A moins de 1000 milles de l’arrivée à St Barth, c’est toujours le branle-bas de combat en tête de classement. A ce jour, quinzes bateaux peuvent encore espérer remporter cette 8ème Transat AG2R. Bénéficiant d’une route favorable au Nord, Fred Duthil et Sam Manuard remontaient à la 8ème place.
Fred nous livre ses petites astuces pour la navigation de nuit :
« Lorsque l’Alizé s’est renforcé à 25-30 nœuds. Nous sommes passés de la glissade tranquille des jours derniers aux surfs sauvages et à la conduite “sport” !
Cela demande beaucoup plus de concentration à la barre, on se relaie plus souvent. La tâche est d’autant plus difficile que la lune ne se lève qu’en dernière partie de nuit, autrement dit nous avançons dans le noir total entre 11 et 17 nœuds.
Dans ces conditions, c’est difficile de se caler et d’avoir des repères, de sentir si l’on est trop haut ou trop bas. On barre donc en se fiant aux sensations. Ma technique, c’est de m’asseoir sur une fesse de manière légèrement instable pour mieux sentir les accélérations et les mouvements du bateau avec la mer. Les cadrans “compas” et “angle de vent réel” permettent ensuite de se recaler régulièrement. C’est un jeu qui peut se révéler stressant lorsque l’on pique de sommeil entre deux surfs. Du coup, on se réveille en sursaut après un sommeil flash alors que le spi menace de nous jouer un sale tour. Ce spi, c’est une voile hyper instable que l’on doit préserver jusqu’à l’arrivée. Sans spi pas de vitesse. Dans ces conditions une “sortie de route” (départ à l’abattée ou au lof) peut s’avérer catastrophique pour le matériel. Néanmoins, nous ne nous en sommes pas trop mal sortis car nous étions parmi les plus rapides de la nuit.
Les nuits sans lune ont une autre particularité: elles nous offrent une vision privilégiée de la voûte céleste. Entre les quarts de barre on passe toujours un petit moment le regard perdu dans les étoiles… »