A l’heure de la jonction entre centristes et sudistes, l’heure des comptes a sonné avec aujourd’hui un avantage minime aux extrêmes. L’équipage de Concarneau-Saint-Barth continue d’affoler les compteurs et d’afficher une santé éclatante. « L’avion de chasse se porte bien. Hier soir, on en avait marre de barrer. On a mis Jean, notre pilote à la barre. C’est son nom. On va essayer de faire mieux demain en vitesse. J’avais bien senti qu’il n’y avait pas beaucoup de monde sur l’eau dernière nous dans cette option». Eric Péron était en très grande forme à la vacation de ce midi. Grosse motivation, confiance accrue, les deux outsiders vont-ils devenir l’épouvantail de cette édition de la Transat AG2R ? En tout état de cause, ils explosent à nouveau le Trophée AG2R de la performance solidaire. Même bonheur à bord de SNEF et Cliptol Sport où Laurent Pellecuer essayait de modérer son tempérament de feu : « Le bateau allait super vite toute la nuit. On a bien progressé vers Saint Barth. Le moral est au beau fixe. On était prudent ces derniers jours et on le reste. »
Moral à géométrie variable
Autre musique sur la route du nord où Nicolas Troussel, même s’il gardait bon moral, reconnaissait quand même que la fin de course risquait d’être difficile. « Pour l’instant ça ne se présente pas bien mais on espère que ça va changer un peu. Les routages nous donnent les flottes du centre et du sud arriver devant. On verra dans les prochains jours. Mon routage me fait arriver le 15. Mais ça dépend des fichiers météo. On va se battre jusqu’au bout. Il y a une belle bagarre avec le paquet nord. Le but est de rester premier de ce paquet. On est loin de lâcher le morceau. » Sur d’autres équipages, on tendait à se montrer fatalistes. Thierry Chabagny et Corentin Douguet qui étaient partis pour la gagne avaient du mal à masquer leur déception : « On est tous les deux, jeunes pères de familles. Du coup, c’est un peu différent des autres éditions. Cela donne plus envie d’arriver vite pour les retrouvailles. La bagarre pour être dans les cinq premiers n’est pas finie. Mais c’est rageant de voir que l’on n’a pas pris la meilleure solution. C’est plus de la boule de cristal que des fichiers météo. » Pour d’autres, le bonheur d’être en mer l’emportait sur toutes autres considérations technico-tactiques. Ainsi des frères Livory qui avouaient que le temps passé en mer ne leur pesait pas. Entre amateurs éclairés et professionnels venus gravir les sentiers de la gloire, la course n’est pas forcément la même. Même si d’autres trouvaient la sagesse nécessaire pour relativiser, telle Jeanne Grégoire qui faisait vivre en direct des surfs à plus de 15 nœuds à bord de Banque Populaire et ne boudait pas son plaisir.
Quoi qu’il en soit, il reste encore près d’une semaine de course dans le meilleur des cas…. Alors quand il s’agit d’entonner sa partition, il importe avant tout de jouer juste, de ne pas se laisser aller à quelques vilains canards, de continuer d’imprimer le rythme jusqu’à la fin de la course. N’a-t-on pas coutume de dire que c’est à la fin du bal que l’on paie les musiciens ?
Ils ont dit :
CONCARNEAU – SAINT BARTHELEMY – Eric Péron (7ème au classement de 17h)
« L’avion de chasse se porte bien. Hier soir, on en avait marre de barrer. On a mis Jean, notre pilote à la barre. C’est son nom. On va essayer de faire mieux demain en vitesse. J’avais bien senti qu’il n’y avait pas beaucoup de monde sur l’eau qui étaient dernière nous dans cette option. Après on avait tout de même plus de personnes derrière nous à terre. En plus, maintenant on voit que ça marche. Ce n’était pas sur un coup de tête. On avait confiance en nous. Il faut faire attention à Cercle Vert, et SNEF. Il faut que l’on pousse les vieux. En ce moment on fait un petit surf au-dessus de 15 nœuds. Je pense que c’est notre team à bord qui nous permet ces performances avec « Jean » le pilote, « Cochon grillé » notre mascotte, Miguel et moi. J’aime bien mon petit monde virtuel. Le projet commun est de finir cette course et de fêter ça comme il se doit. Je pense que maintenant nous serons amis pour la vie. On a décidé de ne plus se parler car on est tout le temps mort de rire. On a mal aux abdos. »
FINANCO – Nicolas Troussel (1er au classement de 17h)
« Beau temps, belle mer. C’est sympa. On profite. J’ai pris du plaisir à faire ma route. Ce n’est pas fini. Pour l’instant ça ne se présente pas bien mais on espère que ça va changer un peu. Les routages nous donnent le centre et du sud arriver devant. On verra dans les prochains jours. Mon routage me fait arriver le 15. Mais ça dépend des fichiers météo. On va se battre jusqu’au bout. Il y a une belle bagarre avec le paquet nord. Le but est de rester premier de ce paquet. On est loin de lâcher le morceau. On est tout le temps aux réglages. Nous essayons de faire les bons bords. Il n’y a pas trop de virements de bord. C’est surtout des changements de voile. C’est celui qui est de quart qui va faire la manœuvre. J’espère que l’on aura un peu d’alizé à la fin. Mais on est en tee-shirt et short. On fait sécher le bateau. On vérifie le gréement. Tout est reparti comme sur des roulettes. On se dit que depuis le départ ça bouge beaucoup. On essaye de faire notre route. Si des possibilités s’offrent à nous, on les prendra. »
ATLANTIK FT – Phil Sharp (4ème au classement de 17h)
«Nous ne sommes plus au près. D’ailleurs je pense que l’on va détester le près jusqu’à la fin de nos jours. Maintenant on est sous spi mais on ne va pas très vite. J’espère que l’on va pouvoir bouger. Je préfèrerais être au sud. Mais c’est la course. On était au nord. J’étais très content d’accrocher à ce groupe. Il n’y a pas beaucoup de nourriture pour finir la course jusque Saint Barth. Je suis moins inquiet sur les quantités d’eau. Alors que l’on doit faire des concessions sur l’alimentation. L’ambiance est géniale. C’est bon pour l’équipe. David conduit le bateau vite, moi je préfère faire la navigation. Heureusement, David mange moins que moi : il est très petit. »
En bref :
Trophée AG2R de la Performance solidaire du 6 mai
Concarneau Saint-Barth (Eric Péron & Miguel Danet) avec 254 milles en 24 heures.
(source Transat ag2r)