Adrien Hardy et Thomas Ruyant nouveaux leaders

La Transat AG2R compte un nouveau leader mais les Canaries seront le vrai juge de paix pour cette première partie de parcours. Rien n’est joué. Au milieu de la nuit de mercredi à jeudi, Adrien Hardy et Thomas Ruyant se sont emparés de la tête de la flotte de la transat AG2R La Mondiale après 5 jours de course ! À 9h ce matin, Adrien savourait sa position sans triomphalisme : « On est content de notre navigation et de notre trajectoire, c’est toujours bien d’être en tête, même si c’est très serré ! Ce n’est pas facile, la flotte de derrière est revenue depuis 24h, ils avancent bien. Cette nuit alors que la nuit était assez noire, j’étais de quart et j’ai vu un feu vert de voilier croiser derrière : je me suis dit que c’était peut-être CMB et effectivement lors du classement on a vu qu’on était devant eux… »

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À la vacation de 5h, le dunkerquois Thomas expliquait : « Nous avons la forme ! Nous essayons de faire avancer le bateau vite. Les conditions depuis trois jours obligent à être concentrés en permanence. Actuellement, il y a toujours du vent, entre 30-35 nœuds, mais on attend une diminution de la brise dans la matinée et un peu moins de vent pour la journée de demain. Quand ça souffle fort, on se relaie à la barre pour faire des quarts d’une heure, car ça commence à bien tirer sur les bonhommes. Nous avons eu quelques petits rappels à l’ordre. L’enjeu de ces trois jours était de rester lucides et suffisamment en forme pour continuer à barrer correctement et ne pas faire de fautes. »
Le marin nantais complète : « Les 48 dernières heures étaient très exigeantes, l’objectif a été de garder le spi en continu tout en évitant la sortie de route. On a eu un moment délicat, mais qui n’a heureusement pas provoqué de casse ni vraiment de perte de terrain. Nous avons actuellement 30 nœuds, nous sommes revenu au grand spi et grand-voile haute ce matin. Entre les quarts d’1h et les manœuvres, on commence à être un peu fatigué, on a notamment mal au dos et au cou, mais les conditions vont se calmer. Il va falloir faire des recadrages selon les opportunités pour bien anticiper l’arrivée sur l’île de Madère et notamment éviter les dévents des reliefs. »
Thomas insiste aussi sur les enjeux stratégiques à venir : « Nous attendons le bon moment pour rejoindre les Canaries, le point obligatoire à aller chercher. On regarde ça avec Adrien. C’est important pour la suite. Pour l’instant, nous sommes bien positionnés. On s’attend à avoir des alizés un peu plus cools que les conditions que nous avons eues le long du Portugal. »
Actuellement à 200 milles de Madère, les premiers bateaux devraient contourner l’île dans la matinée de vendredi. Les 24 prochaines heures seront importantes en termes de stratégie, car les marins devront placer certains empannages au moment opportun pour faire le moins de route possible, mais garder une vitesse élevée.

Les alizés portugais mollissant plus par l’Ouest qu’à terre, nombre de duos ont profité de cet essoufflement de la brise pour empanner et se recaler sous le vent (plus à l’Est) afin de rester au contact de la flotte. Ce fut le cas en début de nuit pour Anthony Marchand & Alexis Loison (Groupe Royer-Secours Populaire), puis discrètement pour Erwan Tabarly & Thierry Chabagny (Armor Lux-Gedimat) et au petit matin pour Sébastien Simon & Morgan Lagravière (Bretagne CMB Performance) puis pour Gildas Mahé & Nicolas Troussel (Breiz Cola). Ne manquent à l’appel que les leaders du jour, Adrien Hardy & Thomas Ruyant (Agir Recouvrement), Ronan Treussart & Simon Troël (Les Perles de Saint Barth) et le duo Éric Péron & Miguel Danet (Le Macaron French Pastries) qui devraient enclencher la manœuvre dans la journée… La hiérarchie est donc loin d’être établie !

Car les écarts qui dépassaient les quinze milles mercredi, ont donc considérablement réduit : l’échiquier tactique s’est resserré et les différentiels de vitesse ne sont désormais liés qu’à la pression du vent. Or la brise semble plus établie et plus consistante ces heures prochaines du côté du Maroc que du côté de Madère… Pour damer le pion à ses concurrents, il faut donc jouer trois coups en avance pour mettre en échec toute tentative d’échappée : se projeter déjà dans le week-end pour savoir comment aborder la marque de parcours de La Palma, puis les alizés d’Est qui semblent établis mais modérés.