Transition avant la dépression

Gedimat 2008 Tripon
DR

Tromperie sur la marchandise : Christopher Pratt, coéquipier de Nicolas Troussel sur Financo, n’hésitait pas à employer les grands mots, au vu du menu qui attendait les tandems dans les heures à venir. « Nicolas m’a vendu des glissades sous spi et on va encore faire du près pendant des jours… » Moral toujours au beau fixe chez le leader de la course malgré la perte d’une petite dizaine de milles sur ses poursuivants immédiats. La faute à un empannage un tout petit peu tardif, mais comme le notait Dominic Vittet à bord de Gedimat : « C’est peut-être la première erreur qu’ils font depuis le départ…. » Mais, qu’on se le dise, les tenants de la route du nord affichaient plutôt des mines réjouies à la lecture du classement de ce jour à 11 heures. En témoignait aussi Vincent Biarnes à bord d’Athéma : « Notre position est plutôt avantageuse : nous avons encore le choix entre plonger au sud dans un couloir ou continuer sur la route du nord. C’est quand même plus confortable… »
Si la satisfaction semble de mise au pays du nord, les sudistes semblaient plus circonspects sur leurs chances à venir. « On investit, on investit. Mais il ne faut pas espérer de retour sur les fonds avancés avant samedi ou dimanche prochain. L’équipage est un peu tendu, un peu crispé, mais on assume », reconnaissait Jean-Paul Mouren sur Cliptol Sport. Il reste que si les tenants de la route nord arrivent à tenir le rythme, il faudrait aux extrémistes méridionaux pouvoir tenir une moyenne de deux nœuds supérieure au reste de la flotte. Un pari difficile, mais il n’est pas toujours nécessaire d’espérer pour entreprendre…

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Centre ou ventre mou ?

Restent bien évidemment les tenants d’une route plus centrale… Aujourd’hui, il était impossible de joindre les tenants de cette option. Et pour cause : au classement de 11 heures, les leaders tel Cercle Vert ou Les Mousquetaires voyaient leur progression très nettement ralentie. Coup de frein provisoire, baisse de régime propre à obérer les chances de quelques uns des favoris de la course ? Cette journée est, pour eux, celle de tous les dangers. On imagine qu’à bord, la tension est montée d’un cran : se voir progresser à trois ou quatre nœuds quand les petits camarades continuent de filer à plus de sept met les nerfs à rude épreuve… Dans ce genre de cas, on se tait, on se concentre sur les réglages, on se fie aux fondamentaux : faire marcher le bateau, rester calme, jouer le fataliste… La régate a beau être un jeu incertain, on a parfois envie que le manège tourne à la même vitesse pour tout le monde.

Ils ont dit :

KPMG – Bertrand Castelnarac, 13ème au classement de 17h
« Cela se passe bien. On est encore rapide sous spi. On passe beaucoup de temps à regarder ce qui nous attend. Ce qui est sûr c’est que les cirés vont être de sortie car on va être au près ou au reaching. Ce n’est pas la transat dans les alizés comme tout le monde peut en rêver. Ce que l’on va prendre là, il vaut mieux le prendre en Figaro qu’en Mini. Il y a quand même de belles différences, le Figaro est un super bateau. Le classement n’est pas très significatif. C’est vrai qu’il va se passer encore pas mal de chose ; on espère que cela ne sera pas dramatique pour nous. »

SNEF et Cliptol Sport – Jean Paul Mouren, 20ème au classement de 17h
« On y croit encore un peu. Ça va arriver un peu tardivement pour passer par la cuillère du sud. Là-haut ils ont avancé et cela va peut-être nous coûter cher. On devrait être en positif d’ici 4 à 5 jours. Une fois que l’on a commencé à investir, il est difficile de se retirer. On devrait avoir un retour sur investissement, mais pas avant le 5 mai.
On n’est pas aux anges, on est tendu, crispé mais on assume. On va faire avancer le bateau au mieux et on a encore pleins de ressources à bord (nourritures, humaines…). Il faut croire à son étoile. On fait son devoir de bon marin et on espère récupérer une partie de notre retard. »

Gedimat – Dominic Vittet, 2ème au classement de 17h
« Ça va bien. On n’est pas mécontent d’être là où on est. On a resserré le jeu avec nos petits camarades de Financo, on n’a jamais été aussi près. On est bord à bord avec Athema, c’est comme une petite régate. Financo, qui a fait une régate parfaite depuis le début a peut-être fait une petite erreur en empannant un peu tard hier. On est content qu’il y ait du jeu. On avait 30 milles de retard à Madère, mais 30 milles avec du jeu ce n’est pas énorme. On est content que le jeu soit complexe, chacun doit prendre ses risques, tracer sa route. On regarde ça, c’est vraiment amusant ce jeu d’échec. »