Jeanne, ton état d’esprit à quelques jours du départ ?
J’ai hâte de partir pour vingt jours de mer, j’ai envie de vivre à bord. En phase d’entraînement, quand nous partons sous spi vers les Glénan, je n’ai pas envie de faire demi-tour pour rentrer au port en fin de journée. Comme maintenant l’avitaillement est chargé, c’est d’autant plus tentant ! Tout semble prêt et je fais confiance à Guillaume Farsy, mon préparateur, pour les derniers petits détails techniques. Avec Nicolas, nous commençons à regarder de plus près la météo sur l’Atlantique pour voir à quelle sauce nous allons être mangés. L’état d’esprit est donc bon même si je sens une sorte de stress arriver. Je deviens susceptible et j’ai l’impression que rien ne va dans les réglages du bateau, mais c’est bon signe chez moi ! Et puis Nicolas est là pour compenser par son zen de « vieux sage ».
A quoi ont été consacrés les derniers jours de cette préparation à la Transat ?
Sur le plan purement technique, nous avons pu valider toutes nos voiles neuves, le réglage du mât et peaufiner la calibration de l’électronique. Guillaume répond actuellement aux contrôles de jauge et de sécurité qui vont nous permettre de partir à armes égales sur cette Transat.
Avec Nicolas, nous nous retrouverons mercredi pour suivre les briefings de l’organisation, assurer nos rendez-vous avec la presse et pour rendre visite à l’agence Banque Populaire de Concarneau. Nous commencerons notre vie de double en préparant la météo et la stratégie de la course.
Après vos dernières semaines d’entraînement et une meilleure connaissance mutuelle, comment qualifierais-tu ta relation avec Nicolas?
Elle est platonique (rires) ! On va passer au concret à partir du 20 avril quand on sera dans le feu de l’action dans 2m² pendant vingt jours ! Plus sérieusement, je pense que nous sommes sur des bases de confiance et de respect mutuel. Nous avons envie de faire du bon boulot et de prendre plaisir à naviguer, je suis toujours aussi contente du choix de mon co-skipper.
A quelques jours du départ d’une Transat, est-on encore à terre ou déjà plus ou moins en mer ?
Je suis bel et bien à terre. Je savoure ma salle de bains, mon lit et ma cuisine ! Mais j’ai beaucoup d’image des transats précédentes qui me reviennent régulièrement. Des fois j’ai même l’impression que mon corps bouge comme sur le bateau au rythme de la mer, ce doit être une manière de se préparer inconsciemment tout en étant dans le confort… le bonheur !
Tu travailles le mental avec Gilles Monier depuis 2003 pour tes courses en solitaire. Comment avez-vous adapté ce travail au double ?
Le travail avec Gilles est essentiel. C’est une personne extérieure qui propose des axes de travail pour atteindre une performance. C’est la troisième fois que nous préparons une Transat en double avec Gilles. L’objectif par rapport à Nicolas a d’avantage été de faire en sorte qu’il trouve sa place par rapport à mon partenaire Banque Populaire, au préparateur, à bord du bateau et bien sûr avec moi. Lui faciliter cette entrée dans le projet était essentielle pour aller vers l’objectif commun d’une belle performance. Bien sûr à chaque fois nous inscrivons cette course dans le schéma de l’année parce que justement le double a la richesse de pouvoir faire progresser plus vite. C’est pour cela que j’insiste beaucoup sur l’échange que nous devons avoir avec Nicolas. Pour ces raisons je crois notre équipe équilibrée et je sais que chacun donnera le meilleur de lui-même sur le bateau.