Transat Café l’Or. Audrey Ogereau : “On n’a rien pu faire !”

LE HAVRE, FRANCE: Ocean Fifty Koesio, skippers Erwan Le Roux and Audrey Ogereau is photographed at the start of the Transat Café l'OR 2025 on October 25, 2025 in Le Havre, France. (Photo by Jean-Marie Liot / Alea)

Partis hier après-midi de la baie de Seine pour la Transat Café L’Or, Erwan Le Roux et Audrey Ogereau ont vu leur aventure basculer quelques heures plus tard. À 2h25 cette nuit, l’Ocean Fifty Koesio a chaviré alors qu’il évoluait à environ quatre milles au nord de Guernesey, dans des conditions instables, avec un vent oscillant entre 18 et 35 nœuds et des rafales supérieures à 40. Légèrement contusionnés mais sains et saufs, les deux co-skippers ont finalement été hélitreuillés vers le Cross Jobourg. Face à la dérive rapide du trimaran vers la côte, ils ont en effet dû prendre la décision d’évacuer, par sécurité. Favoris de l’épreuve, ils voient leur course s’interrompre brutalement, tandis que leur bateau poursuit une route erratique vers l’île anglo-normande.

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Une prudence mise en défaut par la brutalité des rafales

Au moment de l’accident, Koesio naviguait en 8e position. Comme beaucoup d’équipages, le duo avait choisi de ne prendre aucun risque excessif dans une Manche pour le moins rude. « On était en mode hyper safe, chacun une main sur une écoute, quand le bateau est parti à la gîte et a chaviré. On n’a rien pu faire », raconte Audrey Ogereau, encore marquée par la soudaineté de l’événement. Peu avant, un autre Ocean Fifty s’était déjà retourné dans la même zone. « Tanguy Le Turquais et Erwan Le Draoulec venaient de dessaler, ça nous avait refroidis. On venait de se dire qu’on faisait le dos rond et qu’on rattraperait les autres plus tard », poursuit-elle. Mais la météo, piégeuse, n’a laissé aucune marge. « On avait des variations d’angle de vent de 20 à 30 degrés, avec des passages de 18 à 35 nœuds. On pense qu’on a pris une claque à 40 nœuds. On avait tout choqué, la grand-voile n’était plus portée par le vent, et pourtant le bateau est quand même parti », détaille la navigatrice.

Le choix difficile mais nécessaire de l’évacuation

Après le chavirage, les deux marins sont restés à bord, conscients du danger mais encore dans l’espoir de trouver une solution. « Au départ, on n’a pas demandé d’assistance », reconnaît Erwan. Mais très vite, la dérive du trimaran a rendu la situation critique. « Le bateau glissait à près de 3 nœuds vers Guernesey. Le Cross nous a rappelés en nous disant qu’il fallait partir. C’était difficile, mais c’était la bonne décision », confie le Rochelais. L’hélitreuillage s’est déroulé dans la nuit, sans incident. « Erwan a mal au bras, moi à la jambe, mais ce n’est rien de grave. Le plus important, c’est que nous soyons en sécurité », dit-elle encore, consciente du traumatisme que représente une telle mésaventure.

L’angoisse de l’avenir du bateau

À terre, au Cross Jobourg, les deux skippers gardent désormais les yeux rivés sur les écrans, suivant à distance la dérive de Koesio. « On voit qu’il file vite vers Guernesey. L’urgence, c’est d’éviter un échouement sur les cailloux », explique Erwan. Le MRCC, la direction de course et l’équipe technique travaillent ensemble pour envisager un remorquage, une opération toujours délicate dans ces conditions. « On espère qu’il sera possible de le récupérer et de limiter les dégâts », souffle Audrey.

Pour Pieric Brenier, président fondateur de Koesio, l’essentiel reste la sécurité de l’équipage, malgré l’immense déception sportive.

« Ce matin, l’essentiel est là : Erwan et Audrey sont en sécurité. Ils sont évidemment secoués par ce qu’il s’est passé, mais ils ont fait preuve de prudence et n’ont rien à se reprocher. Nous savons tous que la course au large comporte sa part de risque et que, parfois, les éléments s’imposent, même aux marins les plus expérimentés. Ce sont des choses qui arrivent dans notre sport. Je leur ai dit que nous étions derrière eux, pleinement. Ce projet est bâti sur la confiance, et elle reste intacte. Bien sûr, il y a de la déception, mais aussi la certitude qu’ils ont pris les bonnes décisions. Nous allons maintenant les entourer au mieux et regarder l’avenir avec eux. »