Les choses se décantent… Les sudistes commencent à ressentir le souffle puissant de l’alizé et vont commencer à regarder les compteurs, sortir les calculettes pour voir s’ils peuvent espérer combler leur retard. Les nordistes lorgnent sur une porte de sortie vers la route du sud. Quant aux centristes ils espèrent voir leur gestion de bons pères de familles rapporter les fruits qu’ils attendent. Mais, qu’on ne s’y trompe pas, les jeux sont loin d’être faits. Chacun épie l’autre du coin de l’œil, seuls quelques équipages semblent avoir fait leur deuil d’une possible victoire finale. Armel Tripon l’affirmait crûment à la vacation de ce jour : « Nous avons fait un nouveau choix suite à une évolution radicale de la météo. On a du changer notre fusil d’épaule. On pensait aller dans une impasse. La situation au nord a évolué. Etant donné le blocage qui s’est créé, on a décidé de partir au sud. On y croyait à notre option nord et avions plaisir à y croire. On a pu se recentrer avant. Nous espérons pouvoir récupérer la bordure anticyclonique. On a tiré un trait sur la victoire. » Pas d’amertume néanmoins pour l’équipage de Gedimat : les deux navigateurs savent trop combien le jeu de la course au large peut être parfois cruel. Ils savent aussi qu’entre un tour de force et un tour de cochon, la seule différence tient parfois à un brin de réussite. Pour autant certains continuent de croire en leur bonne étoile à l’image des deux jeunes culottés de Défi Mousquetaires. Thomas Rouxel refusait ainsi de tirer un trait sur la route nord : « Ce n’est pas une route facile avec les conditions que nous avons actuellement dans le nord. Plus ça va, plus ça devient difficile. Le vent a un peu molli. Nous sommes toujours au près avec un vent de 15 – 20 nœuds. C’est possible que l’on arrive tous en même temps. » L’équipage avait d’ailleurs d’autres soucis à gérer comme le renversement d’un pot de pâte à tartiner ! Quand on ne souffre que de type de contingences matérielles, c’est que le capital confiance n’est pas totalement écorné…
Des petits bonheurs tous simples
D’autres reprennent des couleurs : à bord de Sojasun, Liz Wardley retrouvait, de son accent inimitable, la verve des grands jours : « Nous sommes revenus dans le sud. Nous pensons avoir touché les alizés. Le bateau va plus vite, avec plus de pression. C’est cool ! » Vite dit, bien dit… Dans le sud, tout va bien. A la vitesse retrouvée, les sudistes ajoutent aujourd’hui un cap plus conforme à leur objectif : la baie de Gustavia et le port de Saint-Barthélemy. Pour autant tous jettent un œil sur les centristes et le nom de Cercle Vert revient de manière insistante dans les propos des différents navigateurs. C’est d’ailleurs un Jean Le Cam particulièrement facétieux qui répondait à la vacation de ce jour : « On a fait une vidéo spéciale pour Jean Castagne (Christophe Castagne, chargé du suivi vidéo des bateaux). C’est une spécial Jean de mer. On a terrassé les autres Jean de mer comme Jean Maurel qui nous poursuivait avec son cata et qui a posé ses armes à Madère. Quant à Jean Galfione il a aussi posé ses armes. Il ne reste plus qu’un Jean. Je me demande ce qui risque de m’arriver ! » Ceux qui connaissent le formidable compétiteur qu’est Jean Le Cam peuvent se faire du souci. Même son de cloche à bord de Lenze où Franck Le Gal avouait son contentement d’être là… Pour être de si bonne humeur, les centristes doivent imaginer qu’ils tiennent leur destin bien en main !
SABLIERES PALVADEAU – Aymeric Belloir (20ème au classement de 17h)
« La mer est d’un lisse irréprochable. Il n’y a quasiment pas de vent. Nous espérons revenir au plus vite car la moyenne est en baisse. Nous n’avons pas reçu de classement. Je ne sais pas où ça en est. On avait décidé de passer par la route centrale pour aller au plus court. Nous ne voulions pas passer dessous. Cela nous paraissait trop risqué. On arrive à s’en sortir. Pierre avait reçu plein de cadeaux, dont un livre pour les futurs papas. La pétole va nous donner du temps pour lire le bouquin et penser à autre chose. Vu que l’on ne peut pas faire avancer le bateau, on pense au ventre de sa femme. Après ça va aller vite. Il faudra faire une bonne moyenne. Il va y avoir une phase aléatoire pour revenir au classement. Solar Inox et SNEF peuvent avoir de grandes ambitions. Pour nous c’est un peu plus difficile. Cercle Vert et Suzuki Automobiles sont vraiment bien placés. Pierre et moi sommes assez calmes et tranquilles. On arrive à se contenir. On dort. Les phases de sommeil font faire des rêves rigolos. Ca fait oublier les alizés. Pour la chaleur, nous avons une petite ombrelle. On a encore beaucoup d’eau. On est assez large en nourriture. Nous avons des petites choses à grignoter. On espère avoir assez d’énergie jusqu’à la fin. »
LENZE – Franck Le Gal (14ème au classement de 17h)
« On a du soleil. On profite pour prendre soin de nous. Erwan vient de se raser, de se laver. On patiente, on attend le vent. Il y a une belle carte à jouer dans le sud. On va avec une vitesse quasi-garantie vers l’arrivée. Des conditions qu’il n’y a pas dans le nord. L’anticyclone va se regonfler. C’est difficile de dire quand on va rentrer dans les dix premiers. Ca dépend de ce qui se passe avec les bateaux du nord comme Gedimat, des alizés… Par rapport aux solitaires, on peut dormir plus. On échange beaucoup avec Erwan. On voit au-delà des fichiers. Humainement, on rigole bien. On mange bien. En solitaire, c’est un peu glauque. Erwan est très agréable humainement. Ce n’est que du bonheur ! »
SOJASUN – Liz Wardley (23ème au classement de 11h)
« On était très proche de l’anticyclone. On a fait beaucoup d’empannages cette nuit. Nous sommes revenus dans le sud. Nous pensons avoir touché les alizés. Le bateau va plus vite, avec plus de force. C’est cool ! Il y a de bonnes relations à bord. On a eu des moments difficiles, mais c’est normal. Maintenant c’est top. On a un système de quart qui marche super bien. Nous avons fait un routage hier soir. Nous pensons arriver vers le 12 ou le 13. On est pas très loin derrière Concarneau – Saint Barth’. On attaque ! »