité la direction de course à proposer ce changement de parcours qui limite les passages entre les îles et les éventuels effets venturi qui peuvent être particulièrement brutaux, surtout la nuit.
A quelques heures du départ de la deuxième étape, la pression monte sur les pontons de Lanzarote. Suivant leurs caractères, les coureurs cherchent à évacuer le stress inévitable à l’heure de traverser l’Atlantique. Même si les conditions météo générales sont optimales, chacun sait que nul n’est à l’abri d’un pépin technique, que la route est longue et qu’il va falloir éviter les coups durs et les coups de mou
C’est la frénésie informatique autour du PC Course de la Mini Transat îles de Guadeloupe. Penchés sur les fichiers météo, les coureurs n’en peuvent plus de faire tourner des simulations de routage, d’échafauder des plans sur la comète de recueillir les conseils des routeurs, des gourous, voire de glaner une information plus ou moins confidentielle. Tenter d’introduire un peu de rationalité est un excellent moyen d’exorciser ses peurs et ses doutes. Parfois certains lâchent la bonde, ne supportent plus trop bien l’attente. C’est le moment de se recentrer sur des tâches très basiques, de partir faire de l’exercice physique pour se laver des sensations parasites. Bien évidemment, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : la zénitude est un art qui se travaille, mais c’est aussi une prédisposition plus ou moins acquise.
Avant le départ de Douarnenez, la pression était forcément considérable pour de nombreux coureurs : au départ de la course, pratiquement tous les coureurs étaient entourés de leurs amis, des proches, de leurs partenaires pour les plus chanceux d’entre eux. Pour tous les bizuths de l’Atlantique, cette première étape était un véritable saut dans l’inconnu. Au départ de Lanzarote, la donne a légèrement changé : tous ont déjà l’expérience de la première étape, le break de quelques semaines a permis à nombre de coureurs de prendre du recul et les sollicitations des proches sont moins prenantes. Il reste que traverser l’Atlantique n’est jamais anodin : sans pression excessive, la concentration reste de mise.
Ils ne seront finalement que 63 coureurs au départ de cette deuxième étape : l’Estonien Jaanus Tame a dû renoncer à prendre le départ de cette deuxième étape pour raisons personnelles.
L’alizé au rendez-vous de la première semaine
25 à 30 nœuds, plus parfois par effet venturi entre les îles, le début de course promet d’être musclé. Aux allures portantes, les conditions sont parfaitement maniables, mais devraient favoriser les as du pilotage, ceux qui sont capables de jouer les équilibristes, de trouver le bon équilibre entre les feux de la machine à pousser et la zone rouge à ne pas franchir. L’exercice sera d’autant plus délicat que les Minis partiront avec une légère surcharge pondérale : en moyenne 25 à 30 kg de nourriture, plus quelque 80 à 120 litres d’eau suivant les skippers. La gestion de l’eau est une sorte d’hymne au bon sens : il faut intégrer certains paramètres comme le temps de traversée supposée, les besoins quotidiens et la réserve nécessaire en cas d’avarie. Au départ de Lanzarote, les Minis auront vu leur poids augmenter de 15% en moyenne : les efforts sur le gréement, les safrans en sont d’autant plus importants et les risques de casse réels en cas de départ en vrac.
Au vu de la situation météo, certains évoquent des temps records pour la grande traversée. Mais il est toujours compliqué de tirer des plans sur la comète quand les échéances météo dépassent les dix jours. Seule quasi certitude, l’anticyclone des Açores devrait s’effondrer d’ici quelques jours et provoquer une rupture d’alizé, tout au moins le long de l’orthodromie. Gagner dans le sud sera nécessaire, mais de combien ? Il faudra être malin, interpréter les variations du vent, les couvertures nuageuses, surveiller le baromètre. Celui qui saura le mieux tirer la quintessence de tous ces signes a de grandes chances de décrocher la timbale à Pointe-à-Pitre.