Birdy ! Franck Cammas n’est peut-être pas un excellent golfeur mais il a trouvé le trou… La balle est de nouveau dans son camp et il peut « putter » sur une mer plate comme un green pour prendre le drapeau comme étendard de la flotte. Mais il y a dix-huit trous dans une partie et la course n’en est qu’à son dixième… S’il sort avec « un sous le par » des côtes tunisiennes, il sait qu’il va falloir swinguer dans le détroit de Sicile lorsque la brise d’Est va s’installer sur le « fairway »agité par un méchant clapot avec son cortège de « bunkers », de bascules, de molles… avant d’arriver à Malte, la cité des Chevaliers à l’aigle frappé sur l’écusson. Eagle, c’est bien ce que les deux leaders, Groupama-2 et Banque Populaire voudraient bien faire maintenant pour enfoncer le tee avant la remontée vers les brises de Nice. Mais pour cela, il va falloir croiser le fer (7 ?) et voir de quel bois les deux compères se chauffent…
Plus « maritimement parlant » comme dirait un célèbre navigateur, la situation devient délicate pour le peloton : le vent semble installer ce vendredi en milieu d’après-midi pour tout le monde de la même façon et comme les vitesses sont quasiment identiques et les options pratiquement inexistantes tant qu’il ne faut pas louvoyer, il devrait y avoir une certaine stabilité dans la hiérarchie jusqu’à la prochaine bascule. Il y a aussi le fait que les deux leaders vont devoir quitter les côtes tunisiennes et donc se retrouver avec pour seul « moteur » le vent synoptique (vent dû au gradient de pression) tandis que les poursuivants pourront encore espérer du thermique (vent créé par la différence de température terre-mer). Ces phénomènes peuvent malheureusement aller dans un sens ou dans l’autre car il peut très bien (les trois précédents jours et nuits le confirment) y avoir plus de brise au large… ou à terre.
Bref, aucun navigateur n’osait se prononcer sur la suite du programme car la seule certitude… c’est qu’il n’y a rien de sûr. Jean Gabin disait : « je sais qu’on ne sait jamais… ». Mais hors des spéculations des uns et des autres, le fait marquant est le coup au moral porté au peloton : après cinq jours de mer au contact, avec des retournements de situation, des bouleversements horaires du classement, voilà une situation plus établie qu’il faut surmonter. 80 à 200 milles d’écart, ça plombe les quarts !
Mais au regard de la feuille de match, il faut reconnaître que les équipages ont suffisamment de bouteille pour se reprendre en main : tous ont connu des moments similaires et tous ont su revenir (Figaro, Mini, Vendée, Tour de France, JO…). Et en sus, ils naviguent de concert, ce qui est toujours stimulant. Il faut juste ne pas lâcher son « caddy » !