Sans être encore totalement sortis des esprits des marins, le près et les conditions d’inconfort qui vont avec sont à présent dans leur sillage. Depuis hier après midi, la flotte de la Transat BPE 2009 allonge la foulée et peut enfin voir le compteur dépasser les dix nœuds. Mais la rotation du vent au Nord Ouest entraînant avec elle l’arrivée de la navigation à des allures plus portantes n’a pas non plus définitivement donné des couleurs alizéennes au tableau. Le long des côtes portugaises, la nuit des solitaires n’a pas été de tout repos. Le silence des uns et des autres à l’occasion de la vacation quotidienne est éloquent. Au largue serré, dans des conditions de vent soutenues et instables, renforcées ça et là par des passages de grains, l’heure n’est définitivement pas à la conversation de longue durée. On imagine aisément les figaristes dans leurs combinaisons sèches, concentrés à la limite de l’obsession sur leur conduite de barre et soumis à un régime « lance à incendie » comme le confiait le jeune François Gabart. Cherchant à assurer la trajectoire et à gagner au maximum en cap et en vitesse. Ne rien lâcher et ne surtout pas perdre de vue l’objectif. Dans de telles conditions, le sommeil et l’alimentation deviennent accessoires.
Chaque classement amène avec lui son lot de petits bouleversements et d’évolutions. Il n’est toutefois encore pas question de tirer les conclusions des options engagées après le départ de Belle-Île-en-Mer, ou plutôt de l’échappée belle dans l’Ouest d’un Thierry Chabagny toujours en tête ce matin. Aux commandes depuis deux jours, le finistérien a été le premier des quatorze concurrents à envoyer le spi. Toujours positionné le plus proche de la route directe, ce dernier risque fort de devoir aller jouer en limite de la bordure anticyclonique et prendre le risque d’un enfermement. Affaire à suivre. Derrière lui, les écarts se creusent et chez les partisans du Sud, 77,4 milles séparent actuellement François Gabart, le plus à l’Ouest d’Eric Drouglazet (Luisina), le plus à l’Est.
En attendant, l’heure est aux sensations de vitesses et les premiers surfs se profilent pour le plus grand plaisir des figaristes. Ce vendredi ne devrait pas connaître de bouleversement majeur d’un point de vue stratégique, chacun s’attachant à affiner sa route. « Ce sera une journée de vitesse ! », lâchait Adrien Hardy ce matin… autant dire que tous sont prêts à affoler les compteurs.
Ils ont dit…
Adrien Hardy (Agir Recouvrement) – 2ème au classement de 5h00
« Ca va. Je ne suis pas très content de moi, j’ai passé pas mal de temps hier après-midi à bricoler à l’intérieur du bateau à cause d’une voie d’eau. Ce n’est pas très grave, mais les conditions exigeaient d’être à la barre; du coup c’est mal tombé. Les conditions sont exigeantes, le vent est musclé, très instable entre 30 noeuds à 40 nœuds avec les passages de grains. On est au vent de travers, largue serré.
Ce matin, c’est clair que c’est le bonheur, on avance dans la bonne direction, c’est un peu fatiguant, tout va bien. Hier, j’ai enfin pris le temps de manger un peu. Je suis désormais dans le rythme de la course. Devant ça ne mollit pas vraiment, il faut être tout le temps dessus pour ne pas décrocher, être présent à tous les instants. La journée d’aujourd’hui est assez simple, il faut affiner la trajectoire, ce sera une journée de vitesse. »
François Gabart (Espoir Région Bretagne) – 3ème au classement de 5h00
« Ca fait plaisir, ça glisse pleine balle. Il y en a qui ont mieux glissé, mais ce n’est pas grave, il y a encore du chemin. Désormais, on est du bon côté de l’anticyclone. Maintenant on est portant, ça fait plaisir
J’ai eu un début de course difficile, au près face à la mer, il fallait être présent sur le bateau car les conditions étaient musclées, elles ne permettaient pas forcement d’être à l’intérieur.
Je suis entre 12 et 15 nœuds tout le temps, c’est pas mal pour un Figaro-Bénéteau. J’ai 28 nœuds de vent et navigue à 130° du réel. Je suis au portant avec les vagues avec moi, cela risque de rester comme ça une partie de la journée.
C’est un peu chaud là, ne raccroche pas… Je ne vais pas rester très longtemps. J’ai passé une bonne partie de la nuit à la barre avec des vagues à surfer tout le temps, on s’est bien fait rincer, du coup c’est un régal mais j’ai un peu froid ce matin et je ne suis pas sûr de pouvoir me changer aujourd’hui. Je suis resté en ciré et l’eau est encore froide, et cette nuit c’était option lance à incendie. Il n’y a pas vraiment d’endroit pour être au sec. »
Cap au sud et premiers surfs pour les figaristes
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