Tout est une question de compromis entre le cap et la vitesse. Et à ce petit jeu, certains ont gagné gros aujourd’hui. C’est le cas notamment pour Armel Le Cleac’h et Fabien Delahaye (Brit Air) ainsi que pour Gildas Morvan et Bertrand de Broc (Cercle Vert). « C’est une petite déception d’avoir perdu du terrain mais être devant, c’est stressant. Finalement, je préfère être chasseur que chassé », relativisait Sam Davies, reléguée à la troisième place depuis la nuit dernière.
Mais quel est le secret de Brit Air ? À Armel d’expliquer sa méthode : "Ce sont de petits réglages, des angles de conduite qui optimalisent la conduite du bateau. Tous les bateaux sont les mêmes et c’est le fait de lofer plus ou moins de trois ou quatre degrés qui peut faire la différence Il ne faut pas non plus oublier la stratégie à long terme. Ce n’est pas le tout d’aller vite : il faut aussi aller au bon endroit !"
La plupart des concurrents progressent entre 10 et 12 nœuds de moyenne et les speedos affichent régulièrement des pointes à 15-18 nœuds. « Les conditions sont idylliques, c’est un réel plaisir d’être sur l’eau » lâchait Eric Péron. Et le skipper de Skipper Macif 2009 n’était pas le seul à exulter ce matin. « C’est vraiment super : ça glisse et ça glisse vite. C’est de la ligne droite mais c’est justement là que chaque détail compte. Il faut être sur les réglages en permanence, matosser… Pour résumer : il faut être dans le rythme et parvenir à le tenir » a expliqué Yann Eliès (Generali – Europ Assistance), revenu en 6e position. « Ces conditions nécessitent de vraies compétences. Il faut relancer le bateau, faire glisser. C’est dur à la barre » ajoutait pour sa part Franck Le Gal (Gedimat).
La progression d’un front vers l’Ouest des Açores et l’évolution de la dépression à l’arrière contribueront à affaiblir l’alizé pour les prochains jours, obligeant les concurrents à mettre encore plus de Sud dans leur route. Certains comme Nicolas Troussel et Thomas Rouxel (Crédit Mutuel de Bretagne) ou Bernard Stamm et Gildas Mahé (Cheminées Poujoulat) ont déjà fait le choix de descendre carrément. D’autres, en revanche, font le pari risqué d’une route au Nord de l’orthodromie, à l’image d’Adrien Hardy et Stanislas Maslard (Agir Recouvrement).
Ils ont dit :
Gildas Morvan, skipper de Cercle Vert : «On essaye de cavaler avec les avionneurs ! On arrive à grappiller mille par mille. On joue ensemble ! C’est toujours sympa de voir les bateaux pas loin. Tu es à 100% à la barre, c’est d’autant plus motivant. On n’a pas fait beaucoup de changements de voile, on garde le même spi depuis La Palma. Par contre, on fait régulièrement des réglages. »
Eric Peron, skipper Macif 2009 : « On s’est bagarré jusqu’ici et maintenant le terrain est libre. Il y a toujours une course dans la course, avec des petits coups à faire par-ci par-là. La météo va changer donc on va tenter des p’tits trucs ! La première partie a été difficile. On s’était mal positionné et finalement on n’a pas réussi à s’en sortir comme on voulait.»
Yann Eliès, skipper de Generali – Europ Assistance : « Depuis Lisbonne et le cap St Vincent, on n’arrête pas d’avancer vite. Ce sont des lignes faciles qui nous rapprochent de l’arrivée. On est pas mal remonté au classement. Au prochain point de passage météo on verra si on est bon. »
Classement de 15 heures
1 BRIT AIR Armel Le Cleac’h / Fabien Delahaye à 2214,5 milles
2 CERCLE VERT Bertrand de Broc / Gildas Morvan à 1,6 milles
3 SAVEOL Romain Attanasio / Samantha Davies à 2,3 milles
4 BANQUE POPULAIRE Jeanne Grégoire / Gérald Véniard à 25,3 milles
5 GASPE 7 Joseph Brault / Antoine Koch à 52,8 milles