Il fallait donc investir légèrement dans l’ouest.. mais pas trop. C’est très exactement ce qu’ont fait Armel Le Cléac’h et Bernard Stamm, qui ont effacé en quelques heures les 55 milles de retard qu’ils accusaient sur Macif. Dans le sud-ouest des Canaries, François Gabart, qui menait la flotte depuis 5 jours, s’est rendu compte qu’il devait composer avec des vents plus faibles (qui semblent freiner ce matin Jean Le Cam et Mike Golding, tous deux à vitesse très réduite). En bon Figariste, Gabart a ainsi recalé sa route vers l’Ouest, à la fois pour bénéficier de nouveau de vents plus soutenus et pour “marquer” ses deux adversaires directs. Bien joué. Car si en faisant cela le skipper de Macif savait que sa VMG serait défavorable, c’était le seul moyen pour lui de stopper l’hémorragie. Très bien joué même, car alors qu’on pouvait penser que Bernard Stamm le croquerait tout cru, François Gabart a réussi – de peu – à s’intercaler en deuxième position, 7 milles derrière Armel Le Cléac’h mais 2 milles devant Bernard Stam. Décidément, celui-ci a du talent ! Il confirme en tous cas tout le bien qu’on pense de lui quand nous le classions parmi les favoris dans le dernier numéro de notre magazine Course Au large, malgré son inexpérience de la course et son jeune âge. Gabart reste plus que jamais dans le match, même si “le Chacal” Le Cléac’h signe une nouvelle démonstration de force et joue désormais les éclaireurs en route vers le Pot au noir.
Sam Davies va faire route vers Madère
L’autre fait marquant de ces dernières heures est le démâtage hier soir du Savéol de Samantha Davies. C’est fini pour la seule femme de ce Vendée Globe 2012/2013. La course perd à la fois un de ses très bons marins et sans conteste sa meilleure “communicante”. Ce matin, Sam a expliqué qu’au moment de l’avarie elle était à l’intérieur du bateau, tribord amures au largue, dans un grain à 35 noeuds et une mer croisée très dure. Alors qu’elle s’apprêtait à sortir sur le pont pour prendre le troisième ris, elle a entendu un bruit puis a senti le mat tomber coté bâbord. Ne pouvant intervenir immédiatement pour couper le gréement dans ces conditions, elle s’est mise en sécurité à l’intérieur du bateau avec combinaison et matériel de survie, en attendant un fléchissement du vent. Aux alentours de 1h30 du matin, Samantha a commencé à libérer Savéol de son gréement en coupant câbles, écoutes et drisses. Avec le lever du jour, elle va procéder à un check du bateau avant la mise en marche du moteur. L’idée est de faire route vers Madère, qui n’est pas très loin de sa position (environ 90 milles). Les conditions plus calmes – une vingtaine de nœuds – devraient lui permettre de s’en sortir seule, d’autant que Sam a pu se reposer et n’est pas blessée. Son équipe communiquera à 9h30 ce matin.
Côté course, derrière le trio infernal de tête c’est la foire d’empoigne à 90 milles des leaders avec quatre marins qui se disputent le rôle de premier chasseur : Alex Thomson (Hugo Boss), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec), Vincent Riou (PRB) et Jérémie Beyou (Maître Coq). Tous les autres bateaux sont à plus de 140 milles de Banque Populaire. Reste qu’en s’approchant d’une dorsale anticyclonique, il faudra voir comment le ralentissement prévu dans les heures qui viennent affectera les bateaux, selon leurs latitudes et longitudes. Il n’est pas impensable par exemple que les écarts se soient réduits entre les sept bateaux de tête quand ceux-ci seront au niveau de l’archipel du Cap Vert. Wait and see, donc… Tout juste peut on constater que la hiérarchie supposée du Vendée Globe avant le départ (hors abandons) est parfaitement respectée : il n’y a déjà que des ténors à l’avant.
BM
Classement de 5h
1 Armel Le Cléac’h Banque Populaire à 22466.1 nm
2 François Gabart Macif à 7.5 nm
3 Bernard Stamm Cheminées Poujoulat à 9.5 nm
4 Alex Thomson Hugo Boss à 73.5 nm
5 Jean-Pierre Dick Virbac Paprec 3 à 87.7 nm
6 Vincent Riou PRB à 96.9 nm
7 Jérémie Beyou Maître CoQ à 102.0 nm
8 Mike Golding Gamesa à 134.7 nm
9 Jean Le Cam SynerCiel à 151.3 nm
10 Dominique Wavre Mirabaud à 174.0 nm