Après une journée idyllique où le vent a mené la flotte à grande vitesse vers la Sicile et le détroit de Messine, les concurrents commencent à souffrir des caprices d’Eole. Bouwe Bekking, équipier à bord de Morning Glory nous rapporte son sentiment sur ce début de course : "Depuis le départ de Malte, nous naviguons avec Maximus et Alfa Romeo. Notre écart ne dépassait pas le demi-mille. Malheureusement pour nous, aux abords de la Sicile, Alfa Romeo a pris une option payante le long de l’île alors que Maximus et nous-mêmes tentions de passer le long des côtes italiennes. En quelques heures, Alfa nous a distancé et pourrait se situer à une vingtaine de milles devant nous."
La différence de taille entre les deux supermaxis, Alfa et Maximus, n’a semble-t-il pas impressionné Morning Glory qui, avec un déficit de 14 pieds, a réussi le formidable exploit de faire jeu égal. Bekking avait opté pour une première partie de course relativement calme mais avec une bonne progression. "Le vent est situé au sud sud-ouest actuellement. Nous nous attendons à une bascule à l’ouest qui nous permettra de toujours rester sur la même amure. Le vent devrait souffler entre 5 et 10 nœuds durant la journée. Des conditions pas très fortes mais qui nous permettront tout de même d’évoluer dans le bon sens." C’est à 11 h 00 dimanche matin que Neville Crichton et ses hommes ont contourné le Stromboli, suivis de Morning Glory à 15 milles derrière et Thuraya-Maximus à 20 milles. En quatrième position on retrouve le Volvo 70 de Mike Sanderson, ABN AMRO suivi par une horde de monocoques dont Atalanta II, vainqueur de l’édition 2005, du Cookson 50 Chieftain mais également des deux Swan 601, Moneypenny et Spirit of Jethou.
Selon Gérard O’Rourke, skipper de Chieftain, les conditions que rencontrent les maxis et ce petit groupe de voiliers sont tout à fait différentes. Les maxis semblent devenir de plus en plus rapides mais O’Rourke se satisfait de sa position aux côtés de Carlo Puri Negri sur Atalanta II. Chieftain est coincé entre Atalanta II, situé à un demi-mille devant et Moneypenny à 1 mille et demi derrière. Une belle performance pour ce voilier qui, rappelons-le, ne fait que 50 pieds face aux 70 d’Atalanta et 60 du Swan. Engagé dans un match racing depuis le départ de La Valette, Moneypenny semble avoir pris un léger ascendant sur Spirit of Jethou.
Tandis que les grandes unités ont franchi le détroit de Messine sans encombre, le gros de la flotte négocie encore ce passage délicat, entre courants, tourbillons et un trafic maritime incessant. C’est très tôt dans la matinée que Spirit of Jethou s’est enfin extirpé de ce piège. Selon le navigateur Nat Ives, ce passage n’a pas été aussi facile que cela à négocier. "Nous n’avons pas bien navigué mais heureusement pour nous, nous nous en sommes sortis convenablement. Actuellement nous faisons route pour le volcan n° 2, le Stromboli avec un petit mille d’avance sur un groupe de poursuivants." Ives est content de pouvoir régater contre Moneypenny mais admire surtout les monocoques de plus petite taille qui ont fait une excellente navigation dans ces conditions très changeantes. " Félicitations aux petits bateaux qui se trouvent juste derrière nous et qui depuis le départ ont réussi à jouer avec une option au large dans la nuit et qui nous ont rattrapés au petit matin, spécialement pour le Swan 45 DSK – Comifin.
Avec le manque de vent, les petits bateaux et les plus lents pourront compter sur les courants pour s’en sortir. Cette lente progression a, au moins, permis aux concurrents d’admirer l’écoulement de la lave le long des parois de l’Etna. Un spectacle toujours grandiose, surtout la nuit et qui semble se mettre en route spécialement lors du passage des concurrents de la Rolex Middle Sea Race.
"Le spectacle de la nuit dernière a été très impressionnant. Nous apercevions des bandes de laves orange, descendre du volcan tout en ayant le sentiment d’entendre l’écho de chauves-souris percuter nos voiles. C’est très angoissant de voir que la lave s’écoule juste au-dessus des maisons et des industries. J’ai une forte pensée pour ces personnes qui vivent toute l’année avec cette menace au-dessus de leur tête", commentait Ives lors de la vacation radio.
De l’avis général, ce spectacle fait froid dans le dos, spécialement pour le skipper Sandro Musu du Grand Soleil 40 maltais, Aziza. "Depuis le départ nous vivons de magnifiques moments. La nature est exceptionnelle. La première nuit a été l’occasion pour nous de voir nager des dauphins sous un ciel couvert d’étoiles en l’absence de lune et de surcroît parsemé d’étoiles filantes. A cela il faut ajouter un plancton phosphorescent et le décor de la Rolex Middle Sea Race 2006 est planté. Si on y ajoute le spectacle de l’Etna et de sa lave, nous sommes au beau milieu d’un magnifique panel de ce que la nature peut nous offrir. D’un point de vue météo nous avons eu un vent oscillant entre zéro et 20 nœuds. Depuis le départ nous avons changé 23 fois de voile mais actuellement nous sommes devant Taormina, au ralenti sur une mer plate et sous le soleil généreux de la Sicile."
A 16 h 00 dimanche après-midi, les deux tiers de la flotte avaient franchi le détroit de Messine. Aquaranta est actuellement en dernière position et navigue à mi-chemin sur la côte est de la Sicile en direction de Messine. Avec 380 milles devant son étrave, Alfa Romeo doit tenir une vitesse moyenne maintenant supérieure à 10 nœuds pour pouvoir établir un nouveau temps de référence sur ce parcours.
Alfa Romeo mène le bal
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