Depuis ce matin, les Sudistes se séparent clairement en deux groupes : l’un mené par Bertrand de Broc ("Les Mousquetaires") et Eric Drouglazet ("Luisina") qui privilégie un cap vers l’Ouest, l’autre, surommé les "ultra sudistes" par Louis Bodin, le météorologue de la course, qui continue vers le Sud. Chef de file de ce dernier peloton, Nicolas Troussel sur "Financo". " Ce sont deux cas d’école. Si l’on considère la théorie, il vaut mieux rentrer un peu dans l’anticyclone, comme le fond De Broc et Drouglazet. Avantage : les angles de vent sont meilleurs. Inconvénient : le vent est un peu moins fort. Pour ceux qui sont dans l’extrême Sud, c’est l’inverse. On le voit d’ailleurs avec les vitesses de Troussel qui restent constamment au dessus de 10 nœuds depuis le lever du jour " analyse Bodin. Liz Wardley ("Sojasun"), qui a également choisi de descendre vers le Sud confirme : " pour le moment, tout se passe bien. Je touche pas mal de vent, 15 noeuds environ, l’angle est bon et pour ne rien gâcher, il y a un grand soleil. Autant dire que la course est agréable. " A tel point que certains regrettent de ne pas l’avoir fait plus tôt, à l’image de Charles Caudrelier, skipper de "Bostik" : " J’ai eu plusieurs fois l’opportunité de descendre au Sud et ne l’ai pas fait. Je n’ai pas été capable de me lancer tout seul. Je suis resté dans le paquet… A présent, j’ai décidé d’y aller et il ne va pas falloir rater le petit couloir à prendre. J’avance à 8 nœuds mais Nicolas Troussel avance avec 3 nœuds de plus ! " Alors Sud ou extrême Sud ? On pourra probablement faire un premier bilan d’ici 24 ou 36 heures. Une certitude, ce qu’ils cherchent tous, c’est à descendre sous le 25e Nord pour être sûr de conserver l’alizé. C’est d’ailleurs pourquoi les "ultra sudistes" passent si proche des Canaries. Il n’y a qu’à cette latitude que l’on peut être sûr que l’alizé restera régulier.
Concernant les centristes, le fait est qu’ils s’en sortent bien même si leur option laissait paraître quelques doutes il y a peu. Robert Nagy, 3e au classement de 15 heures ce dimanche, navigue dans des vents de Sud-Est qu’il devrait finalement pouvoir conserver. " J’ai l’impression d’être dans les alizés mais on en n’est pas encore là. Le temps est super avec 20 nœuds dans les fesses ! C’est un peu les vacances et j’en profite un maximum. Je n’ai pas beaucoup de visibilité quant à la suite des évènements car je n’ai pas reçu les derniers fichiers. J’ai toujours les mêmes que vendredi, à croire que les américains ne bossent pas le week-end ! " ironisait le Hyèrois ce midi à la vacation.
De leur côté, les Nordistes, suivent une route directe vers l’arrivée dans un vent de Sud-est à Sud qui commence à se renforcer en tournant vers le Sud. " Aujourd’hui, ils mangent leur pain blanc. Il faut vraiment qu’ils engrangent un maximum d’avance. Les conditions actuelles sont idéales, ils sont au reaching ce qui leur permet d’atteindre des vitesses intéressantes et de creuser un peu l’écart au classement. Mais dès ce soir, ils vont devoir affronter des vents de secteur Sud assez forts – entre 25 et 35 nœuds – avec une mer contraire très formée. La progression deviendra difficile ", explique Louis Bodin. Et pour cause, ils auront encore des fronts à traverser avant de pouvoir descendre franchement vers le Sud. " Il va falloir négocier. C’est encore l’inconnu au delà de 4/5 jours ", avoue Armel Tripon ("Gedimat"). Au nord comme au Sud les pièges sont encore nombreux !